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03/14/2014
Gustav Mahler : Symphonies n° 1 [1], n° 2 [2] et n° 3 [3]

Sally Matthews (soprano), Michelle DeYoung [2], Sarah Connolly [3] (mezzo-sopranos), BBC Symphony Chorus [2], Philharmonia Voices [3], Philharmonia Orchestra, Lorin Maazel (direction)
Enregistré en public au Southbank Centre’s Royal Festival Hall, Londres (12 [3] et 17 [1] avril et 8 mai [2] 2011) – 255’53
Coffret de cinq disques Signum Classics SIGCD360 – Notice de présentation en anglais





Gustav Mahler : Symphonie n° 2
Miah Persson (soprano), Sarah Connolly (mezzo-soprano), Philharmonia Choir, Philharmonia Orchestra, Benjamin Zander (direction)
Enregistré en public au Watford Colosseum, Londres (6-8 janvier 2012) – 90’25
Album de deux SACD hybrides LINN Records – Notice de présentation en anglais





Ces deux nouvelles versions de la Deuxième Symphonie (1895) de Gustav Mahler permettent d’admirer la plasticité de l’Orchestre Philharmonia qui, à quelques mois d’intervalles (mai 2011 pour Maazel, janvier 2012 pour Zander), s’adapte à la baguette de deux chefs distincts (quoique tous deux américains) pour livrer deux interprétations assez différentes.


La «Résurrection» de Benjamin Zander (né en 1939) déçoit franchement (pour une chronique en anglais, lire ici). Le chef désépaissit à l’excès les traits – qui en deviennent perçants – et manque d’allant dans le premier mouvement. Sa «Todtenfeier» resplendit par la beauté de sa mise en place (Zander connaît son Mahler et réussit ses crescendos) mais brille aussi d’une lumière souvent trop lisse. L’Andante moderato est presque mièvre, ne parvenant à captiver que dans le travail sur les pizzicatos. Quant au Scherzo, il manque de mordant et s’étiole à force de remuer son tempo sur un rythme trop romantique. Sarah Connolly adopte en conséquence une certaine sobriété dans les déclamations de l’«Urlicht» – imposant vite, néanmoins, une douleur dans le recueillement de son intervention qui anime quelque peu l’ensemble. Le Finale présente – enfin – de la nervosité grâce à une battue désormais tendue, d’où le drame surgit. La narration y est bien rythmée et reste légère et lumineuse, effaçant quelque peu le pathos au profit d’une vision très positive du message de cette œuvre. Rien à redire, en revanche, de la performance de l’éminente formation mahlérienne qu’est le Philharmonia, ni de son chœur fort expérimenté et très à l’aise avec ce répertoire. A la force et à la solidité de Sarah Connolly répondent l’émotion et la puissance d’une admirable Miah Persson.


Pourtant légèrement plus lente, la Deuxième Symphonie de Lorin Maazel (né en 1930) est autrement plus investie que celle de Zander. Souvent contestées en raison d’une propension coupable à la coquetterie et au mielleux, les affinités mahlériennes du chef sont toutefois tangibles. Surlignant avec un savoir-faire confondant les ressorts dramatiques, il démontre ici un remarquable sens du pathos – ralentissant avec subtilité pour mieux faire ressortir les climax de la «Todtenfeier». Le charme instrumental du Scherzo épate tout spécialement, les pupitres du Philharmonia y déployant une finesse rare. Le résultat est peut-être trop univoquement symphonique, manquant une part du message humaniste (dans la première partie du Finale par exemple, dont sont pourtant exaltés tous les déchaînements). Mais il convainc indubitablement. Il faut dire que l’orchestre londonien présente à la fois un professionnalisme berlinois et une souplesse amstellodamoise. On admire notamment des cuivres tout bonnement parfaits. Dommage que Michelle DeYoung (voix usée, presque laide, qui vibre trop) soit aussi peu à l’aise avec la tessiture et que la soprano (Sally Matthews) et les chœurs (ceux de la BBC) se révèlent plus ordinaires en comparaison de la version Zander.


L’album de Lorin Maazel contient également une Première Symphonie, moins catastrophique que sa récente version new-yorkaise et qu’on peut ranger parmi les lectures solides de la partition – avec de l’énergie mais sans frisson (et une touche de vulgarité à la fin) – ... comme il en existe cinquante autres! Ainsi qu’une Troisième Symphonie peu marquante et qui tourne à vide, à l’unisson de la prestation des chœurs – professionnels mais sans mordant – et de Sarah Connolly – irréprochable mais sans aura. Même le Finale s’enlise davantage qu’il ne s’élève. A l’inverse, le premier mouvement est franchement réussi et de fort belle tenue, dans une veine purement symphonique mais qui ne manque ni de couleurs brûlantes, ni de pessimisme amer.


L’éditeur annonce la publication prochaine de la suite de cette intégrale de concert... qu’on espère moins décevante que les concerts parisiens donnés à la même époque (qui avaient suscité la consternation). A en juger par la réussite de la Deuxième Symphonie, Maazel peut encore réserver de bonnes surprises dans Mahler.


Le site de Lorin Maazel
Le site de Benjamin Zander


Gilles d’Heyres

 

 

 

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