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02/23/2014 «A la gloire de Dieu et du Roi. Splendeurs de la musique sacrée sous Louis XIV»
Nicolas Lebègue: Premier Livre d’orgue: «Prélude» [1]
Marc-Antoine Charpentier: Te Deum [2] – Domine Salvum Fac Regem [4]
François Couperin: Elévation, Tierce en taille [5] – Plein Jeu, premier couplet de Kyrie [6]
Henry du Mont: Cantica Sacra: II. In Lectulo Meo [2] – Motet à deux voix II. In Lectulo Meo [3]
Michel-Richard Delalande: Miserere [1]
Louis Marchand: Grand Dialogue [6]
Jean-François Dandrieu: Offertoire sur les Grands Jeux [7]
Jean-Baptiste Robin [1], François Espinasse [5], Michel Bouvard [6], Frédéric Desenclos [7] (orgue de la chapelle royale du château de Versailles), Chœur de chambre de Namur [3], Les Agrémens [2], La Fenice [2, 3], Jean Tubéry (direction) [2, 3], Les Pages, Les chantres et Les Symphonistes, Olivier Schneebeli (direction) [4]
Enregistré au château de Versailles – 67’46
Alpha 954 «Collection Versailles» (distribué par Outhere) – Notice (en français et en anglais) de Catherine Pégard et Laurent Brunner
«Musiques de cour et d’opéra pour Louis XIV»
Jean-Baptiste Lully: Psyché: Ouverture [1] – Marche des Turcs [1] – Quels spectacles charmants [1] – Amadis: Chaconne [1] – Air d’Apollon [3] – Ouverture Le Carnaval [3] – Petit air pour les mesmes [3] – Phaeton: Chaconne [3] – Armide: Passacaille [3] – Reprise de la Marche des Turcs [1]
Marc-Antoine Charpentier: Tristes déserts [2] – Stances du Cid [2]
François Couperin: Pièces de clavecin (Livre II): «Les Baricades Mistérieuses», «L’Adolescente» et «La Ménetou» [4]
André Campra: Mes Yeux [1]
Marin Marais: Folies d’Espagne [5]
Capricio Stravagante Orchestra, Skip Sempe (clavecin et direction) [1], Henri Ledroit (contre-ténor), Ricercar Consort [2], Céline Frisch (clavecin), Café Zimmermann [3], Frédérick Haas (clavecin) [4], Sophie Watillon (basse de viole) et autres artistes [5]
Enregistré au château de Versailles – 67’47
Alpha 955 «Collection Versailles» (distribué par Outhere) – Notice (en français et en anglais) de Catherine Pégard et Laurent Brunner
Les liens entre le château de Versailles, le règne de Louis XIV (avant que ses successeurs ne prennent le même tournant) et la musique sont connus depuis longtemps. Ils ont donné lieu à d’innombrables ouvrages et études au premier rang desquels la magnifique somme rassemblée par Olivier Baumont, La Musique à Versailles (Actes Sud-Centre de musique baroque de Versailles, septembre 2007). De son côté, le Centre de musique baroque de Versailles (CMBV), qui rassemble une équipe de chercheurs de haute volée (Jean Duron, Rémy Campos, Benoît Dratwicki, Anne-Madeleine Goulet...), s’emploie à faire redécouvrir et à revaloriser le patrimoine musical du Grand Siècle en étendant ses incursions jusqu’à la fin du XVIIIe siècle. Ainsi, grâce à ces actions volontaristes et en faisant appel aux meilleurs interprètes du moment (Christophe Rousset, William Christie, Vincent Dumestre, Guy Van Waas...), le public peut entendre dans les plus beaux lieux du château de Versailles des œuvres aussi diverses que la Messe des morts d’Eustache Du Caurroy, Tancrède de Campra, des motets de Mondonville, des messes de Charpentier, des opéras méconnus comme Bellérophon de Lully ou La Vénitienne de Dauvergne mais aussi des œuvres de Vivaldi et de Händel, sans oublier quelques belles découvertes de la fin du XVIIIe comme Les Danaïdes de Salieri. La société Château de Versailles Spectacles, filiale du domaine de Versailles, assure depuis quelques années la programmation de la saison en lien cependant avec le CMBV qui, désormais, coproduit et suggère plus qu’il n’effectue lui-même le choix des œuvres présentées au public. Après quelques luttes de personnes et d’influences, les rôles dévolus à chacune de ces deux institutions semblent s’être clarifiés pour le plus grand bonheur du mélomane qui voit ainsi s’ouvrir devant lui un répertoire qu’il reste en grande partie à défricher.
C’est dans ce cadre que l’on écoutera les deux présents disques, qui poursuivent une nouvelle collection «Château de Versailles» proposée par l’éditeur Alpha et qui compte déjà à son actif un volume consacré aux «Grandes eaux musicales de Versailles 2012» (Alpha 814) ainsi qu’un disque célébrant «La Chapelle royale du Château de Versailles: deux siècles d’orgue» (Alpha 950). Puisant dans les fonds, et donc dans des disques qui ont déjà été publiés sous les labels Alpha ou Ricercar, ces deux nouveaux opus offrent chacun une approche relativement complète des genres musicaux de l’époque dans deux volumes qui couvrent, pour l’un, la musique religieuse, pour l’autre la musique de cour et d’opéra sous le règne du Roi Soleil.
On passe ainsi avec un certain plaisir de la musique orchestrale de Psyché ou d’Amadis de Lully aux basses de viole et guitares baroques endiablées des Folies d’Espagne de Marin Marais sans oublier les douloureuses pièces vocales de Charpentier. Les interprètes sont tous des musiciens aguerris à ce type de répertoire même si, là aussi, les indications de la notice sont minimalistes et parcellaires. L’orchestration choisie peut parfois étonner, qu’il s’agisse des Folies d’Espagne parfaitement emmenées par Sophie Watillon et ses comparses ou d’une Marche des Turcs quelque peu soporifique: l’écoute demeure néanmoins agréable et stylistiquement intéressante. Quant aux pièces pour clavecin de François Couperin, issues des Livres I et II (Alpha 136), elles sont très bien jouées par Frédérick Haas, excellent connaisseur de ce répertoire.
Le disque consacré à la musique sacrée sous Louis XIV s’ouvre par un très beau Prélude du Premier Livre d’orgue de Nicolas Lebègue, avant que la célébrissime mélodie du Te Deum de Charpentier n’intervienne, permettant à l’auditeur d’entendre l’œuvre intégrale magnifiquement interprétée par Jean Tubéry (le disque Ricercar 245 dont elle est issue offre d’ailleurs également à entendre une très belle Messe pour plusieurs instruments au lieu des orgues H 513). Pour autant, le plus bel extrait de ce disque est peut-être ce Cantica Sacra: II. In Lectulo Meo d’Henry du Mont, tout en échos subtils et mélodies chatoyantes.
Bien qu’il s’agisse donc là de bons disques d’introduction à un répertoire qui n’est pas réputé, il est vrai, pour être toujours d’une grande facilité d’approche, on regrettera surtout des notices très frustes qui nécessiteraient pourtant d’être enrichies si l’approche souhaitée ici se veut réellement pédagogique à l’égard du plus grand nombre. L’essai mérite donc d’être transformé et la réussite n’en sera que plus éclatante.
Le site du Centre de musique baroque de Versailles
Le site de Château de Versailles Spectacles
Sébastien Gauthier
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