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02/15/2014 Gustav Mahler : Symphonie n° 6
Bamberger Symphoniker, Jonathan Nott (direction)
Enregistré en public au Konzerthalle Bamberg, Joseph-Keilberth-Saal (27-31 octobre 2008) – 80’32
SACD hybride Tudor 7191 – Notice de présentation en français, anglais et allemand
Dallas Symphony Orchestra, Jaap van Zweden (direction)
Enregistré en public au Meyerson Symphony Center, Dallas (1er-3 mars 2013) – 78’37
DSO Live DSOL-5 – Notice de présentation en anglais
Ces deux nouvelles publications de la Sixième Symphonie de Mahler (deux live) sont bien différentes l’une de l’autre. Dans le cadre de son intégrale avec l’Orchestre symphonique de Bamberg et dans la lignée de sa récente Huitième Symphonie, Jonathan Nott (né en 1962) confirme ses affinités mahlériennes. Maître de son orchestre (une formation dont il est le chef permanent depuis 2000), le chef britannique démontre un investissement exceptionnel. Dans l’acoustique d’une superbe clarté de la salle Joseph Keilberth de Bamberg, il souligne toutes les nuances du premier mouvement, accentuant les contrastes rythmiques... parfois au-delà de ce que l’orchestre peut proposer. Si ses instrumentistes sont irréprochables, Bamberg n’est pas Vienne et n’offre pas au chef les cataclysmes ou les miracles poétiques qu’il peut attendre de pupitres pourtant exemplaires.
Le Scherzo avance sans se poser trop de questions mais avec intelligence, méthode et une grande variété de dynamiques (illustrant parfaitement les propos du chef dans la notice: «il me semble que rien n’est concluant dans l’écriture de Mahler (et plus je vis avec ces œuvres plus je tends à dire: "intentionnellement")»). L’Andante moderato respire une douceur patiente qui recherche l’hypnotisme sans le trouver véritablement, l’embrasement final du mouvement confirmant que Nott est plus à l’aise dans la véhémence que dans la caresse. Par sa force débridée et son gigantisme sonore, le Finale renforce cette impression et diffuse un sentiment général d’accomplissement, voire de joie. Paradoxe et faiblesse de cette version qui brille de mille feux, s’achève dans une extase quasi euphorique et manque, du coup, d’angoisse et de désespérance. Une version à connaître pourtant, car le geste de Nott – pleinement investi, survolté même – est authentiquement mahlérien.
C’est l’investissement qui, par contraste, manque le plus à l’Orchestre symphonique de Dallas, une formation qui paraît éteinte (... un comble dans une telle œuvre). Les temps morts fourmillent – jusqu’à donner le sentiment d’un ennui profond dans la baguette du pourtant solide Jaap van Zweden (né en 1960). Certaines coquetteries des instrumentistes (presque ridicules) discréditent les premier et dernier mouvements. Même le Scherzo, pourtant si bien charpenté par le chef hollandais, tombe souvent à plat et semble tourner à vide: propre mais sans saveur, souvent hors sujet. Le troisième mouvement affiche une douceur de bon aloi, qui n’oublie pas de s’enflammer à la fin. Le Finale retombe dans les travers des deux premiers mouvements, alternant passages à vide et digressions incompréhensibles. Pas mahlérien pour un sou.
Le site de l’Orchestre symphonique de Bamberg
Le site de Jaap van Zweden
Le site de l’Orchestre symphonique de Dallas
Gilles d’Heyres
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