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12/11/2013 Paul Hindemith : Apparebit repentina dies [1] – Six Chansons [2] – Lieder nach alten Texten, opus 33 [3] – Messe pour chœur mixte [4]
Wolfgang Wipfler, Dietmar Ullrich, Thomas Flender, Josef Weissteiner (cors), Thomas Hammes, Christof Skupin (trompettes), Frank Szathmàry-Filipitsch, Christine Brand, Florian Metzger (trombones), Fabian Zürn (tuba), SWR Vokalensemble Stuttgart, Marcus Creed (direction)
Enregistré à Stuttgart (13 et14 [2], 17 et 18 [3] octobre 2011, 7-9 mai [4] et 10-12 septembre [1] 2012) – 67’27
hänssler CLASSIC CD 93.295
Paul Hindemith : Symphonic Metamorphosis of Themes by C.M. von Weber [1] – Concerto pour violon [1] – Musique de concert pour orchestre à cordes et cuivres, opus 50 [2]
Midori (violon), NDR Sinfonieorchester, Christoph Eschenbach (direction)
Enregistré en concert à Hambourg (23 décembre 2011 [2] et 24 et 26 octobre 2012 [1]) – 67’25
Ondine ODE 1214-2
Paul Hindemith : Musique de concert pour piano, cuivres et harpes, opus 49 – Thème et quatre Variations – Musique pour piano avec orchestre, opus 29 – Kammermusik n° 2, opus 36 n° 1 – Concerto pour piano
Idil Biret (violon), Olivia Coates, Chelsea Lane (harpes), Yale Symphony Orchestra, Toshiyuki Shimada (direction)
Enregistré à New Haven, CT (février et décembre 2012, janvier 2013) – 136’11
Album de deux disques Naxos 8. 73201-02
Heinrich Ignaz Franz Biber : Harmonia artificioso-ariosa: Partita n° 7 pour deux violes d’amour et basse continue en ut mineur [1]
Carl Stamitz : Sonate pour viole d’amour et basse continue en ré [2]
Paul Hindemith : Petite Sonate pour viole d’amour et piano, opus 25 n° 2 [3] – Kammermusik n° 6, opus 46 n° 1 [4]
Gunter Teuffel, Annette Schäfer [1] (viole d’amour), Christian Zincke (viole de gambe), Gaby Pas-van Riet (flûte), Philippe Tondre (hautbois), Dirk Altmann (clarinette), Rudolf König (clarinette basse), Hanno Dönneweg (basson), Wolfgang Wipfler (cor), Jörge Becker (trompette), Andreas Kraft (trombone), Marin Smesnoi, Hendrik Then-Bergh, Blanca Coines Escriche (violoncelles), Felix von Tippelskirch, Ryutaro Hei (contrebasses), Anthony Spiri (piano), Jörg Halubek (clavecin)
Enregistré à Stuttgart (5 et 6 novembre 2011 [1 à 3] et 21 mars 2013 [4]) – 59’01
hänssler CLASSIC CD 93.309
Paul Hindemith : Trois Pièces pour violoncelle et piano, opus 8 – A Frog He Went A-Courting – Sonate pour violoncelle seul, opus 25 n° 3 – Sonate pour violoncelle et piano
Sébastien Hurtaud (violoncelle), Paméla Hurtado (piano)
Enregistré à Monmouth (11-12 janvier 2013) – 61’24
Naxos 8.573172
Paul Hindemith : A Frog He Went A-Courting – Sonate pour violoncelle seul, opus 25 n° 3 – Trois Pièces pour violoncelle et piano, opus 8 – Sonate pour violoncelle et piano, opus 11 n° 3
Judith Ermert (violoncelle), Daan Vandewalle (piano)
Enregistré à Gand (26-29 avril 2013) – 64’07
Fuga Libera FUG713 (distribué par Outhere)
Paul Hindemith : Symphonie «Mathis der Maler» [1] – Concerto pour trompette, basson, avec orchestre à cordes [2] – Nobilissima visione: Suite [3] – Symphonie en mi bémol [4] – Symphonia serena [5] – Symphonie «Die Harmonie der Welt» [6] – Pittsburgh Symphony [7] – Der Schwanendreher [8] – Trauermusik [9] – Symphonic Metamorphosis of Themes by C.M. von Weber [10] – Wir bauen eine Stadt [11]
Traditionnel : Der Vogel singt, die Katze schnurrt (arr. Sandig) [12]
Michail Starokadomski : Lied vom Angler [13]
Manfred Hinrich : Miezekatze [12]
Hans Sandig : Die Bimmelbahn [13] – Der Container [13] – Was Autos alles können [13] – Es flog ein Auto in die Luft [12] – Kleines Zirkuspferd [12] – Meine Mutter schickt mich her [13]
Wolfgang Richter : Der Pfennig und das Sparschwein [13]
Gunther Erdmann : Vier Ecken hat das Zeitungsblatt [13]
Siegfried Bimberg : Wir sind die Apfelkinder [13]
Henry Schmiedel : Kleiner Käfer, fliege [13]
Eckart Königstedt [2] (basson), Ludwig Güttler [2] (trompette), Ralf-Carsten Brömsel [5], Walter Hartwich [5] (violon), Davia Binder [9], Alfred Lipka [8], Herbert Schneider [5], Gerd Grötzschel [5] (alto), Rundfunk-Kinderchor Leipzig [11], Kleiner Rundfunk-Kinderchor Leipzig [13], Rundfunk-Vorschulkinderchor Leipzig [12], Dresdner Philharmonie [1 à 7], Rundfunk-Sinfonie-Orchester Leipzig [8, 9], Staatskapelle Dresden [10], Herbert Kegel [1 à 9], Otmar Suitner [10], Hans Sandig [11 à 13] (direction)
Enregistré à Dresde (1969? [10], mars [1] et juin [3] 1980, avril 1981 [4], janvier [5] et mars [2] 1982, novembre 1984 [6] et août 1985 [7]) et à Leipzig (1966 [9], 1970? [8] et mars 1978 [11 à 13]) – 298’36
Coffret de cinq disques Brilliant Classics 9441
Né à la toute fin du XIXe, il est mort voici cinquante ans: Poulenc? Non, car c’est un anniversaire qui est passé totalement inaperçu, du moins de ce côté-ci du Rhin: lui aussi trublion des années 1920 assagi par la maturité, Paul Hindemith (1895-1963) mérite-t-il pour autant moins d’égards, sa (mauvaise) réputation lui prêtant cette lourdeur teutonne qu’on associe également volontiers à un Bruckner ou à un Reger (qu’il dirigeait régulièrement)? A défaut d’hommage discographique d’ensemble à la hauteur de l’événement et du musicien, cinq nouveautés et une copieuse réédition viennent rappeler son importance et son talent, mettant en valeur bon nombre des facettes du compositeur – œuvres chorales, orchestrales, concertantes, chambristes ou arrangées – et même du virtuose de l’alto qu’il fut aussi.
Comme c’est le cas pour beaucoup d’auteurs qui ne se sont pas spécialisés dans ce répertoire, les pages chorales de Hindemith demeurent assez peu connues. Proposant l’essentiel de son œuvre pour chœur mixte a cappella, Marcus Creed et l’Ensemble vocal de la SWR (Stuttgart) apportent un témoignage très éloquent à l’appui aussi bien des partitions sacrées – Apparebit repentina dies (1947), imposant et hiératique abecedarium médiéval (VIIe siècle) sur le Jugement dernier, renforcé par dix cuivres, et l’ultime Messe (1963), recueillie et intemporelle, dont il dirigea la création six semaines avant sa disparition – que des recueils profanes – les six Chants d’après des textes anciens (1923) et les Six Chansons (1939) sur des poèmes (en français) de Rilke – dont la finesse d’écriture et le caractère souvent serein, voire joyeux, déjouent avec bonheur les clichés qui s’attachent au compositeur.
On se souvient que Mathis le peintre, fin 2010 à Bastille, avait réussi à Christoph Eschenbach, avec Matthias Goerne dans le rôle-titre. Chez Ondine, à la tête de l’Orchestre symphonique de la NDR (Hambourg), dont il fut le Chefdirigent de 1998 à 2004, le chef allemand déçoit dans les célèbres Métamorphoses symphoniques (1943), déployant davantage de masse que de tonus. Ce style de direction convient en revanche mieux à la puissante Musique de concert (1930) pour orchestre à cordes et cuivres, l’une des commandes passées par Koussevitzky à l’occasion du cinquantième anniversaire de son Orchestre symphonique de Boston, auquel Copland, Honegger, Respighi, Roussel et Stravinski avaient également été associés. Mais l’intérêt principal de cet album réside dans le rare Concerto pour violon (1939), créé par Ferdinand Helmann sous la direction de Mengelberg. Même s’il est sans doute difficile de convaincre que l’œuvre peut rivaliser avec la floraison de concertos pour violon apparus en ces années (Barber, Bartók, Berg, Britten, Prokofiev, Schönberg, Szymanowski...), Midori en surmonte les défis techniques et stylistiques, sans parvenir à faire oublier l’engagement dont faisaient preuve David Oïstrakh avec le compositeur (Decca), Ivry Gitlis avec Hubert Reicher (Vox), Isaac Stern avec Leonard Bernstein (CBS) ou André Gertler avec Karel Ancerl (Supraphon).
Comme beaucoup de compositeurs de son époque, Hindemith a sacrifié au retour en vogue du genre concertant, auquel il a consacré une bonne vingtaine de partitions, si l’on y inclut la série des Kammermusiken des années 1920. Bon nombre d’instruments, parfois même inattendus (viole d’amour, orgue), figurent au catalogue, mais le piano est le plus fortement représenté: adoptant pour son «intégrale des concertos pour piano» chez Naxos une définition extensive du concept, Idil Biret rassemble ainsi cinq œuvres. La Musique pour piano avec orchestre (1923) résulte d’une commande de Paul Wittgenstein, qui refusa de la jouer (comme il le fit ensuite pour le Quatrième Concerto de Prokofiev) tout en en interdisant l’exécution, de telle sorte qu’elle ne réapparut qu’au début de ce siècle pour être créée en 2004 à Berlin par Leon Fleisher – qui l’enregistra aussitôt avec Eschenbach (Ondine) – et Simon Rattle. Peut-être davantage à la recherche d’une œuvre plus aimable qui mettrait davantage en valeur son unique main gauche, le commanditaire a dû être rebuté par ce motorisme bien néobaroque, ce piano en retrait, cette objectivité (jusque dans le titre de l’œuvre) encore volontiers iconoclaste (comme l’indication «seulement très peu d’expression» pour le troisième mouvement), bien dans la ligne de ce que Schulhoff donnait à entendre à la même époque.
D’un esprit voisin, télescopant Bach et les Années folles, la Kammermusik n° 2 (1924) tend cependant davantage vers le Bartók des deux premiers concertos, avec la forte prépondérance des bois et cuivres parmi les douze instruments qui entourent le soliste. Ici, la dureté et la froideur de la pianiste turque, renforçant le caractère austère et solennel du deuxième mouvement (qui dépasse à lui seul la moitié de la durée de l’œuvre), font merveille. On retrouve plus furtivement Bartók dans la Musique de concert pour piano, cuivres et harpes (1930), avec l’étonnante alliance du piano et des harpes, six ans avant la Musique pour cordes, percussion et célesta, tandis que les cuivres rappellent le Deuxième Concerto, exactement contemporain. Ecrit pour un ballet de Massine évoquant des toiles de Bruegel et créé d’abord en concert sous la direction de Scherchen, Thème et quatre Variations (1940) adopte un principe simple – chacune des variations correspond à l’un des quatre tempéraments (mélancolique, sanguin, flegmatique, colérique) – mais l’œuvre est moins essentielle, son néoclassicisme un peu distant et son accompagnement réduit aux seules cordes suggérant parfois Agon de Stravinski.
Il faut attendre 1945 pour la seule partition – la plus développée des cinq – à revêtir officiellement le titre de «concerto» et à en adopter les caractéristiques consacrées par la tradition (orchestre symphonique complet, trois mouvements). Créé à Cleveland par Jesús Maria Sanromá sous la direction de George Szell, ce Concerto, malgré son style volontiers romantique et son caractère souvent lumineux, ne sacrifie toutefois pas à la primauté virtuose du piano, nonobstant quelques cadences solistes, et son finale consiste en un thème (Renaissance) suivi (et non pas précédé) de quatre variations fortement contrastées. Exhaustif, ce double album révèle en outre une très bonne surprise: l’Orchestre symphonique de Yale et Toshiyuki Shimada, son directeur musical depuis 2005, même s’ils sont enregistrés dans un espace un peu trop réverbéré pour cette musique.
Soliste de l’Orchestre de la SWR de Stuttgart depuis 1982, Gunter Teuffel (né en 1955) rappelle le brillant altiste que fut Hindemith. Il s’intéressa notamment à la viole d’amour, avec sa tessiture un peu plus grave que celle de l’alto, débutant une tierce mineure plus bas (dans l’accord standardisé), avec ses (sept) cordes vibrantes et ses cordes sympathiques qui lui confèrent sa sonorité caractéristique. Remis furtivement à l’honneur par Massenet, Puccini et Pfitzner, l’instrument n’avait pas encore reçu la consécration du Second Quatuor «Lettres intimes» de Janácek lorsque Hindemith, dès 1922, s’enthousiasma pour ce «nouveau sport» (auquel il consacra en 1937 un ouvrage didactique), copiant des partitions anciennes, dont il réalisa au besoin la basse continue. Ainsi de cette Partita en ut mineur pour deux violes d’amour (en scordatura), dernière des sept de l’Harmonia artificiosa-ariosa (1696) de Biber (transposée en ré) et de cette Sonate en ré de Carl Stamitz (1745-1801). Si, pour Biber, les interprètes ont choisi ici des instruments des XVIIe et XVIIIe, ils jouent Stamitz sur un clavecin d’époque – celle de Hindemith! – à pédales et sourdine et, surtout, sur la viole d’amour de Hindemith, faite en 1926 par le luthier Eugen Sprenger, avec une tête à l’effigie de son épouse Gertrud. Comme l’indique Teuffel, auteur d’une notice très documentée (en allemand et en anglais), cet instrument plus puissant permit d’envisager une confrontation avec un ensemble de treize musiciens (dont huit vents), dans la Kammermusik n° 6 (1927/1930), mais on peut aussi l’entendre avec le seul piano dans une Petite Sonate (1922) plus sage que la plupart des œuvres de cette époque. Un disque exemplaire par sa conception, rare par son programme et remarquable par son interprétation.
Deux albums au programme quasiment identique viennent enrichir la connaissance de l’œuvre pour violoncelle, inspirée soit, dans les années 1910 et 1920, par le Hollandais Maurits Frank (1892-1959), membre des Quatuors Rebner puis Amar (dont Hindemith était l’altiste) et professeur du frère de Hindemith, Rudolf, soit, dans les années 1940, par le célèbre Américain d’origine russe Gregor Piatigorsky. Les deux programmes comprennent au total cinq œuvres qui semblent signées chacune d’un compositeur différent, tant leur diversité est grande: peu à voir, en effet, entre les Trois Pièces (1917) postromantiques (pour violoncelle et piano) – un «Capriccio» ludique et deux autres pièces («Phantasiestück», «Scherzo») beaucoup plus développées (plus de 10 minutes chacune), entre Schumann, Brahms, R. Strauss, Mahler et Dohnányi –, l’unique Sonate pour violoncelle seul (1922), concise et avant-gardiste, et Grenouille partit faire sa cour (1941), charmante série de treize brèves variations sur une vieille comptine anglaise, dont l’humour et la virtuosité ne sont pas sans évoquer les Variations sur un thème de Rossini de Martinů, elles aussi créées à la même époque par Piatigorsky.
Les deux disques sont complétés chacun par l’une des deux Sonates pour violoncelle et piano: chez Fuga Libera, Judith Ermert (née en 1974) et Daan Vandewalle (né en 1968) ont opté pour celle de 1919/1921 (opus 11 n° 3), d’une âpreté et d’une intransigeance assez proches du Bartók des Sonates pour violon et piano, tandis que chez Naxos, Sébastien Hurtaud (né en 1979) et Paméla Hurtado (née en 1981) ont choisi celle de 1948, plus apaisée. La violoncelliste néerlandaise ne se départ jamais d’une grande rigueur, tout en distance et en intransigeance dans la Sonate pour violoncelle seul, au contraire très impliquée dans l’expressionniste Sonate de 1919/1921. Pour son premier enregistrement, dans la «Laureate Series» où il rejoint Nicolas Altstaedt, Hai-Ye Ni, Vytautas Sondeckis et Tatjana Vassiljeva, le violoncelliste français bénéficie d’une prise de son plus incarnée, se montre mordant et généreux dans les Trois Pièces et beaucoup plus vif dans Grenouille partit faire sa cour, tandis que son élégance dans les deux premiers mouvements de la Sonate de 1948 ne réfrène nullement la puissance requise par la longue Passacaille finale.
Remontant à Eterna et Berlin Classics via Brilliant, une réédition vient marquer cette année Hindemith, importante par son volume – cinq disques – mais, avant tout, par sa portée, puisqu’elle contribue à améliorer notre appréhension de l’art de Herbert Kegel (1920-1990), un chef allemand aujourd’hui un peu oublié mais dont les enregistrements sont souvent passionnants. Bien qu’il ne soit pas nécessairement à la tête d’un orchestre de rêve – le plus souvent, la Philharmonie de Dresde – et que les prises de son, bien que datant pour la plupart de la première moitié des années 1980, manquent de relief, sa baguette acérée, écartant toute lourdeur dans ce répertoire et lui restituant toute sa modernité, est immédiatement reconnaissable. Cette anthologie ne fait certes pas tout à fait le tour des «symphonies» de Hindemith – il manque la Sinfonietta joyeuse (de jeunesse et néanmoins posthume) pour petit orchestre, la Sinfonietta en mi et la Symphonie en si bémol pour orchestre d’harmonie – mais elle en offre quand même cinq: les deux tirées de ses opéras, Mathis le peintre (1934, créée par Furtwängler) et L’Harmonie du monde (1951, créée par Sacher), ainsi que la Symphonie en mi bémol (1940, créée par Mitropoulos), capitale bien que trop peu connue, la Symphonia serena (1946, créée par Dorati) et la Pittsburgh Symphony (1958), plus festive et ludique, dont l’atmosphère n’est pas très éloignée des célèbres Métamorphoses.
Outre l’importante Suite tirée du ballet Nobilissima visione (1938), le coffret offre par ailleurs trois nouveaux exemples de l’attirance de Hindemith pour le genre concertant: deux pour alto – Der Schwanendreher (1935), sur d’anciens chants populaires, dans une version très stimulante avec Alfred Lipka (premier altiste au Staatsoper de Berlin, enregistré ici avec l’Orchestre de la Radio de Leipzig au sein duquel il avait précédemment exercé les mêmes fonctions), et la Musique funèbre (1936), écrite en quelques jours après la mort de George VI, par la Française Davia Binder (qui fut membre du Trio à cordes français et du Quatuor de Paris) – et un Concerto pour trompette, basson, avec orchestre à cordes (1949), dont la quasi-disparition, tant au disque qu’au concert, n’est peut-être pas injustifiée.
Kegel est absent à partir de la fin du quatrième disque, d’abord au profit de l’Autrichien Otmar Suitner (1922-2010): on connaissait son excellente version de la Symphonie en mi bémol (avec la Staatskapelle de Berlin), mais ici, à la tête de la Staatskapelle de Dresde, dont il avait été le Chefdirigent de 1960 à 1964, il sertit les Métamorphoses symphoniques (1943) dans un néoclassicisme transparent et fin, plein de vie et de verve – l’antithèse de l’enregistrement d’Eschenbach (cf. supra). Le cinquième disque est le plus inattendu: voici en effet Hindemith écrivant pour les enfants, au travers d’une petite pièce scénique sur un texte de Robert Seitz (1891-1938), Nous bâtissons une ville (1930). Si Berio en réalisa en 1988 trois instrumentations différentes, c’est ici la saveur de la version d’origine pour un petit ensemble de chambre: les différents numéros (chœurs, marches, musiques d’accompagnement) se succèdent avec la fraîcheur et la spontanéité servies par la verdeur des voix des jeunes chanteurs de la Radio de Leipzig. L’histoire inclut l’inauguration d’une salle de concert, à l’occasion de laquelle on joue, bien sûr, du Hindemith: les deux premiers des Huit Canons à deux voix avec des instruments (1928) et la Deuxième des Quatorze Pièces faciles pour deux violons dans la première position (1931).
Les treize chansons enfantines qui complètent ce cinquième disque ne sont pas signées Hindemith, mais au-delà de ce qu’elles laissent entrevoir de la vie et de la société en Allemagne de l’Est, elles succèdent sans solution de continuité à Nous bâtissons une ville: ce coffret se conclut donc en confirmant que la vie musicale est-allemande porte la marque de Hindemith, lui qui, au demeurant, fut proche de Weill et Dessau dans les années 1920 et forma des compositeurs (Meyer, Thilman) qui firent carrière dans ce pays.
Le site de la Fondation Hindemith
Le site de Midori
Le site de Christoph Eschenbach
Le site de l’Orchestre symphonique de la NDR
Le site d’Idil Biret
Le site de Toshiyuki Shimada
Le site de l’Orchestre symphonique de Yale
Le site de Sébastien Hurtaud
Le site de Paméla Hurtado
Le site de Judith Ermert
Le site de Daan Vandewalle
Simon Corley
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