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09/27/2013 «Liszt Complete Piano Music, volume 36. Transcriptions of Wagner»
Franz Liszt : Phantasiestück über Motive aus Rienzi («Santo Spirito, Cavaliere»), S. 439 – Spinnerlied aus dem fliegenden Holländer, S. 440 – Ballade aus dem fliegenden Holländer, S. 441 – Pilgerchor aus der Oper «Tannhäuser»: Paraphrase, S. 443 – Zwei Stücke aus Tannhäuser und Lohengrin, S. 445: «Elsas Brautzug zum Münster» – Aus Lohengrin, S. 446: «Festspiel und Brautlied», «Elsas Traum» & «Lohengrins Verweis an Elsa» – Feierlicher Marsch zum heiligen Gral aus Parsifal, S. 450
Richard Wagner : Tristan und Isolde: «Isoldes Liebestod» (transcription Liszt)
William Wolfram (piano)
Enregistré au Glenn Gould Studio, CBC, Toronto (20 et 21 mai 2011) – 70’45
Naxos 8.572895 – Notice de présentation en anglais
Sélectionné par la rédaction
On avoue qu’on abordait avec scepticisme ce volume 36 de l’édition complète de la musique pour piano de Liszt chez Naxos – dont on avait moyennement apprécié le volume 35 (album russe d’Alexandre Dossin). Le choc n’en est que plus grand à l’écoute du toucher d’airain de William Wolfram (né en 1955) – déjà signataire des volumes 20, 27 et 31 –, qui s’impose indubitablement comme un lisztien authentique. On retrouve la foi d’une Brigitte Engerer dans ce jeu monolithique – débarrassé de toute coquetterie dans l’expression des sentiments –, ainsi qu’une frappe évoquant par moments la puissance d’un Claudio Arrau ou d’un Jorge Bolet – une impression renforcée par le choix d’un instrument raide, qu’une approche musclée et robuste peut seule dominer (et qui discréditerait tout interprète trop frêle).
Le pianiste américain trouve la clef des transcriptions de Liszt – dont on admire toujours autant le génie, adaptant au cadre du clavier l’essence même de la création wagnérienne. William Wolfram sait précipiter le rythme et faire exploser les nuances quand la «Mort d’Isolde», la «Ballade du Hollandais volant» ou le «Santo Spirito, Cavaliere» de Rienzi le requièrent. Il parvient tout aussi bien à éviter les pièges d’une prosodie paresseuse ou d’une déclamation trop littérale des mélodies en apparence les plus simples de Lohengrin, du Vaisseau fantôme et de Tannhäuser. Les instants d’émotion subjuguent d’autant plus que leur rareté se forge dans les effets de contrastes tout autant que dans la virtuosité et la profondeur de la sonorité (... réussissant à faire résonner dans l’ivoire du piano jusqu’aux cloches de Montsalvat).
Du grand art – et une intéressante notice (qui n’est disponible qu’en anglais), dans laquelle Keith Anderson insiste sur la relation entre Liszt et Wagner («Liszt and Wagner became associated with what was described as ‘the music of the future’, represented by Wagner’s grandiose dramatic conceptions of the Gesamtkunstwerk and by Liszt’s virtual creation of the symphonic poem. While Liszt’s attitude to Wagner’s work was positive, Wagner was at the least ambivalent towards Liszt’s compositions, however favourable the opinions of it he expressed to the composer») et sur les efforts du premier pour faire connaître la musique du second. Les efforts de William Wolfram pour magnifier tant Liszt que Wagner sont tout autant dignes de louanges.
Gilles d’Heyres
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