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09/16/2013
«The Symphonic Edition. Volume 2»
Knudåge Riisager : T-DOXC (poème mécanique), opus 13 – Symphonie n° 2, opus 14 – Concerto pour orchestre, opus 24 – Sinfonia, opus 30 – Ouverture «Primavera», opus 31

Aarhus Symfoniorkester, Bo Holten (direction)
Enregistré à Aarhus (20-25 juin 2011) – 67’04
Dacapo 8.226147





Vagn Holmboe : Concerto pour orchestre – Concerto pour violon n° 2, opus 139 – Concerto pour alto, opus 189
Erik Heide (violon), Lars Anders Tomter (alto), Norrköpings Symfoniorkester, Dima Slobodeniouk (direction)
Enregistré à Norrköping (13-17 juin 2011) – 59’16
Dacapo 6.220599




«Before Heaven, Before Earth»
Søren Nils Eichberg : Symphonies n° 1 «Stürtzten wir uns ins Feuer» et n° 2 «Before Heaven, Before Earth»

DR SymfoniOrkestret, Christoph Poppen (direction)
Enregistré à Rome (10-11 février 2011 [Deuxième] et 9-11 février 2012 [3]) – 57’40
Dacapo 8.226109





Que sait-on du Danemark? Bien peu de choses: serait-ce que l’immense figure de Carl Nielsen aurait fait de l’ombre à ceux qui l’ont suivi et même à ceux qui l’ont précédé? L’explication serait commode, mais elle ne tient pas, vu le traitement réservé à sa propre musique sous nos latitudes. Heureusement, l’actualité discographique permet de compenser ces lacunes et de satisfaire la curiosité, du moins pour ceux qui considèrent que la relation entre «grand musicien» et «petit pays» n’est pas ipso facto exclue.


Comme Ives, Knudåge Riisager (1897-1974), se partagea longtemps entre son art et sa carrière dans la fonction publique, à laquelle il mit fin en 1950, après en avoir passé les onze dernières années comme chef de service au ministère des finances. Cela ne l’empêcha pas de présider l’Association des compositeurs danois (1937-1962) puis de diriger l’Académie royale de musique (1956-1967) et d’être par ailleurs un écrivain prolifique. Il s’est imposé par certains de ses treize ballets, dont Dacapo a précédemment publié des Suites, mais l’éditeur danois s’est engagé voici deux ans dans une «édition symphonique» qui lui est consacrée. Le deuxième volume est confié, comme le premier, à l’Orchestre symphonique d’Aarhus dirigé par Bo Holten: comprenant exclusivement des premières discographiques, il brosse le portrait d’une personnalité musicale d’une grande diversité, résultant sans doute notamment d’une formation cosmopolite, d’abord dans son pays d’origine, puis à Paris – avec Roussel, au même moment que Martinů, et Le Flem – et à Leipzig. Considéré à ses débuts comme l’enfant terrible de la musique danoise, il fut l’un des fondateurs de la Société des jeunes compositeurs, qu’il présida de 1922 à 1924, et s’inscrivait alors pleinement dans les courants modernistes européens. Rien de surprenant à ce que Pacific 231 trouve un jumeau, dans sa durée comme dans son projet, dans l’étonnant T-DOXC (poème mécanique) (1926), en l’honneur d’un tout nouveau modèle d’avion japonais: cela dit, davantage qu’à Honegger, on pense souvent à Nielsen et parfois même au futurisme – ici bien moins radical – d’un Antheil (Ballet mécanique) ou d’un Varèse.


Mais, à l’image d’un Walton ou d’un Hindemith, Riisager rentre rapidement dans le rang, ce que laisse déjà apparaître la brève (un quart d’heure) Deuxième Symphonie (1927): d’un seul tenant, peut-être sous l’influence de la Septième de Sibelius, dont l’influence est perceptible dans les premières minutes, elle évoque ensuite davantage Hindemith, avec ses chorals solennels et triomphants. Nouveau changement de style avec le Concerto pour orchestre (1931), six ans seulement après l’invention du genre par Hindemith, qu’on entend parfois ici aussi au détour de ces quatre brefs mouvements (17 minutes) d’esprit néoclassique. L’Ouverture Primavera (1934) tient les promesses ensoleillées de son titre, mais la Troisième Symphonie (1935) – de facto, car elle n’est pas numérotée et simplement intitulée «Sinfonia»... cinq ans avant un article intitulé «La symphonie est morte - vive la musique!» – prend encore une autre direction, plus nettement tributaire du Nielsen des Cinquième et Sixième Symphonies, adoptant une forme originale et un ton conflictuel que traduit l’intitulé (Feroce, Violente e fantastico, Tumultuoso) de ses trois mouvements.


On n’a pas fini de découvrir Vagn Holmboe (1909-1996), même dans son propre pays, où il a pourtant été le maître de toute une génération de musiciens (Nørgård, Nørholm...) et bien qu’il se soit imposé, avec ses treize Symphonies, comme l’un des compositeurs les plus importants à avoir illustré le genre au siècle passé. Il est vrai que la tâche n’est pas facilitée par l’immensité de sa production – le catalogue établi par Paul Rapoport compte près de 370 numéros – de telle sorte qu’il n’est pas surprenant que cet album associant des artistes russe – le chef Dima Slobodeniouk (né en 1959) –, suédois – le Symphonique de Norrköpping et le violoniste Erik Heide (né en 1974) – et norvégien – l’altiste Lars Anders Tomter (né en 1959) – réunisse des premières discographiques de trois de ses œuvres. Le Concerto pour orchestre (1929) n’avait même encore jamais été joué: malgré son titre, qui apparaît comme une concession à l’air du temps, l’œuvre, d’un seul tenant (13 minutes), ne cultive pas la mise en valeur d’individualités virtuoses mais privilégie les oppositions entre familles d’instruments (cordes, bois, cuivres – renforcés d’une troisième trompette et d’un second tuba), dans des teintes volontiers sombres et une élévation de pensée déjà caractéristiques du style de Holmboe.


Un demi-siècle plus tard, le langage, fondamentalement tonal et non dépourvu d’affinités avec Vaughan Williams, a d’ailleurs assez peu évolué dans le Second Concerto pour violon (1979) – le Premier n’a jamais été exécuté mais l’un des treize Concertos de chambre comprend un violon soliste. Dédiée au Hongrois Anton Kontra (né en 1932), qui fut l’un des prédécesseurs de Heide aux fonctions de premier violon du Philharmonique de Copenhague et, surtout, le fondateur du quatuor à cordes qui porte son nom, destinataire et créateur de bon nombre des vingt œuvres écrites par Holmboe pour cette formation, elle adopte la forme traditionnelle en trois mouvements (les deux derniers plus brefs que le premier et enchaînés par une cadence) et ne répugne pas aux effets violonistiques. Plutôt que de s’opposer à l’orchestre, le soliste dialogue avec lui, dans une atmosphère moins rugueuse, plus optimiste qu’à l’accoutumée, même lumineuse jusqu’au tintement final du célesta qui continue de résonner après que tous les autres instruments se sont tus.


Lui aussi précédé, cinquante ans plus tôt, d’un Concerto de chambre avec alto solo, le Concerto pour alto (1992), ultime de la vingtaine de contributions du compositeur au genre concertant, a été écrit pour l’altiste canadienne d’origine israélienne Rivka Golani (née en 1946). Plus rude mais aussi plus charnu et expansif, confrontant davantage le soliste et l’orchestre, il est formé de deux parties, la seconde deux fois plus longue que la première mais comprenant plusieurs épisodes, dont une cadence. Holmboe demeure un classique par son souci d’équilibre et si une parenté nordique doit être recherchée dans sa musique, il faut regarder plus du côté de Tubin que de Sibelius ou de Nielsen.


D’ascendance allemande et danoise, Søren Nils Eichberg est né en 1973 à Stuttgart, a grandi au Danemark, a étudié à Copenhague puis à Cologne et réside désormais à Berlin. Comme il le reconnaît lui-même sans détour, «ma génération de compositeurs [...] n’a pas pour dessein d’instruire le public. Nous voulons seulement faire de la bonne musique qui n’incite pas les auditeurs à se boucher les oreilles.» Démarche démagogique et défaut d’ambition? Que nenni, car «faire de la bonne musique» n’est jamais une mince affaire et requiert un minimum d’originalité sinon de personnalité. Le chef allemand Christoph Poppen (né en 1956) et l’Orchestre symphonique national de la Radio danoise, dont Eichberg fut pour trois saisons à compter de 2010, le premier huskomponist (compositeur en résidence), ont enregistré ses deux Symphonies pour Dacapo.


Le programme débute par la Deuxième «Avant le ciel, avant la terre» (2010); d’un seul tenant mais laissant néanmoins apparaître schématiquement trois temps assez traditionnels (mouvement introductif, mouvement lent et finale), elle donne son titre à l’album: l’expression fait référence au Tao («voie»), tel que décrit par Lao Tseu et qui «existe avant le ciel et la terre». Marquée Chaotisch, aggressiv, la première section laisse espérer du Varèse, mais ses ronflantes rodomontades ne font preuve que d’une timide modernité, d’autant que le «chaos» contraste avec une sorte de confortable choral des cordes. Mais l’inspiration est riche en poncifs et la musique semble errer sans but, se laissant enivrer par son alternance de frénésie rythmique et de naïveté.


Elle aussi d’un seul tenant mais plus développée (34 minutes), la Première «Si nous nous jetions dans les flammes» (2005) trouve son inspiration dans L’Evangile selon Jésus-Christ du prix Nobel portugais José Saramago (1922-2010), vision d’une Humanité autodestructrice se consumant d’elle-même dans une explosion de nature à «réveiller Dieu de sa léthargie assoupie». Pour le compositeur, c’est l’occasion d’évoquer à la fois une Europe alors engagée dans «une guerre d’agression» (en Irak), la montée des extrêmes, les caricatures de Mahomet et le rôle de Strauss et Pfitzner dans «le nationalisme et l’aspiration au désastre qui conduisirent à la Seconde Guerre mondiale». L’œuvre se révèle hélas à la mesure de ce salmigondis idéologique, recyclant les vieilles recettes des musiques de film pour s’efforcer d’illustrer de façon par trop descriptive ce propos apocalyptique.


Le site de l’Orchestre symphonique d’Aarhus
Le site de Dima Slobodeniouk
Le site de l’Orchestre symphonique de Norrköpping
Le site de Søren Nils Eichberg
Le site de Christoph Poppen
Le site de l’Orchestre symphonique national de la Radio danoise


Simon Corley

 

 

 

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