About us / Contact

The Classical Music Network

CD

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

09/09/2013
Johann Sebastian Bach : Suites anglaises, BWV 806 à 811
Pascal Dubreuil (clavecin)
Enregistré en l’église de Basse-Bodeux, Belgique (octobre 2011) – 70’ et 72’
Album de deux disques Ramée RAM 1207




 Sélectionné par la rédaction


Après de notables Clavierübung I & II, Pascal Dubreuil continue son exploration des grands recueils de Bach. Une approche sans hâte, constamment réfléchie, et dont les fruits ne peuvent se déguster à chaque fois que parvenus à leur pleine maturité. Elégance du ni trop ni trop peu, ces visions évitent bariolages, frénésie rythmique, et autres accès de rhétorique pour le seul plaisir de s’écouter. A ce titre elles sont éminemment respectables, même s’il faut oser aussi y courir le risque de s’y ennuyer quelque peu.


Mieux vaut, de toute façon, privilégier les écoutes fractionnées de ce recueil très dense, qui peut paraître rapidement trop touffu au clavecin. Ce sont là les conséquences d’une inspiration de Bach devenue tellement riche qu’elle excède déjà les possibilités expressives de l’instrument à sautereaux pour aspirer à autre chose. Les pianistes sauront s’engouffrer plus tard dans cette brèche. En attendant, on écoutera attentivement chez Pascal Dubreuil – dont on suppose qu’il utilise encore une fois le clavecin, copie moderne d’après Rückers, avec lequel il pose sur la photo située à l’intérieur du boîtier – le sens des architectures soigneusement posées, les jeux de résonances subtilement recherchées par les appuis variés des doigts sur le clavier, et aussi la finesse d’une ornementation toujours réduite au strict nécessaire. On avoue ici une préférence assez nette pour les Préludes, dont l’ampleur est parcourue avec un vrai souci d’aération et de clarté, et en prime de superbes couleurs. Impressionnantes Gigues aussi, toujours très vivantes, mais moins par démonstration de virtuosité véloce que grâce à de somptueuses vibrations d’accords. Ailleurs la régularité de la pulsation rythmique, bien marquée, jamais exagérée, peut cependant paraître manquer de fantaisie. Et puis aussi la réverbération de la prise de son, qui accentue les volumineux graves de l'instrument au point de lui conférer presque des résonances d’orgue, ainsi que des aigus somptueux, oblige à pousser le volume assez fort pour obtenir une bonne lisibilité de la partie centrale du clavier, avec à la clé un surcroît de fatigue auditive lors d’une éventuelle audition de tout le recueil en une seule fois


Qu’elles soient ou non stylistiquement compatibles avec la mention «Fait pour les Anglois» qui figure sur la principale des copies manuscrites d’époque qui nous en est parvenue, ces six Suites nous sont en tout cas restituées ici très scrupuleusement pour ce qu’elles sont, au-delà de toute taxonomie baroque : des chefs-d’œuvre visionnaires du clavier.


Laurent Barthel

 

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com