About us / Contact

The Classical Music Network

CD

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

07/01/2013
«A grand concert of music: English Baroque Concerti»
John Stanley : Concerto en sol majeur
Thomas Arne : Concerto en sol mineur pour clavier et orchestre
William Boyce : Symphonie en si bémol majeur
Francesco Geminiani : Concerto grosso en ré mineur, d’après les variations «La Follia», opus 5 n° 12 de Corelli
Pieter Hellendaal : Concerto en mi bémol majeur
Charles Avison : Concerto grosso n° 9 en la mineur

The English Concert, Trevor Pinnock (clavecin et direction)
Enregistré au Henry Wood Hall, Londres (février 1979 et mars 1984 [Arne]) – 63’59
Coffret (un disque et un catalogue) Archiv Produktion 479 1406 – Notice trilingue (allemand, anglais et français) de Nicholas Anderson





Si Deutsche Grammophon est aujourd’hui mondialement connue en tant que telle, la célèbre marque jaune ne doit pas occulter sa petite sœur, Archiv Produktion, qui fête cette année ses soixante-six ans. Pourquoi les célébrer? Pourquoi pas serait-on tenté de répondre... Car, à l’heure où des éditeurs aussi célèbres que Teldec et Erato, grand pourvoyeurs de musique baroque et de musique ancienne, ont disparu, Archiv Produktion fait figure d’exception.


Créé en 1947, dirigé à cette époque par le musicologue Fred Hamel, le nouvel éditeur accueille, pour son premier enregistrement, l’organiste aveugle Helmut Walcha (1907-1991) qui réalise une gravure historique de la fameuse Toccata et fugue en ré mineur de Bach sur l’orgue de la Jacobikirche de Lubeck. L’invention du sillon variable en 1949, qui permet alors de doubler la durée du 78 tours, incite Deutsche Grammophon et Archiv Produktion à sortir les premiers microsillons dès 1951: l’année même où Böhm enregistre la Cinquième de Beethoven, Karl Richter, futur pilier d’Archiv, grave ainsi les Musikalische Exequien de Schütz (1953). En 1954, c’est au tour de Günther Ramin (1898-1956) d’enregistrer la Passion selon saint Jean avant que ne soit publié sous la même étiquette le Requiem de Mozart sous la baguette de Jochum, reflet d’un concert dirigé en 1955 à Vienne. En 1963, Ralph Kirkpatrick (1911-1984) enregistre L’Art de la fugue sur clavicorde, quatre ans avant une nouvelle gravure, sur clavecin cette fois, mais pour Deutsche Grammophon. A la tête du Müncher Bach-Orchester, Karl Richter (1926-1981) enregistre à partir des années 1960 de nombreuses cantates de Bach avec Edith Mathis, Dietrich Fischer-Dieskau, Kurt Moll, avant de se lancer dans une intégrale qui fit évidemment date. Bach, qui à bien des égards, est alors le pilier d’Archiv bénéficie de célébrations retentissantes pour le 225e anniversaire de sa disparition: au printemps 1975, Archiv publie ainsi une monumentale «Edition Bach» – onze coffrets soit 99 disques! – en rassemblant notamment l’intégrale de l’œuvre pour orgue par Walcha, des motets et des messes dirigés par notamment par Karl Richter et Martin Flämig, ainsi que de la musique de chambre par le flûtiste Aurèle Nicolet ou le violoncelliste Pierre Fournier, dont l’intégrale des Suites demeure encore aujourd’hui un must.


Si, à partir de 1972, Archiv fait une incursion dans le XIXe siècle avec Meyerbeer ou Mendelssohn, ce sont bien les répertoires de la Renaissance et du baroque qui restent les fils conducteurs du catalogue. Ainsi, Orfeo de Monteverdi est enregistré par le ténor Nigel Rogers en 1973, avant que, en 1974, ne soit confiée à David Munrow (1942-1976) et son ensemble Early Music Consort of London une anthologie de la «Musique de l’ère gothique»: le suicide du jeune chef mettra malheureusement un terme à un talent indéniable et à une entreprise discographique audacieuse. La fin des années 1970 marque un véritable renouveau pour Archiv Produktion qui engage coup sur coup trois de ses maîtres d’œuvre: Reinhard Goebel et son Musica Antiqua Köln en 1977, puis Trevor Pinnock et son English Concert, et enfin John Eliot Gardiner et ses English Baroque Soloists. Les gravures se succèdent avec un bonheur égal: Bach, Händel, Telemann, Vivaldi, Heinichen et quelques autres bénéficient ainsi d’enregistrements du plus haut niveau qui, pour bien d’entre eux, n’ont jusqu’alors jamais été détrônés. Gardiner, justement, dont l’étoile ne cesse de briller et qui emmène Archiv vers l’époque classique et préromantique avec ces deux monuments que furent l’intégrale des opéras de Mozart (série d’enregistrements réalisée entre 1990 et 1996) et la non moins célèbre intégrale des Symphonies de Beethoven en 1994 avec l’Orchestre révolutionnaire et romantique, clin d’œil à la grande sœur Deutsche Grammophon pour qui «intégrale Beethoven» est avant tout synonyme de Karajan, voire Böhm, Bernstein, Abbado ou Jochum.


De manière générale, à la faveur notamment de nouveaux contrats passés avec des artistes prometteurs (Paul McCreesh et ses Gabrieli Consort and Players, Marc Minkowski et ses Musiciens du Louvre, le Concerto Köln, l’Ensemble Piffaro, Andrea Marcon et le Venice Baroque Orchestra, ...), Archiv a exploré ces dernières années de nouveaux répertoires, permettant ainsi l’exhumation d’opéras oubliés (Montezuma de Vivaldi, Dardanus de Rameau, ...) ou l’enregistrement de compositeurs qui ne demandaient qu’à l’être enfin (Wilms, Rebel, Veracini, Fasch, ...). Pour les cinquante ans de l’éditeur, Reinhard Goebel grave de la plus belle manière la Missa salisburgensis de Biber, prolongeant ainsi un esprit de découverte qui est devenu une véritable marque de fabrique. Quant aux années récentes, elles virent notamment arriver un certain Claudio Abbado qui, pour son premier disque chez Archiv Produktion, choisit d’enregistrer avec son complice Giuliano Carmignola l’intégrale des concertos pour violon de Mozart.


Compte tenu de la richesse de l’histoire d’Archiv Produktion, on ne peut qu’être extrêmement déçu par la notice «historique» de trois pages, véritable pis-aller, le catalogue accompagnant le disque ne faisant en fait que reprendre la totalité des titres parus sous cette étiquette. Pour qui souhaite en savoir davantage se tournera vers le gros livre consacré à l’histoire de Deutsche Grammophon et paru en 2008 chez Verlhac Editions, où plusieurs éléments narrant l’épopée d’Archiv Produktion sont à glaner.


Pour ce qui est du disque, en revanche, c’est une totale réussite signée Trevor Pinnock et son English Concert. Même si le tableau de musique anglaise ainsi brossé tourne un regard insistant vers la Péninsule (avec les magnifiques variations de Geminiani autour du thème de La Follia d’Arcangelo Corelli, que l’on entend malheureusement trop rarement en concert), ce sont effectivement les compositeurs «maison» qui sont à l’honneur. Pinnock fait de nouveau montre de ses talents de claveciniste dans le Concerto en sol mineur de Thomas Arne (le troisième mouvement est idéal), et c’est avec plaisir que l’on réécoute cette Symphonie en mi bémol de Boyce, issue d’un disque spécifiquement consacré à ce compositeur bien oublié aujourd’hui: les flûtes de l’English Concert rivalisent de douceur dans un deuxième mouvement tout en méditation. Quant au Concerto grosso n° 9 de Charles Avison, c’est également une bien belle découverte, qui se conclut par un Allegro endiablé.


Le site de l’English Concert


Sébastien Gauthier

 

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com