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04/22/2013
Wolfgang Amadeus Mozart : Concerto pour clarinette en la majeur, K. 622 – Requiem en ré mineur, K. 626

Benjamin Dieltjens (clarinette de basset), Lucy Hall (soprano), Angélique Noldus (mezzo-soprano), Hui Jin (ténor), Josef Wagner (baryton-basse), Chœur de chambre de Namur, New Century Baroque, Leonardo García Alarcón (direction)
Enregistré à l’Espace culturel C.-J. Bonnet de Jujurieux (22-26 avril 2012 [Concerto]) et à la Salle des fêtes de Bourg-en-Bresse (28 septembre-2 octobre 2012 [Requiem]) – 65’40
Ambronay AMY038 (distribué par Harmonia mundi) – Notice trilingue (français, anglais et allemand) de Leonardo García Alarcón





Avant même d’écouter ce disque, l’œil de celui qui vient de l’acquérir (ou de l’emprunter) est attiré par une mention tout à fait surprenante: la jaquette annonce en effet un minutage extrêmement court lorsqu’il s’agit de joindre au Requiem de Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) son tout aussi célèbre Concerto pour clarinette, puisqu’il dépasse à peine les 65 minutes... Que diable cache cette brièveté?


On se rend immédiatement compte, à la lecture du minutage détaillé, que tout se joue du côté du Requiem, le Concerto faisant pour sa part sa petite demi-heure habituelle. C’est d’ailleurs ce que confirme Leonardo García Alarcón, auteur de la notice du disque, qui en profite pour longuement «évoquer [ses] choix». Afin de livrer à l’auditeur une version qu’il souhaite plus authentique du Requiem, le jeune chef argentin a notamment choisi de ne pas «inclure le Sanctus, le Benedictus et l’Agnus Dei [qui] relèvent selon [lui] d’une esthétique post-mozartienne qui diffère du reste du Requiem», ces parties étant effectivement dues à la plume d’un des élèves de Mozart, le jeune Süssmayr. Ajoutez à cela le fait qu’Alarcón se soit servi à la fois de l’édition critique établie par Franz Beyer en 1981 (révisée en 2005) et de celle de Richard Maunder en 1986 (sans que l’on sache exactement, d’ailleurs, s’il n’en a utilisée qu’une seule ou si cette version est un mélange des deux...), et le fait qu’il ait lui-même «pris la liberté de compléter quelques parties instrumentales que Mozart a laissées inachevées»: vous aurez alors une version considérablement renouvelée du Requiem, qui explique en partie le fait que celle-ci ne dépasse finalement que de peu les 38 minutes.


Quels que soient les choix ainsi effectués, ils sont évidemment guidés par un souci légitime et par une intelligence que l’on ne peut mettre en doute. Pour autant, est-ce convaincant? Il ressort de cette interprétation au moins trois évidences. La première, et on le savait déjà, c’est que le Chœur de chambre de Namur est excellent. Ses diverses interventions, notamment dans le «Dies irae» et dans le «Confutatis» font vibrer l’auditeur, d’autant qu’Alarcón porte une très grande attention à la dynamique de l’ensemble. La seule déception de sa part vient de son ultime intervention, dans le «Lux aeterna», où il est, à notre sens, trop sautillant et, de ce fait, en décalage avec l’atmosphère que requiert habituellement une telle œuvre de circonstance. La deuxième évidence vient de l’orchestre, New Century Baroque, jeune ensemble créé à partir de The European Union Baroque Orchestra 2009, qui séduit par son enthousiasme, par la beauté de ses timbres (quitte à ce que les trombones soient parfois un peu trop présents, à l’instar des timbales, notamment dans l’«Introitus» du Requiem, à partir de 3’50), en particulier des bois (cors de basset et bassons). Seule l’intervention du trombone solo dans le «Tuba mirum» s’avère moyenne, le son étant instable et pas toujours très agréable à l’oreille. Troisième évidence, le talent du chef d’orchestre Leonardo García Alarcón, qui mène son équipe avec de vraies options, qui souhaite sans aucun doute nous raconter quelque chose et qui assure une parfaite cohésion de l’ensemble.


Au-delà de ces incontestables qualités, l’interprétation que l’on entend ici ne convainc qu’à moitié en raison d’un ancrage trop insistant dans le monde baroque. Qu’il s’agisse de certaines tournures rythmiques, de la manière dont le chœur intervient, d’un choix de tempi plutôt rapides (même si le «Dies irae» de la version Böhm chez Deutsche Grammophon ne fait que 8 secondes de plus qu’ici...) ou de contrastes parfois trop ostentatoires, le résultat tend parfois à ne rester qu’au stade de la démonstration stylistique. Choix qu’assume pleinement le ténor Hui Jin, dont la voix un peu trop légère à notre goût déborde quelque peu le cadre qui lui est donné, contrairement à la basse, Josef Wagner, excellent de bout en bout. Les deux solistes féminines, tout en étant parfaitement à leur place au sein de ce quatuor, demeurent néanmoins un léger cran en deçà.


Mais, pour commencer ce disque, nous attendait un autre morceau de choix, à savoir le Concerto pour clarinette, joué ici sur clarinette de basset (que l’on connaît plus fréquemment sous l’appellation de «cor de basset»). Le son de ce merveilleux instrument, déjà croisé dans la Sérénade K. 361 «Gran Partita» et également requis dans le Requiem, ne doit pas nous faire oublier les superbes interprétations auxquelles une clarinette moderne peut donner lieu: le soliste de l’Orchestre national de France, Patrick Messina, l’a encore récemment prouvé (voir ici)! Pour autant, c’est évidemment l’instrument qui convient le mieux lorsque l’accompagnement est assuré par un orchestre jouant sur instruments d’époque.


Benjamin Dieltjens (né en 1973), qui joue aussi bien le répertoire classique que contemporain, est parfaitement à son aise. Les notes inaugurant le premier mouvement (Allegro) étonnent quelque peu puisque la clarinette est immédiatement présente, entonnant de façon inhabituelle le thème avec l’ensemble de l’orchestre mais, très rapidement, on retrouve le Concerto tel qu’on l’aime: le son est velouté, la technique est oubliée tant tout cela semble facile, la légèreté est partout présente... Une vraie réussite. On est donc d’autant plus déçu en entendant le célèbre mouvement lent (Adagio), qui ne respire pas assez et dans lequel Alarcón brusque quelque peu son orchestre, notamment vers 4’50. En revanche, le troisième mouvement illustre de nouveau une très belle réalisation collective qui honore pleinement ses interprètes.


Le site de Leonardo García Alarcón
Le site de l’ensemble New Century Baroque
Le site du Chœur de chambre de Namur


Sébastien Gauthier

 

 

 

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