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03/02/2013
Mark-Anthony Turnage : On Opened Ground [1] – Texan Tenebrae [2] – Lullaby for Hans [3] – Riffs and Refrains [4] – Mambo, Blues and Tarantella [5]

Michael Collins (clarinette), Christian Tetzlaff (violon), Lawrence Power (alto), London Philharmonic Orchestra, Markus Stenz [1], Marin Alsop [2, 4], Vladimir Jurowski [3, 5] (direction)
Enregistré à Snape Maltings (avril 2007 [3]) et au Royal Festival Hall, Londres (février 2008 [4], septembre 2008 [5], avril 2010 [2] et octobre 2011 [1]) – 72’20
London Philharmonic Orchestra LPO-0066 – Notice en anglais d’Anthony Burton





L’Orchestre philharmonique de Londres (LPO) propose sous son propre label une troisième parution monographique consacrée à Mark-Anthony Turnage (né en 1960), compositeur en résidence de l’orchestre entre 2005 et 2010. Captées entre 2007 et 2011, les cinq œuvres, inédites au disque, comprennent des premières britanniques, dont la création de Mambo, Blues and Tarantella, et réunissent trois grands solistes à trois grands chefs d’orchestre: Christian Tetzlaff, Michael Collins et Lawrence Power à Vladimir Jurowski, directeur artistique et chef principal du LPO, Marin Alsop et Markus Stenz respectivement.


La réputation de Mark-Anthony Turnage fait de lui, à l’instar de Gunther Schuller et son «troisième courant», un compositeur d’assimilation ou de fusion de techniques classiques et de jazz. S’il fut brièvement l’élève de Schuller à Tanglewood, s’il appartient à la génération en formation pendant les années 1970-1980 qui ouvraient, au Royaume-Uni, un large éventail de références stylistiques, si certaines œuvres sont plus hybrides, ici Turnage s’avère être un compositeur audacieux mais foncièrement «classique». Certes, Texan Tenebrae et les premières parties des Concertos pour clarinette et pour violon exploitent de biais des traits jazziques ou des rythmes latino-américains mais la maîtrise et la rigueur restent sans concession. Le compositeur anglais s’adonne aux contrastes. C’est un coloriste volcanique, rythmiquement puissant et énergique, qui sait laisser déferler de longs rubans mélodiques au cœur d’une écriture plus séquentielle tout de heurts et de fragments juxtaposés mais d’une force propulsive sans faille. Si on ne peut lui attacher aucune étiquette, son style personnel, aux très fugitifs échos de Henze, son mentor, de Schuller ou de Knussen, ses maîtres, s’impose sans «néo-», entre dissonance et consonance, nettement de notre temps.


Marin Alsop, vigoureuse, dirige avec autorité les deux pièces plus systématiquement turbulentes ou syncopées. Texan Tenebrae (2009) pour grand orchestre expose les tragédies de la vie d’Anna Nicole de manière violente, haletante et distordue, comme Bacon, le peintre expressionniste tant admiré du compositeur, expose les corps, les deux réussissant à imposer une nette idée de forme. Conçu pour son ami Michael Collins, Riffs and Refrains (2002-2003) oppose un orchestre véloce aux traits fragmentés à une clarinette virtuose, feu-follet vif et espiègle souvent maintenu dans le registre aigu, un grave moelleux réservé aux passages plus lyriques qui dominent lors de «Refrains». Les traits orchestraux s’étirent alors en sombre écrin.


Composée pour le quatre-vingtième anniversaire de Hans Werner Henze, la touchante Lullaby for Hans (2006), aux pupitres de cordes peu divisés, s’épanche presqu’en élégie malgré quelques gestes plus affirmés et les quelques lignes solistes qui s’élèvent si joliment. Vladimir Jurowski concentre son orchestre parfaitement comme il le fait avec urgence pour le concerto qui vient en contraste total: Mambo, Blues and Tarentella (2007), composé pour Christian Tetzlaff. Le violon acrobatique lors des brefs coups droits et les appels acides de «Mambo», les rythmes marqués, les traits orchestraux syncopés, heurtés, brisés, Tetzlaff dompte la partition grâce à son fin sens du phrasé. «Blues» met en valeur son beau violon plus lyrique, plus épanoui, l’orchestre agité étant réduit aux vents avant l’agilité mobile de la cadence. Le tutti qui la clôt ouvre sur une percutante «Tarentella» tournoyante, les rares accalmies se limitant à de simples reprises de souffle.


Turnage et Markus Stenz entretenaient des liens étroits avec Henze et sa musique et c’est peut-être la double influence de Henze qui colore cette chaleureuse interprétation, non sans tranchant et aspérités, de l’impressionnant concerto On Opened Ground. La partie soliste, écrite en 2000-2001 pour Youri Bashmet, sied bien à la puissance ample et généreuse de Lawrence Power. A la fois agité et granitique, lyrique et corrosif, le premier mouvement, «Cadenza and Scherzino», se fait le reflet de son titre. Le second, «Interrupted Song and Chaconne», brise par gradation le sombre velours du chant de l’alto pour imposer une chaconne sauvage à la clameur dure, drue et dramatique, trouvant sa résolution en une coda tout en douceur en écho thématique à l’œuvre entière.


Le programme choisi donne un excellent aperçu des talents du Mark-Anthony Turnage du XXIe siècle. Que les musiciens de l’orchestre comprennent et servent bien ces partitions est une évidence au-delà de l’exigence efficace de la direction et l’étroite collaboration entre le compositeur et les solistes ne peut que créer une symbiose de bon aloi.


Le site de Lawrence Power
Le site de Michael Collins
Le site de Christian Tetzlaff
Le site de l’Orchestre philharmonique de Londres


Christine Labroche

 

 

 

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