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02/15/2013
«Rapsodie espagnole»
Maurice Ravel : Trio avec piano – Rapsodie espagnole (arrangement Olivier Kaspar)
Joaquín Turina : Círculo..., opus 91
Emmanuel Chabrier : Espana (arrangement Camille Chevillard et Olivier Kaspar)
Trio Hoboken: Jérôme Granjon (piano), Saskia Lethiec (violon), Eric Picard (violoncelle)
Enregistré à Paris (avril et août 2012) – 61’03
Anima Records ANM/121000001 (distribué par Abeille musique)
Après des disques Smetana/Dvorák puis Haydn chez Lyrinx, et sans oublier sa contribution à une très belle monographie consacrée à Lucien Durosoir chez Alpha, le Trio Hoboken rejoint Anima Records, où son pianiste, Jérôme Granjon (né en 1966), a déjà publié un récital l’an dernier.
Intitulé «Rapsodie espagnole», l’album témoigne de la forte interaction entre la France et l’Espagne au tournant des XIXe et XXe siècles. La figure centrale en est un natif du Pays basque français, salué comme un des leurs par les Espagnols, à commencer par Falla; y sont associés un Sévillan qui, durant un séjour de près de dix ans à Paris, fut notamment l’élève de d’Indy, et un Auvergnat, l’un des premiers, avec Bizet, à mettre la musique française à l’heure de la péninsule ibérique où il venait de se rendre en voyage.
Le Trio (1914) de Ravel ouvre cet album et en constitue en même temps le cœur: tout de générosité, les musiciens se meuvent avec spontanéité dans cet univers, dont ils exaltent la tendresse et la puissance aussi bien que la légèreté et le brio. Il est intéressant de constater à quel point leur interprétation est éloignée de la non moins belle réalisation d’une autre jeune formation française, le Trio Dali (Fuga Libera), qui, aidé par une prise de son plus transparente et flatteuse, donne parfois l’impression de pousser le raffinement jusqu’au maniérisme. Si l’on peut préférer le mordant des seconds dans le Pantoum, la Passacaille des Hoboken, moins esthétisante, émeut davantage par son caractère de déploration.
Une grande partie du charme et de l’intérêt de ce programme provient des œuvres ingénieusement sélectionnées pour compléter ce pilier du répertoire et pour dialoguer avec lui: d’abord Círculo... (1936), brève «fantaisie» de Turina, restituée avec beaucoup de finesse et d’enthousiasme, au fil de ses trois mouvements évoquant successivement des moments de la journée («Aube», «Midi» et «Crépuscule»).
Le Trio Hoboken conclut sur deux inédits pour lesquels il s’est associé à Olivier Kaspar (né en 1962). Le compositeur a relevé le défi consistant à adapter la Rapsodie espagnole (1907) de Ravel: si la version originale de la partition, antérieure à la version orchestrale, est destinée au piano (à quatre mains), les cordes – Saskia Lethiec (née en 1974) et Eric Picard (né en 1965) – contribuent grandement à ce que ce travail se révèle d’une fidélité saisissante tant à la lettre qu’à l’esprit.
Le choix de la seconde transcription ne manque pas d’à-propos, puisque Chabrier a sous-titré Espana (1883) «rapsodie». La notice (en français, anglais, espagnol et japonais) indique que le rôle de Kaspar a été ici de «compléter» un arrangement réalisé par le chef d’orchestre Camille Chevillard – de fait, Enoch a publié, du vivant du compositeur, des versions pour piano seul et pour deux pianos (à huit mains) réalisées par celui qui allait succéder à Charles Lamoureux. Transposée de fa à sol, la pièce de Chabrier brille de tous les feux du soleil andalou.
Le site du Trio Hoboken
Le site d’Olivier Kaspar
Simon Corley
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