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12/01/1998
Maurice Ravel : Concerto pour piano en sol majeur, Concerto pour la main gauche
Samson François (piano), Orchestre de la Société des Concerts du Conservatoire, André Cluytens (direction) + Gaspard de la nuit
EMI "Great Recording of the Century" 7243 5 66905 2 3, enregistrés en 1960 (1 CD)

Krystian Zimerman (piano), Orchestre de Cleveland, Orchestre symphonique de Londres, Pierre Boulez (direction) + Valses nobles et sentimentales
Deutsche Grammophon 449 213-2, enregistrés en 1994 et 1996 (1 CD)

La réédition du grand enregistrement de Samson François, considéré comme la référence majeure de ces oeuvres, et la parution d'une version réunissant deux artistes reconnus pour leurs hautes exigences artistiques ne pouvaient manquer de provoquer la comparaison et la confrontation. Une fois n'est pas coutume, la version "historique" doit battre en retraite sur tous les fronts devant le nouveau venu. Dans le Concerto en sol, Pierre Boulez dispose d'un orchestre nettement supérieur à celui de Cluytens et joue de sa virtuosité et de sa précision pour faire ressortir toute la richesse et l'inventivité de l'écriture de Maurice Ravel. Kristian Zimerman fait également preuve d'un notable avantage technique sur son illustre confrère mais il n'utilise pas cette facilité afin d'impressionner ou de simplement déjouer les "pièges" de la partition, il la met au service d'une conception profonde et cohérente qui rend pleinement justice aux sonorités, à la simplicité (simple comme Mozart !), à la fraîcheur de la musique de Ravel. Le mouvement lent du concerto - le sommet du disque - étreint l'auditeur dès les premières notes par son atmosphère à la fois tendue et mélancolique et par son imperturbable scansion. Là où le piano un peu gras et le tempo légèrement instable de François déséquilibrent la subtile phrase ravélienne, Zimerman trouve le touché idéal. On retrouve ces qualités dans le Concerto pour la main gauche, augmentées ici d'un parti pris interprétatif plus radical : si François et Cluytens proposent une version très fluide, très fondue, très bien construite dans son déroulement linéaire (c'est la version la plus évidente à la première écoute), Zimerman et Boulez défendent une optique plus verticale, plus sévère, "stravinskienne", qui révèle des ressources de dynamisme, de tension et de mystère absolument fascinantes. De superbes Valses nobles et sentimentales couronnent ce disque essentiel qui attendra, comme le François/Cluytens, peut être trente ans pour être dépassé.


Philippe Herlin

 

 

 

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