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12/12/2012
Johann Sebastian Bach : Das wohltemperierte Klavier, BWV 846 à 893

András Schiff (piano)
Enregistré à l’Auditorio Radiotelevisione svizzera de Lugano (août 2011) – 244’15
Album de quatre disques ECM New Series 2270-73 – Notice de présentation en anglais et allemand





Fidèle à son éditeur (ECM) chez qui il vient de publier un étonnant disque Schumann et a déjà gravé les Partitas de Bach, András Schiff (né en 1953) livre une nouvelle intégrale du Clavier bien tempéré. Un produit aussi soigné qu’exigeant, interprété au piano plus de quatre heures durant par le pianiste hongrois qui relève le défi du jeu sans pédale – ou presque.


«Senza pedale ma con tanti colori», ainsi que l’affiche András Schiff dans la passionnante notice contenant des textes – non traduits en français – signés par l’interprète, Peter Gülke et Paul Griffiths, en forme de réflexion érudite et argumentée sur ces Préludes et Fugues. Si le pianiste s’interroge sur l’édition et l’instrument à retenir comme sur le jeu, le caractère et le tempo à privilégier, l’essentiel de son argumentation porte sur ses réticences à faire intervenir la pédale du clavier. Le raisonnement de Schiff consiste à dire que puisqu’elle n’existait pas à l’époque de sa composition, l’œuvre doit pouvoir être jouée sans pédale («consequently, the very same works can also be played on the modern piano, with eight fingers, two thumbs and no feet»). S’il considère qu’un usage discret de la pédale n’est pas interdit, András Schiff en fustige surtout les excès... non sans humour («let’s not underestimate the danger of damage that can be caused by indiscriminate use of the pedal. The piano is not an automobile, where the right foot is permanently on the accelerator pedal»).


Schiff le sait bien, cette interprétation très personnelle ne sera pas du goût de tout le monde (lire, par exemple, ici). Mais pour marginale qu’elle soit, son approche – plus éthique qu’esthétique – apporte une telle lumière à l’œuvre qu’on en vient à entendre d’une oreille neuve ces quarante-huit Préludes et Fugues... faisant paradoxalement de cet album une voie d’approfondissement plutôt qu’un retour aux sources. Comme si la cure de jouvence offerte à la partition valait également décrassage. Il faut dire que la clarté de l’acoustique et de la résonance n’empêche nullement le son de respirer amplement. Il faut dire surtout que la richesse et la variété du toucher écarte tout risque d’ennui ou de monotonie. On se passionne, au contraire, pour la clarté du contrepoint et de l’ornementation, pour un jeu qui exalte le rythme et même la danse, pour ce toucher impeccable à la fois parfaitement tenu et jamais monolithique. Et si l’on ne ressent pas l’émotion à fleur de peau des versions Fischer ou Richter, on éprouve une certaine gratitude à suivre András Schiff sur d’autres chemins, exprimer des sentiments hauts en couleur.


Gilles d’Heyres

 

 

 

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