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11/01/1998 Scarlatti : Il primo omicidio, oratorio a 6 voci Bernarda Fink (Caino), Graciela Oddone (Abel), Dorothea Röschmann (Eva), Richard Croft (Adamo), René Jacobs (Voce di Dio), Antonio Abete (Voce di Lucifero) Akademie für alte musik, Berlin. René Jacobs, dir.
Harmonia Mundi (2 CD) On connaît un premier opéra sur le même sujet de Bernardo Pasquini, maître de chapelle des Borghese (Caino e Abele, 1671). Si Scarlatti n’a pas eu une vie aussi aventureuse que Stradella, il reprend pourtant, en 1707, à Venise où il est invité par les Grimani, le fameux épisode biblique du premier meurtre. La partition autographe est aujourd’hui conservée à la Frank V. de Bellis Collection de San Francisco. Le lien entre la religion et la forme de l’oratorio se trouve ici renforcée par l’accent marqué sur la rhétorique persuasive. L’éloquence, particulièrement bien mise en relief par les chanteurs, tient un rôle on ne peut plus important dans la dramatisation de cette partition. Fabio Biondi et Rinaldo Alessandrini avaient déjà réalisé en 1992 un premier enregistrement de cette merveilleuse musique ; mais on trouve dans la réalisation de René Jacobs, un achèvement et une perfection sans précédant. L’orchestre a une véritable cohérence, le plateau vocal réuni est enthousiasmant, avec une mention spéciale pour Fink, Röschmann et Richard Croft qui allie beauté du timbre, virtuosité et musicalité –c’est-à-dire beaucoup pour un seul ténor. On retrouve la voix de René Jacobs, qui après avoir cumulé jusqu’à trois fonctions dans certaines productions (chant, clavecin et direction ! ! dans une Passion selon St Jean du même Scarlatti à Ambronay) s’en était tenu à la direction. Mais, pour autant, la direction générale de la partition n’en est pas moins soignée que d’habitude. Cette version de référence, permettra d’écouter dans les meilleures conditions une musique d’une grande tenue.
Frédéric Gabriel
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