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11/07/2012 Marc-Olivier Dupin : Le Ré-si-do-ré du prince de Motordu
Estelle Béréau (soprano), Paul-Alexandre Dubois (baryton), Laurent Stocker (récitant), Orchestre national d’Ile-de-France, Marc-Olivier Dupin (direction)
Enregistré à Alfortville (juin 2012) – 44’44
Livre-disque Gallimard Jeunesse – 40 pages, 22 €
Après Robert le Cochon et La Princesse Kofoni, Marc-Olivier Dupin (né en 1954) a de nouveau composé la musique d’un conte pour la jeunesse mais cette fois-ci c’est non plus avec Ivan Grinberg mais avec Pef (né en 1939) qu’il collabore pour Le Ré-si-do-ré du prince de Motordu, «aventure musicale» en quatre tableaux. Le dessinateur, qui a précédemment conçu des ouvrages pour les enfants avec Anne Sylvestre, signe également le texte de ce livre-disque, dont les illustrations très soignées sont mises en couleur par son épouse Geneviève Ferrier.
Alors que le concert est sur le point de commencer, le prince de Motordu, traumatisé dans sa jeunesse par l’apprentissage du violon, ordonne que tout s’arrête: «non», il n’ira pas à la musique, c’est la musique qui ira à lui. Le prenant au mot, ses enfants Marie-Parlotte et le petit Nid-de-Koala vont chercher un chef bègue et son orchestre. Comme de bien entendu, tout est bien qui finit bien: vaincu par une répétition où s’épanouit l’amour entre Améthyste la harpiste et Louis le trompettiste, le prince dit «oui» à la musique, non sans avoir guéri le bègue grâce à ses «mots tordus».
Comme dans La Princesse Kofoni, le récit permettra au mélomane en herbe, dès 5 ans, de faire connaissance avec l’orchestre. Et comme tout bonne histoire pour les enfants, celle-ci n’oublie pas de mettre les adultes dans sa poche en leur offrant un niveau de compréhension accessible à eux seuls, qui seront sans doute mieux à même de goûter le déluge incessant de calembours et à-peu-près dont est friand le personnage, récurrent chez Pef, de Motordu et dont est donc truffée cette nouvelle «lisse poire» du prince: l’«avia-son», la «salle à danger» (ou «à langer»), le violon devenu le «violent» et la bicyclette la «biglissette», les clarinettes roulant des anches, le cor anglais conduisant à gauche et la harpe cachant la forêt... La musique de Dupin est à l’avenant, à base de citations, parodies, morceaux de bravoure et exercices de style, comme ces délicieux numéros en clin d’œil à l’opérette française, mais sait aussi faire place à de tendres sentiments, à l’image du long duo poétique entre Louis et Améthyste.
Le récitant Laurent Stocker et les chanteurs Estelle Béréau et Paul-Alexandre Dubois s’amusent avec brio; quant au compositeur, il retrouve l’Orchestre national d’Ile-de-France, dont il fut le directeur général de 2002 à 2008. Avis aux Franciliens de tout âge: l’ouvrage sera donné à quatre reprises en décembre, salle Pleyel le 2, puis à Vitry-sur-Seine (Théâtre Jean Vilar) les 7et 8, et enfin à Saint-Cloud (Espace culturel Les 3 Pierrots) le 9.
Simon Corley
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