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11/02/2012
Gustav Mahler : Quatuor avec piano (réalisation Lühl-Dolgorukiy) [1] – Symphonie n° 1 (transcription Lühl-Dolgorukiy) [2]
Enguerrand-Friedrich Lühl-Dolgorukiy : Quatuor avec piano n° 1, LWV 121 [3] – Konzertstück, LWV 19 [4]

Enguerrand-Friedrich Lühl-Dolgorukiy (piano), Ensemble Monsolo: Samika Honda [1, 4], Sylvain Favre [3] (violon), Sylvain Durantel (alto), Sébastien van Kuijk (violoncelle)
Enregistré à Sarcelles (27 octobre 2010 [2], 19 et 20 avril 2011 [1, 3, 4]) – 119’41
Polymnie POL 550 283 (distribué par Intégral)





Enguerrand-Friedrich Lühl-Dolgorukiy (né en 1975) a déjà à son actif un catalogue imposant: six symphonies, deux concertos pour piano, des quatuors et de la musique pour piano. Mais des multiples aspects de sa personnalité artistique – compositeur, pianiste, chef d’orchestre – est-ce le premier qui est le plus intéressant à connaître? Il est fortement permis d’en douter à l’audition de son Premier Quatuor avec piano (2008) – il n’y en a d’ailleurs qu’un, pour l’heure, «d’autres pourront suivre, selon son inspiration» – et de son bref et distrayant Konzertstück (1994): la démarche est certainement sincère, mais laisse pantois par son langage aussi peu original que résolument ancré dans la seconde partie du XIXe siècle, à en faire passer Stéphane Blet pour un dangereux révolutionnaire. Dans la notice (en français et en anglais), qu’on imagine rédigée par ses soins bien qu’écrite à la troisième personne, on apprend que «Lühl a eu l’idée d’une nouvelle forme musicale», consistant à fusionner le scherzo et le mouvement lent: une «nouvelle forme»? Si c’est le cas, voilà qui confirmerait que cette musique est antérieure à la Symphonie de Franck (1888), dont le mouvement central est pareillement construit. Après tout, rien ne peut étonner de la part de celui qui considère que «même aujourd’hui, une part de l’œuvre de Mahler n’est pas reconnue par le grand public, parce que les dernières symphonies sont sans cesse programmées en concert et que les premières, empreintes d’un langage tonal tranchant et dissonant difficilement audible, sont ignorées». Fichtre.


Inutile d’accabler le compositeur, dont Polymnie a déjà précédemment publié plusieurs œuvres, et mieux vaut donc s’intéresser au passionné de Mahler. Une affection ancienne, remontant à la très précoce ambition d’un jeune homme de quatorze ans: transcrire pour piano seul les dix Symphonies. Universal, qui lui fit observer, une décennie plus tard, que «depuis la naissance du disque, de tels arrangements ne sont plus en vogue et ne correspondent plus à la demande du public», n’avait certes objectivement pas tort. Mais c’était faire fi du panache déployé aussi bien par le transcripteur que par l’interprète dans cette Première Symphonie (1888), déjà précédemment arrangée à quatre mains par Bruno Walter ou à quatre fois quatre mains par Marc-Olivier Dupin. A deux mains seulement, c’est évidemment une autre affaire et le travail, achevé en 1990 puis profondément révisé en 1998 et complété en 2010 par la transcription du deuxième mouvement («Blumine») que Mahler devait finalement écarter, ne peut éviter que certains traits de l’orchestration originale passent mal ou soient même éludés – d’emblée les longues tenues en harmoniques des violons. Mais l’essentiel, porté par l’élan et la conviction de Lühl-Dolgorukiy lui-même, fait bien mieux que tenir la route et force parfois même l’admiration.



A mi-chemin entre la composition et l’arrangement, la révision et l’achèvement (1991-1998) du Quatuor avec piano (1876) de Mahler laisse en revanche l’auditeur sceptique face à un projet à la fois trop ambitieux et mal ficelé. Du tout jeune Mahler, il ne reste en effet qu’un mouvement entier (en la mineur), édité en 1973 avec les esquisses d’un scherzo (en sol mineur) et rapidement entré au répertoire. Lühl-Dolgorukiy se contente d’y apporter quelques corrections, fondées sur la consultation du manuscrit mais, comme Schnittke trois ans plus tôt, achève le scherzo et complète le tout par deux autres mouvements, écrits, comme Mahler l’avait fait pour le premier, en une nuit au piano, «près de mourir d’intoxication au carbone, car il travaillait à la lueur d’une bougie par imitation de la manière dont Mahler composait». Il transpose, emprunte aux Kindertotenlieder («Oft denk’ ich, sie sind nur ausgegangen»), à la Cinquième Symphonie et à des fragments posthumes (Prélude symphonique de 1876, Presto en fa contemporain de la Quatrième) et recoud le tout. Bref, c’est moins du Mahler que du Lühl-Dolgorukiy, très attaché à faire (re)vivre cette partition et visiblement dépité qu’aucun éditeur n’ait souhaité la publier, bien que Peters ait semble-t-il manifesté un temps son intérêt pour les deux premiers mouvements. Toutefois, l’interprétation très engagée des membres de l’Ensemble Monsolo réunis autour du compositeur constitue sans nul doute pour lui une belle consolation.


Le site de l’Ensemble Monsolo


Simon Corley

 

 

 

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