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09/19/2012 Joseph Jongen : Concerto pour harpe, Opus 129 – Deux pièces pour quatre altos – Poème élégiaque pour alto et piano – Harpe esquisse, Opus 96 Rachel Talitman (harpe), Pierre-Henri Xuereb, Sabine Toutain, Nicolas Bône, Christophe Gaugué (alto), Jean-Louis Haguenauer (piano), Orchestre «Il Sono», André Poulet (violoncelle et direction)
Enregistré en 2011 – 45’
Harp & Co 5050-27 (distribué par Intégral) – Format 16/9 – Code région: 0
Dès les tous premiers accords du Concerto pour harpe de Joseph Jongen on prend conscience d’un événement d’importance. La fluidité de l’ambiance rappelle nettement le Pelléas de Debussy. Les idées mélodiques sont immédiatement captivantes et le compositeur les développe ensuite avec une technicité indiscutable... Dommage qu’une pièce aussi consistante ne figure pas au répertoire régulier des harpistes, ou du moins qu’on ne la leur demande qu'aussi peu souvent. Ici Rachel Talitman en donne une interprétation d’un confort instrumental idéal, accompagnée par un orchestre de jeunes musiciens qui ne se laisse pas déconcentrer par la présence intrusive des caméras, joli moment d’interprétation filmé en toute simplicité.
Autres découvertes: le Poème élégiaque pour alto et piano, développements franckistes de bon aloi mais toujours une belle sensualité (ambivalence chaleureusement restituée par Pierre-Henri Xuereb à l’alto et Jean-Louis Haguenauer sur un rutilant piano Fazioli), Deux pièces pour quatre altos (ou quatre violoncelles) et Harpe Esquisse pour harpe et quatuor à cordes, brève pièce d’une subtilité harmonique très fauréenne. A chaque fois de beaux moments de musique de chambre à la française, qui se passent de commentaires tant leur limpidité et leur aisance s’imposent naturellement.
Reste à présenter le compositeur. Un Wallon pas tout à fait inconnu (les discophiles chevronnés l’ont vu passer de temps en temps sur les pochettes) mais quand même un musicien peu joué hors de sa Belgique natale. Jongen a accompli l’essentiel de sa carrière en tant que directeur des conservatoires de Liège et Bruxelles. Lignée franckiste, complicité avec D’Indy, influences de l’impressionnisme français... tout est dit, hormis l’essentiel: l’extraordinaire fraîcheur de cette musique à découvrir.
S’il s’était agi d’un enregistrement audio, ce programme aurait pu figurer parmi les parutions importantes d’un mois discographique. Paradoxalement, en DVD, l'objet paraît trop modeste et passe bien davantage inaperçu. On peut regretter la faiblesse du minutage (quarante minutes de musique seulement) mais autant la qualité visuelle que sonore et bien sûr la densité musicale du propos ne décevront personne.
Laurent Barthel
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