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09/14/2012 «Beethoven For All. The Piano Concertos»
Ludwig van Beethoven : Concertos pour piano n° 1, opus 15, n° 2, opus 19, n° 3, opus 37, n° 4, opus 58, et n° 5, opus 73
Staatskapelle Berlin, Daniel Barenboim (piano et direction)
Enregistré à la Jahrhunderthalle, Bochum (21-23 mai 2007) – 182’17
Coffret de trois disques Decca 478 3515 (distribué par Universal) – Notice de présentation en français, anglais et allemand
Intitulée «Beethoven pour tous», la nouvelle série lancée par Decca met en avant Daniel Barenboim (né en 1942) – un des interprètes les plus éminents du maître de Bonn – dans divers coffrets permettant de disposer notamment des neuf Symphonies (avec le West-Eastern Divan) et d’une intégrale des Sonates pour piano (qui sortira le mois prochain). Le présent album – réédition d’une prestation datant de 2007 et déjà parue en DVD (EuroArts) – met en scène Barenboim dirigeant du piano les cinq Concertos avec la Staatskapelle de Berlin – un attelage déjà entendu sur d’autres scènes que celle de la vaste Jahrhunderthalle de Bochum. Le choix du lieu ne facilite pas la prise de son, qui respire avec trop d’amplitude dans l’espace de la salle et assèche le propos. Est-ce, pour autant, ce qui explique que la fusion entre l’orchestre et le piano (à la sonorité métallique) ne semble jamais vraiment s’opérer?
Le Premier Concerto résume bien le niveau général de la performance: un toucher en mal d’opulence (... défaut bien surprenant de la part de ce pianiste!), maniéré même par moments, avec quelques ralentis au goût pas forcément heureux et certaines imprécisions. Partout, l’excès de subtilité nuit à la dynamique de l’ensemble et se vide de sentiments authentiques. Quant à l’orchestre, on reconnaît sa belle souplesse mais l’on cherche en vain son habituelle précision. Quoique mieux balancé, le Deuxième Concerto manque du brillant et de la vélocité que le soliste sait généralement y insuffler, le dialogue du piano et de l’orchestre en pâtissant considérablement. De caractère pastoral (un climat qui réussit aux deux derniers mouvements – mais pas au premier), le Troisième Concerto présente un orchestre bien mollasson et un clavier brouillon... à mille lieues du souvenir du Barenboim de concert (bien que l’intimisme de la cadence de l’Allegro con brio ne laisse pas indifférent).
Et si les deux derniers concertos offrent davantage de satisfactions – notamment dans l’Andante con moto du Quatrième, rempli de sensibilité et de pudeur –, c’est d’abord et avant tout parce qu’ils se parent d’une sobriété bienvenue – à défaut de trouver le moteur d’une exécution qui se traîne toujours et semble ne jamais parvenir à décoller. Dans la notice, Warwick Thompson écrit: «de toute évidence, on peut encore s’attendre à de nouvelles surprises, car [Daniel Barenboim] est constamment en train d’évoluer et d’inculquer au monde «les leçons de vie de Beethoven». C’est tout à fait exact – mais sûrement pas avec cette parution.
Le site de «Beethoven For All»
Gilles d’Heyres
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