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08/13/2012
Gustav Holst : Walt Whitman Overture, opus 7, H.42 – Symphonie en fa majeur, opus 8, H.47, «The Cotswolds» – A Winter Idyll, H. 31 – Japanese Suite, opus 33, H.126 – Indra, opus 13, H.66

Ulster Orchestra, JoAnn Falletta (direction)
Enregistré à la Salle Ulster de Belfast (11-12 octobre 2011) – 65’56
Naxos 8.572914 – Notice (en anglais) de Keith Anderson





Chef principal de l’Orchestre d’Ulster depuis mai 2011, JoAnn Falletta, l’une des rares femmes de la profession, propose, pour son premier enregistrement à la tête de cette phalange, cinq œuvres peut-être moins connues de Gustav Holst (1874-1934), quatre d’entre elles écrites entre 1897 et 1903. Si ces partitions sont restées longtemps dans un relatif oubli, la responsabilité en incombe à la fille du compositeur, Imogen Holst, qui, voulant servir son père au mieux de ses possibilités, condamna certaines pièces dans ses écrits, les jugeant d’un second ordre qui ne pouvait que ternir le catalogue du compositeur alors qu’en fait elles en éclairent l’acheminement personnel.


A Winter Idyll (1897) porte un titre qui avait sans doute une résonance intime et la pièce exprime une attitude énergique teintée de bien-être qui ne peut être que personnelle, mais le style en révèle l’influence prépondérante de Sir Charles Villiers Stanford, dont Holst était encore l’élève. La maîtrise orchestrale du compositeur ne fait déjà, cependant, aucun doute. Deux ans plus tard, la maîtrise intacte et le génie mélodique affirmé, l’énergie du compositeur n’avait rien perdu de sa fougue et l’Ouverture Walt Whitman en témoigne. Comme son collègue et ami Ralph Vaughan Williams, Holst admirait le poète américain et l’Ouverture se devait de faire partie du programme de JoAnn Falletta, Américaine elle-même. C’est une marche en avant à saveur épique, quoiqu’encore un peu extérieure, et Falletta, au diapason de la qualité énergique, en soigne les strates timbrales, les effets antiphoniques, et les nuances extrêmes de la puissance sonore.


Une énergie ensoleillée caractérise trois des quatre mouvements de la Cotswolds Symphony (1899-1900), les Cotswolds étant la région natale du compositeur. Un intérêt grandissant pour la musique traditionnelle peut fugitivement se ressentir mais la composition n’est nullement pastorale. Trois des quatre mouvements laissent une impression de jeunesse, de fraîcheur et de joie de vivre picaresque qui correspond peut-être à Holst lui-même, en 1899 tromboniste de l’orchestre de la Compagnie itinérante Carl Rosa. C’est plus particulièrement l’écriture pour les cuivres qui permet de mesurer les progrès de l’auteur vers une musique plus personnelle mais bien au-delà vient le magnifique deuxième mouvement «Elegy (In memoriam William Morris)», insolite au cœur de la symphonie et presqu’une œuvre à part. Le décès du grand artiste altruiste avait affecté le jeune Gustav Holst et son profond regret devient le révélateur de son indépendance musicale qui s’exprime lors de l’«Elégie», marche funèbre, souple, poignante, ample et généreuse. L’interprétation des musiciens d’Ulster sous la direction de Falletta est peut-être plus lourde et plus solennelle que la houle émouvante de celle de Douglas Bostock à la tête de l’Orchestre symphonique de Munich mais, plus acérée, elle vient mieux à l’appui du relief orchestral et du bouillant optimisme de l’ensemble de la symphonie.


Le poème symphonique Indra (1903), ici pour la première fois in extenso, est la toute première œuvre qui témoigne de l’intérêt philosophique que Gustav Holst portait à la littérature indienne en langue sanskrite. Epique, programmatique, subtilement colorée, ample et parfois un rien grandiose, la fine orchestration, aux instants de statisme dynamique et aux rehauts de solos instrumentaux, en particulier des cors, peut faire penser à Dukas (les instants elgariens en moins) mais le talent particulier du compositeur anglais s’affirme pleinement. Falletta en accentue les nuances timbrales, sa direction peut-être plus incisive que celle de David Atherton à la tête du Philharmonique de Londres en 1982. Sir Adrian Boult, tout aussi incisif et bien plus fougueux, réussit à donner une note plus exotique à la Suite japonaise avec en particulier une «Danse des loups» d’une étrange sauvagerie menaçante, les deux en réussissant la belle accélération. La Suite en six volets provient d’un ballet, commande du danseur japonais Michio Ito honorée en 1915 pendant la composition de l’inoubliable suite Les Planètes. Elle se résume à un bel exercice de style orientalisant mais le charme en est certain, les motifs mélodiques authentiques et les modes dûment pentatoniques, et, si on oublie le Japon précisément, la partition redouble de magie et d’élégance, les strates orchestrales finement rythmées aux couleurs recherchées, les délicats scintillements des trois volets plus lents tout à fait délicieux.


Jusqu’à Indra compris, le programme permet de suivre l’évolution de Gustav Holst de l’étudiant au compositeur accompli. Si on peut regretter l’absence ici de l’étonnant Mystic Trumpeter (1904) sur un poème de Whitman, déjà présent au programme de l’un des quatre autres enregistrements que Naxos consacre à Holst, la Suite japonaise reste un choix judicieux par sa nature même. JoAnn Falletta enflamme son orchestre, et leur conviction est palpable. On ne peut que souhaiter la bonne suite de leur collaboration fructueuse.


Le site de JoAnn Falletta
Le site de l’Orchestre d’Ulster


Christine Labroche

 

 

 

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