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06/01/2000 Johann Sebastian Bach : Chaconne, Johannes Brahms : *Concerto pour violon, Peter Tchaïkovski : *Concerto pour violon, Max Bruch : **Fantaisie écossaise, Jean Sibelius : #Concerto pour violon, Alexander Glazounov : ***Concerto pour violon, George Gershwin : †3 Préludes Jascha Heifetz (violon)
*Chicago Symphony Orchestra, dir. Fritz Reiner ; #Chicago Symphony Orchestra, dir. Walter Hendl ; **New Symphony Orchestra of London, dir. Sir Malcolm Sargent ; ***RCA Victor Symphony Orchestra, dir. Walter Hendl
†Brooks Smith (piano)
RCA 74321 63470 2 (2 CD) L’approche de la fin du centenaire a ouvert un marché considérable de belles rééditions et de compilations témoignant de l’art des grands musiciens du XXe siècle. Après l’ambitieuse collection « grands pianistes du siècle » de Philips et la superbe collection « grands enregistrements du siècle » d’EMI, RCA propose elle aussi une série monographique des « grands artistes du siècle », sélection incontestable mais dont les programmes se plient parfois trop à l’art de la compilation. Regroupant quelques-uns des plus grands concertos du répertoire (Brahms, Tchaïkovski, Sibelius), le beau volume consacré au grand violoniste Jascha Heifetz mérite toute l’attention du mélomane. Heifetz possédait une technique inégalée par ses grands contemporains (certains disent : inégalée tout court), d’une évidente facilité, donnant l’impression d’une étonnante et totale fluidité d’élocution, d’ailleurs accentuée par des tempi assez animés (écoutez Brahms, et surtout Sibelius !). La sonorité du violon est d’une incroyable finesse (quel aigu magnifique !), et le jeu, d’une élégance aristocratique – à la fois réservé et engagé, ne recherchant d’aucune manière le spectaculaire et fuyant le pathétique. Quelques fines bouches ont trouvé ce jeu lisse et froid, impression que ses admirateurs ont expliqué par son absence de difficultés techniques (lesquelles expliqueraient les aspérités du jeu de ses collègues). Si Heifetz savait incontestablement gérer la tension musicale et le lyrisme des concertos romantiques, peut-être ne marquait-il pas toujours suffisamment la pulsation rythmique – ce qui rendait son jeu presque trop fluide parfois, la carrure des phrases manquant de netteté. Mais à ce niveau de musicalité et de beauté instrumentale, la « critique » n’est plus que le reflet d’une affaire de goût (et du goût des palabres, parfois), qui ne rend pas l’écoute de ces interprétations incomparables moins indispensable. Stéphan Vincent-Lancrin
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