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06/14/2012
André Caplet : Le Miroir de Jésus

Béatrice Gaucet (soprano), William Anger, Raphaël Mas, Emmanuel Pousse (solistes de la Maîtrise de Notre-Dame de Paris), Chœur Britten, Fabrice Pierre (harpe), Annick Roussin, Claire Rapin (violon), Pierre-Henri Xuereb (alto), Jérôme Pernoo (violoncelle), Bernard Cazauran (contrebasse), Nicole Corti (direction)
Enregistré à Périgueux (novembre 1995) – 70’04
Saphir Productions LVC 1105





Esther Choi (mezzo), Esther Bertram (récitante), Teresa Zimmermann (harpe), Mädchenchor Hannover, il gioco col suono: Kana Sugimura, Solenne Paidassi (violon), Yannick Hettich (alto), Vashti Hunter (violoncelle), Flóra Bartányi (contrebasse), Gudrun Schröfel (direction)
Enregistré à Hanovre (1er-3 juillet 2011) – 60’53
Rondeau Production ROP6055





André Caplet (1878-1925) demeure encore aujourd’hui bien davantage connu comme étudiant, ami et précieux assistant de Debussy que comme compositeur. Son catalogue, il est vrai, frappe à la fois par sa modestie – en raison d’une intense activité comme chef d’orchestre et directeur de la musique au sein de différentes institutions (Odéon, Opéra de Boston, Opéra de Paris) mais aussi d’une vie écourtée par les gaz inhalés durant la Première Guerre mondiale – et par sa profonde originalité: pas de symphonie, de concerto, de quatuor, de sonate ou d’opéra, mais un ensemble très personnel où culminent le célèbre Masque de la mort rouge (1908) pour harpe et orchestre (Conte fantastique dans sa version pour harpe et quatuor réalisée en 1923), l’inattendu Septuor pour cordes vocales et instrumentales (1909) et l’admirable Epiphanie (1924) pour violoncelle et orchestre. Au sein d’une discographie réduite que de grands interprètes auraient été bien inspirés de contribuer à enrichir, on ne peut que se réjouir d’être en mesure de confronter deux versions récemment parues d’une œuvre également sui generis, mais de beaucoup plus vastes proportions (plus d’une heure), Le Mystère de Jésus (1923).


Sous-titré «Quinze petits poèmes sur les saints mystères du Rosaire qu’Henri Ghéon composa et qu’André Caplet de musique illustra», ce triptyque est écrit pour voix de femme solo (chantée mais aussi récitée dans l’ultime «Couronnement au ciel»), petit chœur de femmes (à trois voix), harpe et quintette à cordes. Comme celle de Caplet, la vie de Ghéon (1875-1944), disciple de Gide, sous le patronage duquel il fut l’un des fondateurs de la NRF, fut placée sous le signe d’une ardente foi catholique, celle d’un médecin engagé – volontaire, lui aussi – durant la Première Guerre mondiale. Les trois parties, «Miroir de joie», «Miroir de peine» et «Miroir de gloire», évoquent successivement la Nativité, la Passion et la Résurrection. Chacune consiste en cinq sonnets (dont le titre, comme celui de l’œuvre elle-même, est préalablement chanté, telle une lettrine enluminée) et débute par un prélude instrumental – celui du deuxième «miroir» est véritablement bouleversant, malgré une grande économie de moyens (cordes à l’unisson). Chaque sonnet est ensuite chanté (en français) par la soliste et ponctué d’interventions (en latin) du chœur.


Caplet, qui orchestra, outre Children’s Corner et La Boîte à joujoux, Le Martyre de saint Sébastien (dont il dirigea la création), en retrouve ici le ton archaïsant, à base de modalité, d’homophonie mais aussi de chant grégorien. Le tout possède la naïveté d’un mystère médiéval, tout en ne reniant pas son époque, entre enchantements debussystes, Messiaen des Trois petites liturgies de la présence divine mais aussi Sprechgesang schönbergien.


Les deux versions dont l’actualité discographique suggère la confrontation consistent respectivement en l’opportune réédition par Saphir Productions d’un enregistrement de 1994 (sorti en son temps chez 3D Classics) et en une nouveauté présentée par l’éditeur lipsois Rondeau Production. Cette conjonction apparaît d’autant plus remarquable lorsqu’on se souvient que seules trois autres versions sont par ailleurs répertoriées, dirigées par Bernard Tétu (Accord) – la première jamais réalisée de l’œuvre, près de 70 ans après sa création –, Philippe Bender (Sonpact) et Mark Foster (Marco Polo).


A la différence de la pratique parfois retenue, dont témoigne par exemple le splendide témoignage en public (1953) avec Irma Kolassi et sous la baguette de Pierre Capdevielle en la Sainte-Chapelle (1953), qui recourt à un orchestre à cordes, les deux versions récemment parues s’en tiennent à une stricte option chambriste, c’est-à-dire un exécutant par pupitre. Toutefois, avec la réverbération qui caractérise le disque paru chez Rondeau, les cinq cordes de l’ensemble «il gioco col suono» tendent à sonner comme un orchestre de chambre. En tout état de cause, contrairement à ce qu’indique la notice (en allemand et en anglais, incluant les textes chantés et leur traduction en allemand), il ne s’agit pas du premier enregistrement dans cette configuration: en effet, aussi bien celui publié chez Accord que celui réédité aujourd’hui par Saphir (avec une notice en français et en anglais, hélas sans la reproduction des textes chantés) avaient déjà ouvert la voie.


La récente version allemande, sous la direction de Gudrun Schröfel, est peut-être techniquement plus satisfaisante pour ce qui est des voix, mais présente un défaut de diction rédhibitoire, partagé tant par le Chœur de jeunes filles de Hanovre que par la mezzo Esther Choi (et la récitante Esther Bertram qui la supplée). En revanche, la soprano Béatrice Gaucet, qui, quant à elle, chante et récite l’ensemble des textes, et les Lyonnais du Chœur Britten, sous la direction de Nicole Corti, l’emportent aussi bien du point de vue du style que du climat: significativement plus lente (70 minutes contre 60 pour les Allemandes), leur vision est aussi singulièrement plus habitée et impliquée.


Un site consacré à André Caplet
Le site du Chœur Britten
Le site du Chœur de jeunes filles de Hanovre


Simon Corley

 

 

 

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