About us / Contact

The Classical Music Network

CD

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

04/09/2012
Œuvres de Gervaise, Sweelinck, Frescobaldi, Buxtehude, Sola, Cabanilles, Muffat, Dandrieu, Bach, Böhm et Balbastre

Bruno Morin (orgue)
Enregistré en l’abbaye Saint Georges de Boscherville (septembre 2011) – 64’29
Association Guillaume Lessélier (distribution ATAR & Association Guillaume Lessélier) – Notice en français





Voilà le cinquième CD enregistré sur le grand orgue de Saint-Martin-de-Boscherville dont le buffet coloré orne la pochette du disque mais surtout prend vie dans la tribune de l’imposante église romane, très sobre, édifiée au cœur de l’abbaye Saint-Georges-de-Boscherville, située en Normandie.

On vous invite, avant chronique, à découvrir cette abbatiale du XIe et XIIe siècles, le jardin des senteurs, la vigne, le verger, le labyrinthe végétal, les très ouvragés piliers du cloître et à vous promener dans les allées du jardin tel qu’il était façonné au XVIIe siècle.

Lorsqu’on pénètre dans l’église et que l’orgue s’y exprime - tenu à l’année par l’organiste Benoît Lecoq -, on remarque d’emblée l’acoustique très généreuse, ronde, de l’édifice roman. C’est donc tout naturellement que l’abbatiale devient en 2001, le cadre d‘un festival dédié à son orgue construit en 1627 par Guillaume Lessélier, alias l’anglo-saxon William Lesseler. En juillet 2012, le onzième festival accueillera les organistes Edouard Leysen, Elise Leonard, Nicolas Pien et Ghislain Leroy jusqu’à la fin du mois.


Bruno Morin a participé à ce festival lors de sa quatrième édition, en 2005 puis également l’été dernier, avant d’enregistrer l’album. L’atout du disque, c’est son remarquable agencement musical : une approche chronologique qui fonctionne à l’écoute, la mise en évidence d’une familiarité de langage entre les seize œuvres et leurs compositeurs, son aspect musicalement cosmopolite.
En 1994, l’année où fut inauguré à nouveau l’orgue Lessélier après la restauration de Bernard Aubertin, Bruno Morin recevait le grand Prix d’interprétation du Concours International d’orgue de Chartres.


Véritable hommage à Guillaume Lessélier par la démonstration et l’utilisation des sonorités, timbres et jeux de l’instrument, ce disque s’ouvre sur une tonique gaillarde de Gervaise, propose davantage d’introspection avec Sweelinck, notamment dans les variations nostalgiques de la chanson « Mein junges Leben hat ein End » et son post-scriptum si tendre. Tous les possibles de l’instrument sont révélés au fil de l’album, par une autre gaillarde, celle de Byrd toute en noblesse, également par celle de la seconde pavane dont les éclaircies sonores apparaissent comme une illustration des termes « Virginal music ».

On trouve cependant le Balletto de Sweelinck très exigeant, moins lisible. C’est sans doute la plus grande liberté d’interprétation qu’il autorise, qui nous trompe à la première écoute. Quoi qu’il en soit, on préfèrera les couleurs particulières de la pièce sous le vert tilleul (« Unter der Linden grüne ») quelques plages plus loin.

Dans le deuxième quart de l’album, Bruno Morin installe des ambiances denses avec l’Aria de Frescobaldi, d’une assise rythmique à toute épreuve, déroulant les phrases comme des flux thématiques, avec limpidité.

Lorsqu’on arrive aux structures plus canoniques d’écriture pour orgue, l’organiste s’ingénie à développer davantage la majesté de la pièce, comme pour la fugue (BuxWV174) de Buxtehude ou alors il met au service de la partition sa vélocité pour alléger, faire respirer, donner de l’amplitude, notamment lorsqu’il interprète la Canzona du même compositeur.

Une des moments de grâce du disque, c’est probablement l’intimité, la finesse de(s) jeu(x) du tiento d’Andres de Sola qui précède le tiento de Cabanilles, plus démonstratif en contrepoints et changements de timbres. Vient ensuite l’introvertie chaconne de Muffat, très dolce : autre moment suspendu de l’album.

Trop rapidement, car c’est déjà le dernier quart du disque-hommage, on atteint le répertoire XVIIIe, avec les noëls des français Dandrieu et du brillant Balbastre, les chorals plus patriarcaux des germains Bach et Böhm. On s’aperçoit alors que l’album se referme quasiment sur les ultimes œuvres qu’a dû produire l’orgue Lessélier au cours de sa dernière année d’activité en 1733, avant sa restauration très tardive, deux siècles et demi pus tard.


Le site de Bruno Morin
Le site de l’Association Lessélier et de son festival



Pauline Guilmot

 

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com