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03/02/2012
«Dans les brouillards, autour de 1912»
Claude Debussy : Préludes (Second Livre)
Leos Janácek : V mlhách
Alexandre Scriabine : Cinq Préludes, opus 74
Arnold Schönberg : Sechs kleine Klavierstücke, opus 19

Jérôme Granjon (piano)
Enregistré en l’église évangélique Saint-Marcel, Paris (27-29 mars 2011) – 67’08
Anima Records ANM/111000001 – Notice en français, anglais et japonais





Jérôme Granjon, qu’on connaît comme membre fondateur du Trio Hoboken, se révèle fin soliste dans ce disque très soigné où l’année 1912 sert de pivot à la construction d’un programme original. Comme il s’en explique lui-même, le pianiste français voit dans le début des années 1910 «une période charnière, où l’expression artistique, et pas seulement en musique, s’apprête à faire un saut dans le vide», un «moment où (...) le langage musical s’interroge sur lui-même» et offre des éléments de réponse, certes éclectiques, mais reliés par de possibles «passerelles».


Ces passerelles s’identifient, d’abord et avant tout, au travers du style impeccablement sobre de Jérôme Granjon, dont l’objectivité convient mieux aux Six petites pièces (1911) de Schönberg – qui dégagent un magnétisme sulfureux – qu’aux Cinq Préludes (1914) de Scriabine – lesquels manquent de mystère et, pour le coup, de brouillard. Cette objectivité magnifie, en revanche, le Second Livre des Préludes (1912) de Debussy, où – comme le rappelle Frédéric Sounac dans la notice – «une part de l’hédonisme et de la sensualité du premier livre s’estompe au profit d’une recherche plus abstraite, d’une sorte de "nouvelle objectivité" fondée sur la technique et le son». Jamais passive face au texte, n’hésitant pas à bousculer les phrasés, d’une instabilité souvent stimulante, l’exécution déborde de vitalité et de nervures anguleuses.


A l’inverse, les pièces de Dans les brumes (1912) de Janácek se font – pour reprendre les mots de Jérôme Granjon – «plus sombres, mais procèdent également d’une inquiétude philosophique, d’une interrogation sur un avenir désormais pensé comme énigmatique». Le pianiste en propose une lecture exigeante, conciliant assurance et délicatesse du toucher, n’esquivant ni l’assèchement de la sonorité (génératrice d’un malaise angoissé) ni la richesse du son (rempli de violente virtuosité). Tout juste doit-on regretter quelques traits trop agressifs ou un peu heurtés. Au total, l’intérêt premier de ce disque réside non pas dans le brouillard d’une interprétation qu’on pourrait – vu le titre de l’album – croire vaporeuse et trouble, mais dans son éclatante lumière.


Le site de Jérôme Granjon


Gilles d’Heyres

 

 

 

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