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02/15/2012
Georg Philipp Telemann : Burlesque de Quixotte, TWV 55G:10 – Concerto en mi mineur pour flûte à bec, flûte traversière et basse continue, TWV 52:e1 – Entrée et suite burlesque en ré majeur, «Suite Gulliver», TWV 40:108 – Concerto en la mineur pour deux flûtes, cordes et basse continue, TWV 52:a2 – Introduction à trois, TWV 42:C1 – Tafelmusik TWV 50:10: Conclusion en mi mineur

Les Esprits Animaux
Enregistré à l’espace culturel C. J. Bonnet, chapelle de Jujurieux (23-27 avril 2011) – 69’20
Editions Ambronay AMY302 (distribué par Harmonia mundi) – Notice trilingue (français, anglais et allemand) de Javier Lupiánez





Comme le narre fort bien Javier Lupiánez dans la notice, l’ensemble Les Esprits Animaux résulte de rencontres entre jeunes musiciens passionnés, d’amitiés nouées au fil du temps et du hasard. Le nom de l’ensemble fait ainsi «référence à un concept très baroque, qui désigne une chose essentielle aussi bien pour les musiciens de l’époque baroque que pour nous, qui serait une substance ou un air qui voyagerait en nous et aurait la faculté de ‘‘faire vibrer les passions’’». Comment, dès lors, passer à côté de l’œuvre de Georg Philipp Telemann (1681-1767)? En effet, le grand compositeur allemand a, certes comme nombre de ses confrères, su créer des œuvres extrêmement diverses propres à flatter l’ensemble des sentiments humains. En outre, le fait qu’il ait composé des pièces aux titres évocateurs («Grenouilles et corneilles en concert» dans l’Alster-Ouvertüre ou «L’Espérance de Mississippi» dans la Suite en si bémol majeur «La Bourse») ne pouvait manquer d’interpeller ces sept musiciens qui livrent là un disque extrêmement brillant.


Telemann a composé deux œuvres fondées sur l’histoire de Don Quichotte: une Sérénade sous-titrée «Don Quichotte auf der Hochzeit des Comacho» et une Suite pour cordes, qui fait l’objet du présent enregistrement et dont les divers mouvements sont censés illustrer l’état d’esprit du héros, accompagné de son indispensable acolyte Sancho Panza. Les Esprits Animaux nous plongent immédiatement dans la comédie, dans le théâtre avec notamment un magnifique «Réveil de Quixotte» où le violon de Javier Lupiánez danse tout doucement sur une pulsation nonchalante du reste de l’ensemble; l’«Attaque des moulins à vent» et surtout «Le Couché de Quixotte» permettent aux musiciens de faire la preuve de leur maîtrise technique dans deux mouvements endiablés, ceux-ci faisant également montre d’un grand humour dans la partition lorsqu’ils interprètent «Le Galope de Rosinante/Celui d’Ane de Sanche». Ça fuse, ça virevolte, ça ragaillardit: un plaisir total!


Œuvre également très connue de Telemann, le très beau Concerto en mi mineur pour flûte à bec, flûte traversière et basse continue, véritable modèle d’équilibre et d’harmonie entre les timbres. Lena Franchini (à la flûte à bec) et Elodie Virot (à la flûte traversière) sont tout simplement parfaites, jouant leur partie avec une simplicité et une évidence qui permettent à la pièce de séduire l’auditeur là aussi dès les premières notes. Le Largo introductif est certainement le mouvement le plus réussi; en revanche, alors que tout était jusqu’alors excellent, le dernier mouvement fait retomber l’enthousiasme en raison d’une fin caricaturale par son ralenti excessif qui frise le mauvais goût. On en restera donc, pour cette œuvre, à la version toujours d’actualité, bien qu’enregistrée en juin 1986, de Michael Schneider et de Wilbert Hazelzet accompagnés par Musica Antiqua Köln dirigé par Reinhard Goebel (chez Archiv Produktion).


La Suite Gulliver (1728) «für zwei Violinen ohne Bass» est également un bel exemple de cet humour si fréquent chez Telemann qui s’inspire ici d’une satire de Jonathan Swift datant de 1726. Les cinq petites pièces qui forment l’ensemble mettent à rude épreuve les deux violonistes, Javier Lupiánez et Tomoe Mihara, qui jouent avec la partition à qui mieux mieux, qu’il s’agisse du fourmillement de la «Chaconne des Lilliputiens» (qui ne dure que 26 secondes...), de la gigue volontairement maladroite des Brobdingnags ou de «La Rêverie des Laputiens» où alternent basses langoureuses et traits techniques dans l’aigu.


Après un très beau Concerto pour deux flûtes, l’Introduction à trois (extraite du recueil Der Getreue Music-Meister publié par Telemann à Hambourg en août 1728) offre de nouveau un florilège de cette musique si foisonnante où les poursuites entre cordes et flûtes se multiplient (dans le presto «Xantippe» notamment), les musiciens sachant également prendre leur temps, notamment dans le très beau largo «Lucretia». La «Conclusion en mi mineur», qui n’est autre qu’un extrait de la célèbre Tafelmusik («Musique de table») permet de nouveau aux sept musiciens de briller par leur technique, leur sens des aspérités, du mordant, de la vie tout simplement: de quoi les encourager à poursuivre l’exploration de ce répertoire dont ils contribuent sans aucun doute à renouveler l’approche.


Le site de l’ensemble Les Esprits Animaux


Sébastien Gauthier

 

 

 

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