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02/03/2012
Heinrich Schütz : Musikalische Exequien
Vox Luminis, Lionel Meunier (direction)
Enregistré en 2010 – 56’
Ricercar RIC 311 (distribué par Outhere)





 Must de ConcertoNet


Les Musikalische Exequien de Heinrich Schütz ne sont peut-être pas l’œuvre la plus représentative de la manière de leur auteur, souvent située au croisement de l’Europe du Nord et de l’influence italienne. Cette fois il s’agit vraiment d’une musique de spiritualité protestante et nordique, dont le dépouillement d’inspiration face à la mort renvoie directement à plus de deux siècles de distance au Requiem allemand de Brahms. Un chef-d’œuvre austère mais dont la douce et sereine lumière nous bouleverse durablement.


Il s’agit bien d’une musique funèbre, en l’occurrence destinée au service d’inhumation d’un prince (Johann Posthumus von Reuss) à Gera en Thuringe en 1635, et dans un contexte de surcroît difficile, celui d’une Allemagne ruinée par la Guerre de trente ans. Ce disque met ces Musikalische Exequien (orthographiées ici selon une pratique désuète, sans doute d’époque, en Musicalische exequien) en perspective au sein d’une sorte d’office funèbre cohérent, incluant Motets et pièces d’orgue supplémentaires. La démarche paraît juste, dénuée de toute légitimité historique indiscutable, sans doute, mais efficace.


L’interprétation de l’ensemble Vox luminis s’intègre à la fois dans un mouvement choral baroque qui s’est beaucoup intéressé à ces œuvres de Schütz depuis des dizaines d’années et s’en distingue assez nettement par l’absolue simplicité de l’approche, en quelque sorte une quintessence d’ « art qui cache l’art ». Les voix sont peu nombreuses, le continuo ne prolifère pas, les lignes s’envolent et se croisent sans maniérisme aucun. Rien que le dépouillement d’un recueillement luthérien dont plus rien d’accessoire ne permet de mettre en doute la toute simple authenticité.


Des versions concurrentes existent (Gardiner, Herreweghe, La chapelle rhénane) mais gardent en regard de celle-ci une sorte de préméditation interprétative, un rien de raideur et de massivité dans les intentions qui font de ces Musicalische Exequien des pièces de musée. Ici, en revanche, quelque chose d’infiniment vivant et orant semble émerger du passé. Une certitude à l’issue de ces 56 minutes toutes de densité et de luminosité tamisée : on y reviendra souvent, indépendamment de toutes considérations de répertoire ou d’époque, à des moments où se nourrir d’une telle musique peut devenir un impérieux besoin. De même que certains soirs un irrésistible désir de réécouter une version paisible et sans pathos appuyé du Requiem allemand de Brahms (Frieder Bernius ?) peut nous interpeller.


Laurent Barthel

 

 

 

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