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02/02/2012 Geirr Tveitt : Mélodies Per Vollestad (baryton), Sigmund Hjelset (piano)
Enregistré à Oslo (2008) – 60’
SIMAX Classics PSC 1233 (distribué par DistrArt)
Hors du cercle des spécialistes de la musique scandinave le nom de Geirr Tveitt n’évoque pas forcément grand-chose. En tentant d’approfondir, on pourra identifier sous ce patronyme de prononciation hypothétique l’une des personnalités importantes qui ont succédé à Grieg et Sinding dans l’histoire de la musique norvégienne. Mais c’est surtout grâce au travail entrepris depuis quelques années par les éditeurs Naxos et BIS que l’on aura peut-être déjà pu faire plus ample connaissance avec ce compositeur qui mérite effectivement le détour.
A son époque Tveitt a sans doute subsisté davantage grâce à ses talents de pianiste, parvenant néanmoins à se faire connaître grâce à plusieurs concertos pour piano et à d’importants recueils de danses symphoniques d’inspiration norvégienne qui restent aujourd’hui les éléments essentiels de son succès. L’œuvre de ce compositeur prolifique s’est trouvée amoindrie pour une raison purement matérielle : l’incendie de son domicile, belle maison de bois isolée en pleine nature, qui contenait toutes ses partitions. Ce qu’il nous reste de l’œuvre de Tveitt n’est jamais que ce qui a survécu à ce brasier, voire éventuellement des partitions disparues mais qui ont pu être reconstituées grâce à des travaux musicologiques compliqués et patients.
Ce disque de Mélodies scandinaves explore un territoire encore un peu plus confidentiel dans l’œuvre parcellaire de cette personnalité dont la notoriété ne court pas les rues. Une simple niche de répertoire parmi des milliers d’autres aujourd’hui, mais aussi, à l’écoute, un très joli jardin secret. Musiques modales aux parfums debussystes qui servent bien la ligne vocale, sertie par un accompagnement harmoniquement peu prévisible mais toujours intéressant. Le manque de familiarité avec les langues usitées renforce l’impression de ne pas savoir trop où l’on va, mais on passe néanmoins une heure très agréable, ce d’autant plus que la valeur intrinsèque de cette musique semble s’affirmer au fil des œuvres, culminant dans un étonnant tryptique de Poèmes d’Aslaug Lastad Lygre, d’une rare et mystérieuse beauté.
Une excursion au pays des fjords que l’on peut recommander sans hésiter, ce d’autant plus que la voix du baryton Per Vollestad est très belle et l’accompagnement de Sigmund Hjelset d’une élégance irréprochable.
Laurent Barthel
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