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01/31/2012
Sofia Goubaïdoulina : The Lyre of Orpheus (*) – The Canticle of the Sun

Gidon Kremer (*) (violon), Marta Sudraba (*), Nicolas Altstaedt (violoncelle), Andrei Pushkarev, Rihards Zalupe (percussions), Rotislav Krimer (célesta), Chœur de chambre «Kamēr...», Kremerata Baltica (*), Maris Sirmais (direction)
Enregistré en public à Lockenhaus (16 juin 2006 [The Lyre of Orpheus] et 10 juillet 2010) – 69’20
ECM New Series 476 4662 (distribué par Universal) – Notice en anglais et allemand





Le rôle du label ECM dans la connaissance et la renommée des compositeurs marginaux du bloc de l’Est, avant son éclatement, a été tout à fait essentiel. Arvo Pärt lui doit par exemple beaucoup. Il en est de même de la compositrice tatare Sofia Goubaïdoulina (née en 1931). Le rôle du violoniste letton Gidon Kremer (né en 1947) en faveur de ces deux créateurs a été tout autant remarquable. Le présent disque, rassemblant deux enregistrements pris sur le vif lors du festival de Lockenhaus en 2006 et 2010, confirme et l’engagement d’ECM et l’indéfectible soutien de Gidon Kremer en faveur de Sofia Goubaïdoulina.


Dans La Lyre d’Orphée, œuvre créée à Bâle un mois avant son enregistrement et d’une durée de près de vingt-quatre minutes, essentiellement consacrées aux cordes, Gidon Kremer mène son ensemble de façon exemplaire. Tout est parfaitement maîtrisé. La caisse claire finit par animer la partition puis les clochettes viennent donner quelques couleurs oniriques à ces pages un brin rose bonbon avant que ne déboule le torrent tumultueux des cordes, d’un éréthisme assez théâtral à vrai dire, mais qui ne parvient pas à faire taire complètement les murmures d’un violon infrangible. Dans ces ultimes moments, Gidon Kremer est vraiment insurpassable mais on a quelque mal à adhérer à l’ensemble, d’un luxe sonore paraissant au total un peu vain et artificiel.


Le Cantique du Soleil, sorte de concerto pour violoncelle, chœur et percussions dédié à Mstislav Rostropovitch pour son soixante-dixième anniversaire et inspiré par le chant éponyme écrit en 1224 par Saint-François d’Assise en dialecte ombrien, est cependant encore plus décevant. Ses quatre parties consacrées successivement à la glorification du soleil et de la lune, des quatre éléments, de la vie puis de la mort, et d’une durée voisine, sont de qualité assez inégale. La première, où le violoncelle est très présent, de facture assez minimaliste, ne manque pas de mystère, on est intéressé par la deuxième, marquée par les psalmodies orthodoxes, mais l’ennui s’installe avec les deux dernières par-delà leur aspect recueilli. On est loin de l’énergie, des chromatismes, des vrombissements, des glissandos, pour tout dire de la richesse de la palette sonore d’Offertorium (1980), ce qui est quelque peu paradoxal par exemple pour une page censée glorifier la vie. L’interprétation n’est pas en cause; tous les interprètes sont exemplaires, au service de la compositrice, notamment Nicolas Altstaedt au violoncelle, mais tout se traîne sans que l’on perçoive le dessein strictement musical d’un ensemble qui semble s’achever par le chant de pleureuses tintinnabulantes qui entraperçoivent la lumière divine.


Stéphane Guy

 

 

 

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