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01/02/2012
Henri Dutilleux : Symphonies n° 1 et n° 2 «Le Double» – Métaboles – The Shadows of Time – Tout un monde lointain – Timbres, Espace, Mouvement – L’Arbre des songes – La Geôle – Sonnets de Jean Cassou – Mystère de l’instant
François Le Roux (baryton), Olivier Charlier (violon), Jean-Guihen Queyras (violoncelle), Orchestre national Bordeaux Aquitaine, Hans Graf (direction)
Dates et lieux d’enregistrement non précisés – 203’36
Coffret de trois disques Sony 88697 486852
Comme Saint-Saëns, Ravel et Messiaen, Dutilleux a droit, de son vivant, aux honneurs de la collection «Un siècle en France. Splendeurs de la musique française du XXe siècle» chez Sony. A la différence d’autres volumes de cette série, ce n’est pas ici un panorama de l’œuvre par divers interprètes mais la réédition de l’intégrale de la musique orchestrale gravée il y a une dizaine d’années pour Arte Nova par l’Orchestre national Bordeaux Aquitaine et Hans Graf, qui en fut le directeur musical de 1998 à 2004.
Comme presque toutes les intégrales, celle-ci n’est cependant pas tout à fait complète: il y manque Le Loup, ballet rejeté par le compositeur, et le circonstanciel Slava’s Fanfare, mais aussi les œuvres qu’il a achevées depuis (Sur un même accord, Correspondances, Le Temps L’Horloge). Elle comprend en revanche le premier enregistrement de La Geôle (1944), une mélodie écrite, comme les deux Sonnets de 1954, sur un poème de Jean Cassou.
Pour autant, l’expérience demeure intéressante s’agissant d’un auteur dont le catalogue demeure certes de taille relativement modeste mais qu’on ne reconnaît pas moins aisément, au point qu’il a parfois pu lui être reproché de ne s’être guère renouvelé: trois disques (bien remplis) de cet orchestre à la fois généreux et économe, de ce style à la fois frémissant et réservé, s’écoutent non seulement sans lassitude mais avec bonheur, et ce, au-delà même d’une interprétation qui ne convainc pas pleinement. Car si les solistes sont excellents, le niveau de l’orchestre déçoit parfois, dans une réalisation où les irisations et couleurs de la palette de Dutilleux s’estompent au profit de sonorités plus ternes et massives qu’à l’accoutumée, comme si baguette du chef autrichien conférait une dimension plus germanique à cette musique, acceptable dans la Première Symphonie, voire dans la Seconde «Le Double», mais nettement moins appropriée à partir des Métaboles.
Ce coffret, dont la notice se borne hélas à reproduire l’introduction générale (en français) de Jean-Jacques Velly «Elégance et modernité. La musique française du XXe siècle», commune à tous les volumes de la collection, vaut donc essentiellement par son prix très attractif et demeure globalement moins satisfaisant que l’intégrale (en quatre disques) réalisée quelques années plus tôt pour Chandos par Yan Pascal Tortelier et le Philharmonique de la BBC (où l’on retrouve d’ailleurs le même violoniste, Olivier Charlier, dans L’Arbre des songes).
Simon Corley
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