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11/01/2011 «Odyssey»
Ludwig van Beethoven : Sonate pour piano n° 21, opus 53 «Waldstein»
Franz Liszt : Première Année de pèlerinage: «Vallée d’Obermann»
Richard Wagner : Tannhäuser: Ouverture (transcription Franz Liszt)
Johann Sebastian Bach : Adagio en la mineur, BWV 564 (transcription Ferruccio Busoni)
Frédéric d’Oria-Nicolas (piano)
Enregistré à l’Arsenal de Metz (septembre 2010) – 58’11
Fondamenta FON-1101007 (distribué par Abeille Musique) – Notice de présentation en français et en anglais
Fondamenta inaugure son concept de «Fidelity & Mobility Mastering» (deux disques du même programme pour le prix d’un seul – l’un pour l’écoute de salon, l’autre pour l’écoute au casque, sur ordinateur ou en voiture) en publiant le dernier enregistrement du pianiste Frédéric d’Oria-Nicolas (né en 1979). Un disque consacré à Schubert et un récital Grieg/Medtner en duo avaient permis de saluer le grand talent de cet artiste français diplômé de l’Académie de musique Gnessine de Moscou. Dans cet album un peu bref (moins d’une heure), on regrette l’aspect composite d’un programme dont l’unité est revendiquée par l’interprète («toutes ces œuvres peignent les grands thèmes romantiques: la nature, la lumière, l’amour, la mort, le rêve...»), mais qui tourne un peu au patchwork. La surface de «Vallée d’Obermann» (Liszt) est travaillée avec une telle précision qu’elle perd une part de l’éloquence mystérieuse qui fait les plus grandes versions – comme un diamant si poli qu’il en deviendrait lisse. La transcription de Tannhäuser (Wagner/Liszt) possède le même éclat avare en rondeurs – de même qu’y manque l’épaisseur d’un Bolet pour chasser les soupçons d’alanguissement hédoniste. Dans ce contexte, l’Adagio en la mineur (Bach/Busoni) passe difficilement pour autre chose qu’un bis.
On le regrettera d’autant plus que c’est dans l’œuvre la plus substantielle et la plus exigeante (vu le contexte discographique) que Frédéric d’Oria-Nicolas se révèle le plus convaincant. Alors qu’on juge souvent sévèrement les jeunes artistes livrant leur premier Beethoven au disque (lire ici), on saluera avec respect cette Waldstein spécialement tonique, qui donnerait presque une dimension symphonique à la partition. Si les deux derniers mouvements luttent par moments contre l’inertie (Adagio molto) ou la brutalité (Rondo), l’Allegro con brio – mené à un train d’enfer et sans sacrifier à la clarté et à la précision du discours – se transforme en une passionnante recherche sur l’étagement des sonorités (saluons ici une prise de son d’une netteté impressionnante). L’interprète revendique d’ailleurs, dans la notice, une démarche de rééquilibrage des plans sonores, des attaques et des timbres dans le but de se rapprocher de l’inspiration créatrice de l’œuvre. Au total, un disque comme une belle carte de visite. Mais Frédéric d’Oria-Nicolas a l’envergure suffisante pour approfondir un répertoire cohérent et plus sélectif. Pourquoi pas avec Beethoven?
Le site de Frédéric d’Oria-Nicolas
Gilles d’Heyres
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