About us / Contact

The Classical Music Network

CD

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

01/01/2000



Giovanni Pierluigi de PALESTRINA, Missa sine nomine
Giovanni Maria NANINO, Quinque Lamentationes
Cantarte Regensburg, Hubert Velten (direction)
Capriccio

Giovanni Pierluigi de PALESTRINA, Missa " Quando lieta sperai ", Missa " Qual’é il più grande amore " ; Cipriano DE RORE, Quando lieta sperai, Qual’é il più grande amore
Delitiae Musicae, Marco Longhini (direction)
Stradivarius Dulcimer

Plusieurs choix interprétatifs très différents peuvent être mis à contribution pour exécuter ce genre, dans lequel Palestrina (1525-1594) s’est particulièrement illustré : la messe. On peut y entendre un choeur mixte à la manière des Tallis Scholars, une maîtrise avec les voix supérieures tenues par des enfants (tradition anglaise ou allemande), un choeur accompagné par des instruments, comme le propose Paul Mc Creesh, ou un ensemble masculin a cappella comme c’est le cas ici. Dans cette dernière hypothèse, il existe encore deux possibilités. Si l’on opte pour la rigueur musicologique et le diapason en vigueur dans la Rome de l’époque, on confie les parties à des falsettistes, ténors, barytons et basses. C’est le choix de la texture vocale originale avant l’entrée des castrats à la Chapelle Sixtine - chapelle où, d’ailleurs, les enfants n’étaient pas admis. On peut également utiliser uniquement des voix " naturelles " : ténors, barytons, basses. Pourtant, les problèmes ne se pas finis : y a-t-il un ou plusieurs chanteurs par partie ? Marco Longhini se base sur les documents de l’époque (matériel musical, emploi du temps) et se décide pour le chant soliste.
Chef d’oeuvre d’écriture, la Missa sine nomine est confiée ici, par l’usage de la transposition, à un ensemble masculin allant de la basse au ténor, répartis à deux ou trois par partie. L’interprétation est soignée, dans la bonne tradition chorale allemande. Les timbres sont chauds et naturels, sans pour autant transcender l’oeuvre. Plus d’une fois le statisme guette certaines séquences. Une heureuse surprise attend toutefois le mélomane : le complément de cet enregistrement constitue en fait (dans le minutage) le principal. Il s’agit des cinq Lamentations d’un ancien élève de Palestrina - vers 1560 quand celui-ci était à Sainte Marie-Majeure de Rome. Nanino (ca. 1544-1607) devint lui-même maître de chapelle à Saint-Louis des Français, dans la ville éternelle. Auteur en faveur à la fin du XVIe siècle, il incarne l’excellence des compositeurs romains. Il laissa une oeuvre importante par sa qualité, notamment ses madrigaux et ses motets. L’intérêt de ce disque est donc grandement rehaussé par cette interprétation honnête d’une musique à redécouvrir.
A la généalogie pédagogique, Marco Longhini préfère la généalogie stylistique et propose les sources des deux messes " parodies " qui empruntent leur thème à des motets de Cipriano de Rore (ca. 1515-1565), madrigaliste et pionnier de la secunda prattica, admiré par Bardi, Vincenzo Galilei et Monteverdi. Si ces deux géants du XVIe siècle, de Rore et Palestrina, ne semblent pas s’être rencontrés, ils sont publiés côte à côte par Antonio Gardano à Venise ou Giulio Bonagiunta à Pavie. Les deux messes, de la même période (respectivement 1552 et 1550), reflètent bien l’esprit du madrigal qui les inspira. L’impeccable travail de Marco Longhini, autant sur les sources que sur l’interprétation, débouche sur une vitalité, une théâtralité même des mélismes qui rappelle parfois la technique du madrigal. Le feu polyphonique est bien senti. Dans une savante profusion, les six chanteurs aguerris tissent les fils contrapuntiques, à une voix par partie. Cette nouvelle lecture, loin de l’emphase des grands choeurs sulpiciens, nous fait redécouvrir un aspect essentiel de cette musique. Pourtant, force est de reconnaître que ce catholicisme musical, auquel Palestrina s’est plié, est loin des compositions plus personnelles du maître, ces motets polychoraux écrits pour le Collège allemand de Rome où officiait Victoria. Bizarrement, ces pièces là restent inconnues.


Frédéric Gabriel

 

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com