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10/12/2011
José de Nebra : Cantates «Que contrario, Senor», «Aliente fervorosa» «Entre candidos, bellos» et «Llegad, llegad, creyentes» – Sonate en mi mineur

María Espada (soprano), Al Ayre Espanol, Eduardo López Banzo (clavecin et direction)
Enregistré à l’ermitage Virgen del Rosario d’Ambel, Saragosse (10-15 novembre 2010) – 65’24
Challenge Classics CC72509 (distribué par Intégral) – Notice en anglais et espagnol





Le présent disque produit grâce au soutien du gouvernement provincial de Saragosse et de Telefónica est consacré à quelques pages du compositeur baroque aragonais José Melchor Baltasar Gaspar de Nebra Blasco (1702-1768) découvertes au Guatemala par le chef de l’ensemble Al Ayre Espanol, créé en 1988, Eduardo López Banzo (né en 1961). La notice n’est malheureusement guère éclairante sur leur choix. On apprend simplement qu’elles datent probablement des années qui virent Domenico Scarlatti s’installer à Madrid, soit la fin des années 1720. Ce qui est clair, c’est leur style, clairement italianisant, presque à l’excès, comme s’il fallait respecter un style convenu ou imposé. On pourrait du coup en dénier tout intérêt si ce n’est qu’il s’agit de brèves cantates dédiées au Très Saint et chantées en espagnol, alternant arias et brefs récitatifs, et que ces pages paraissent alors incroyablement peu religieuses, presque opératiques. Il y a même une aria, la dernière de la cantate Que contrario, Senor, qui fait irrésistiblement penser à l’intermezzo La serva padrona, de Giovanni Battista Pergolesi pourtant plus tardif (1733). Il est vrai que de Nebra fut surtout le compositeur d’un nombre impressionnant d’opéras et de zarzuelas. D’ailleurs, l’ensemble Al Ayre Espanol a déjà eu l’occasion en 2006 de faire paraître un disque consacré à des airs de zarzuelas de sa main (Harmonia mundi).


Tout à fait dans son élément, l’ensemble instrumental respecte parfaitement l’esprit des cantates qui font donc plus penser à des scènes où l’héroïne évoque son amour pour son prince qu’à l’austérité d’un monastère castillan. C’est frais, enjoué, brillant. La symbiose avec la soprano María Espada est au demeurant exemplaire. Celle-ci chante avec beaucoup de naturel mais ses attaques sont parfois incertaines et surtout sa virtuosité et la souplesse de sa voix ne paraissent pas toujours à la hauteur de ce que requièrent ces pages virevoltantes.


Au milieu du programme, entre deux groupes de deux cantates, il est proposé une pause instrumentale avec une sonate pour clavecin en trois mouvements, au discours brisé par des accelerandos typiquement baroques. Son écriture n’a à vrai dire rien à envier à celle des sonates de Domenico Scarlatti, et Eduardo López Banzo sait parfaitement lui rendre justice notamment dans la Courante centrale, particulièrement élégante.


Le fruit d’une découverte, à découvrir.


Le site de l’ensemble Al Ayre Espanol


Stéphane Guy

 

 

 

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