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10/09/2011 Henry Barraud : Six Impromptus pour piano – Trois lettres de Mme de Sévigné – Huit Chantefables pour les enfants sages – Trois poèmes de Pierre Reverdy – Chansons de Gramadoch – Quatre poèmes de Lanza del Vasto
Salomé Haller (soprano), Christophe Crapez (ténor), Didier Henry (baryton), Nicolas Krüger (piano)
Enregistré au Studio 4’33, Ivry-sur-Seine (janvier 2011) – 50’22
Maguelone MAG 111.178 (distribué par Intégral) – Notice en français et anglais
Voilà un disque fort intéressant. Il est consacré à des impromptus pour piano et à des mélodies d’un compositeur trop méconnu: Henry Barraud (1900-1997), qui a été musicologue (spécialiste de Berlioz), critique musical, fondateur de la Maîtrise de la Radiodiffusion française et directeur de la musique puis de la Chaîne nationale, ancêtre de France Culture. Les œuvres ne sont pas révolutionnaires mais sont signées par une indéniable personnalité, fort attachante même. En outre, le programme déploie une richesse de tons et de couleurs qui vaut vraiment le détour. Le disque est enfin conçu avec beaucoup de cœur par son petit-fils, Nicolas Krüger, par ailleurs interprète de toutes les pièces, au piano. Celui-ci joue d’emblée six Impromptus pour piano (1941) du compositeur et c’est excellent: on apprécie particulièrement le Premier, souple et calme, qui fait curieusement penser à Federico Mompou, les Troisième et Quatrième, particulièrement expressifs, entre Scriabine et Messiaen (celui des Visions de l’Amen), et le Cinquième aux larges arabesques très post-debussystes. Nicolas Krüger y fait montre d’une réelle délicatesse et rend pleinement justice à un compositeur qui ne se résume en aucune façon aux artistes auxquels il fait penser.
Les mélodies qui suivent, composées sur des paroles de Mme de Sévigné, Robert Desnos, Pierre Reverdy, Victor Hugo et Lanza del Vasto, placent l’auditeur face à des climats fort différents, tantôt légers, à la façon des Histoires naturelles de Maurice Ravel, tantôt sombres, la Débâcle ayant particulièrement marqué le compositeur.
Salomé Haller est malheureusement loin d’être impressionnante dans les Trois lettres de Mme de Sévigné (1957), son port de voix paraissant incertain, ses aigus stridents et ses fins de phrases soufflées, mais sa prononciation et son articulation sont tout à fait exemplaires et son swing dans «L’Alligator» des Chantefables (1961) est vraiment merveilleux. Christophe Crapez est peut-être plus convaincant: sa voix, pas très puissante, sait être charmante, simple et claire, avec un placement très ouvert, notamment dans les délicieuses Chantefables composées pour voix de ténor, l’expérience de l’opérette y étant sans doute pour quelque chose. Le baryton Didier Henry captive moins, sa voix étant quelque peu étranglée, dans les trois curieuses mélodies sur des textes de Victor Hugo ou les quatre sur des poèmes de Lanza del Vasto, deux séries datant de 1945.
Mais au total ce disque est une belle surprise.
Le site de Salomé Haller
Le site de Christophe Crapez
Le site de Didier Henry
Le site de Nicolas Krüger
Stéphane Guy
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