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09/21/2011 Ottorino Respighi : Poema autunnale
Josef Suk : Fantaisie opus 24
Ernest Chausson : Poème opus 25
Ralph Vaughan Williams : The Lark Ascending
Julia Fischer (violon), Orchestre philharmonique de Monte-Carlo, Yakov Kreizberg
Enregistré à l’Auditorium Rainier III, Monte-Carlo (20-24 novembre 2010) – 69’59
Decca 478 2684 (distribué par Universal) – Notice en anglais, français et allemand
Dédié au chef américano-autrichien d’origine russe Yakov Kreizberg, décédé en mars dernier, peu après son enregistrement, le présent disque est intéressant dans la mesure où, à côté du célèbre Poème (1896) d’Ernest Chausson (1855-1899), qui donne d’ailleurs son nom à l’album, l’immense violoniste allemande qu’est Julia Fischer ose interpréter des pages beaucoup moins connues. Tout ou presque est fait pour la réussite du programme : cohérence du choix des pièces, violon d’exception, enregistrement d’une étonnante clarté, orchestre exemplaire, n’était que l’intérêt finalement limité des pièces paraît-il à découvrir.
Il en est ainsi du Poème d’automne (1920) d’Ottorino Respighi (1879-1936), conçu entre les Fontaines de Rome et les Pins de Rome mais à la richesse orchestrale et à l’inspiration assurément inférieures. Julia Fischer y fait preuve d’une virtuosité, sans tapage, et d’une autorité confondantes mais quel vide !
La roborative Fantaisie (1903) de Josef Suk (1874-1935) n’est pas d’une esthétique si éloignée mais ses mélodies populaires et son charme pastoral paraissent bien plus intéressants même si la pièce ne prétend pas à plus de profondeur. Il n’en est évidemment pas de même du Poème de Chausson. Il est ici impeccable: le violon de Julia Fischer est d’une pureté adamantine à couper le souffle; l’archet est étonnamment souple; tout est parfaitement propre et sans afféterie; l’orchestre brille de mille feux. Mais, du coup, il manque une vision incandescente comme chez Igor Oïstrakh sous la direction de Charles Munch (RCA). L’écoute de L’Ascension de l’alouette (1914, révisé en 1920) de Ralph Vaughan Williams (1872-1958) amène à des constats semblables. Julia Fischer parvient à faire vibrer les cordes de son violon comme un oiseau ferait battre ses ailes pour s’élever vers l’azur, en virevoltant au-dessus d’une prairie couverte par la rosée du matin, laissant parfois un peu traîner l’archet (dernières notes). Tout est calculé et tiré au cordeau et l’on semble avoir donné à l’orchestre l’objectif de disparaître dans l’anonymat au profit de la soliste, au risque d’ennuyer. Chez Pinchas Zukerman et Daniel Barenboïm (DGG), qui adoptent un tempo plus allant, on trouvera là encore une version tout aussi pure et aérienne, avec le charme de la ballade et une homogénéité en plus.
Le site de Julia Fischer
Stéphane Guy
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