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08/19/2011 Joseph Haydn : Concertos pour cor n° 1, en ré majeur, Hob. VIId:3, et n° 2, en ré majeur Hob. VIId:4 – Symphonie n° 31 «Mit dem Hornsignal» en ré majeur Hob. I:31
Wilhelm Bruns (cor naturel), Heidelberger Sinfoniker, Thomas Fey (direction)
Enregistré à Bad Dürkheim les 21 janvier [Concerto n° 2], 16 avril [Concerto n° 1] et 5-6 juin [Symphonie] 2008 – 56’41
Hänssler Classic 98.611 – Notice bilingue (allemand et anglais) d’Eckhardt van den Hoogen
Quatorzième volume de l’intégrale des symphonies de Joseph Haydn (1732-1809) entamée voilà quelques années par Thomas Fey et ses virtuoses Heidelberger Sinfoniker, ce disque rejoint les réussites que nous avons précédemment soulignées dans ces colonnes (voir ici, ici, ici, ici et ici). Même si certains programmes ont pu manquer de cohérence, le présent disque est un hommage direct à l’usage que Haydn a pu faire du cor dans ses œuvres. Que ce soit dans ses symphonies (le quatrième mouvement de la Cinquante-neuvième «Le Feu», de la Soixante-treizième «La Chasse» ou de la Cent-troisième «Roulement de timbales» par exemple), dans ses pièces orchestrales de circonstances ou de musique de chambre (le Divertimento Hob. II:21 pour deux cors et quatuor à cordes ou le Divertimento Hob. IV:5 pour cor, violon et violoncelle), dans ses messes ou grandes fresques chorales (le chœur des chasseurs dans l’oratorio Les Saisons), Haydn a toujours fait appel à cet instrument auquel il a confié des pages d’une technicité endiablée.
Rien de tel pourrait-on presque dire à l’écoute des deux concertos dont l’origine n’est guère connue et l’attribution à Haydn d’ailleurs sujette à caution... Qu’importe en définitive tant ces pièces sont agréables: la vélocité de Wilhelm Bruns au cor naturel est digne de tous les éloges, la partition offrant de splendides moments tant pour le soliste que pour l’orchestre. Dans le Premier Concerto, l’Allegro initial annonce, avec un peu d’avance, le climat poétique des concertos pour cor de Mozart avant, dans une suite somme toute très classique tant du point de vue de la construction que des couleurs, soliste et orchestre ne multiplient les échanges dans un véritable joute musicale. Le Second Concerto débute par un Allegro moderato sautillant, remarquable d’ailleurs plus pour sa rythmique que pour sa mélodie qui s’avère assez répétitive. On soulignera surtout la brillance du dernier mouvement où Wilhelm Bruns est impérial, profitant des variations de nuances et des appogiatures de la partition pour nous donner une véritable démonstration de ce que peut faire un virtuose du cor naturel
Œuvre évidemment plus connue, la Symphonie «Appel de cors» (1765) constitue le «plat de résistance» de ce disque; signalons à cet égard une erreur dans la tonalité qui, contrairement à ce qui est indiqué sur la jaquette, n’est pas ut mais ré majeur. Comme le laisse entendre son titre, cette symphonie met donc en première ligne quatre cors (deux en sol/ré, deux en ré) qui, dès le début du premier mouvement (Allegro), flattent l’oreille par leur caractère brillant: mentionnons donc les noms des superbes cornistes que sont Wilhelm Bruns, Stefan Berrang, Thorsten Hagedorn et Torben Klink. Thomas Fey dirige d’emblée avec beaucoup de fougue, faisant attention au moindre détail orchestral (les hautbois et les flûtes), jouant avec une grande habileté sur les nuances, même s’il n’a pas l’exubérance d’un Nikolaus Harnoncourt (Teldec). Le deuxième mouvement (Adagio), met cette fois-ci en scène un violon (tenu par un Benjamin Spillner particulièrement expressif) et un violoncelle solos, qui offrent à l’auditeur une pause bienvenue après la frénésie qui précédait. Le thème du premier mouvement réapparaît à la fin du quatrième et conclut ainsi de très belle manière une symphonie qui, même si elle doit selon nous céder le pas devant Harnoncourt et son Concentus Musicus, fait très belle figure dans la série que Thomas Fey et les siens sont en train de réaliser.
Sébastien Gauthier
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