Back
07/01/2011 Robert Schumann : Impromptus, opus 5 – Carnaval, opus 9 – Novelleten, opus 21 – Albumblätter, opus 124 – Sieben Clavierstücke in Fughettenform, opus 126 – Gesänge der Frühe, opus 133 – «Sehnsuchtswalzevariationen», Variationen über ein Thema von Schubert (complétées par Andreas Boyde)
Cédric Pescia (piano)
Enregistré à la Siemens-Villa, Berlin (15-16 septembre et 23-27 décembre 2010) – 153’19
Double album Claves 50-1103/04 (distribué par Intégral) – Notice de présentation en français, anglais et allemand
Poursuivant son intégrale des œuvres pour le piano de Robert Schumann (1810-1856), le label Claves publie le cinquième volume d’une entreprise confiée aux pianistes Finghin Collins, Francesco Piemontesi et Cédric Pescia. Ce dernier avait déjà gravé le «volume 2» (consacré aux Papillons, aux Davidsbündlertänze, aux Geister-Varationen et à l’Album für die Jugend). Le pianiste franco-suisse (né en 1976) livre ici une sélection très éclectique de pièces faisant le grand écart entre les années trente et les années cinquante, respectant en quelque sorte le principe de la dualité – au cœur de toute l’œuvre schumannienne. On y trouve également des œuvres rares, comme les Sept Pièces en forme de fugue (1853) – d’une inquiétante sérénité – ou les fragmentaires et inachevées Variations sur la «Valse nostalgique» de Schubert, dans leur version issue des recherches d’Andreas Boyde.
Les versions intégrales des Huit Novelettes (1838) se font également rares au disque, tant ce recueil de trois quarts d’heure de musique exige un équilibre entre les qualités d’architecte et de peintre – équilibre que sait sans conteste atteindre Cédric Pescia. Le pianiste, qui parvient à ne jamais se prendre les pieds dans le redoutable Sehr lebhaft, fait clairement apparaître la partition comme une «ligne de partage stylistique» entre le Schumann du romantisme adolescent – à l’image d’un Carnaval (1835) d’une folle vivacité, tout en muscles tendus et en nervosité juvénile – et celui de la névrose inquiète et de la marche inexorable vers la folie. Comme l’explique l’interprète dans la notice, les Novelettes représentent «un cas extrême chez le compositeur avec déjà des éléments particulièrement obsessionnels qui, ajoutés à [leur] longueur, [les] rendent difficilement présentable[s] en concert». On avouera, en revanche, un peu trop sentir le temps passer dans les Feuillets d’album (1854), assemblage d’une demi-heure au cours de laquelle une certaine sécheresse (de ton, de frappe, de rythme) empêche de se perdre dans la torpeur schumannienne. Egalement moins inspirés, les Impromptus (1832) confirment le regret d’un toucher à la pointe légèrement sèche, bien que celui-ci n’empêche pas Cédric Pescia de donner une âme aux impossibles Chants de l’aube (1853) – comme savent le faire les authentiques schumanniens.
Le site de Cédric Pescia
Gilles d’Heyres
|