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06/29/2011
Franz Schubert : Die schöne Müllerin, D. 795

Eric Tappy (ténor), Ruben Lifschitz (piano)
Enregistré à Hilversum (16 janvier 1974) – 71’04
Claves 50-1105 (distribué par Intégral) – Notice de présentation en français, anglais et allemand





Christoph Prégardien (ténor), Michael Gees (piano)
Enregistré dans les studios Galaxy, Mol (6-8 octobre 2007) – 61’39
Challenge Classics CC72292 (distribué par Intégral) – Notice de présentation en français, anglais et allemand





Tout oppose Eric Tappy et Christoph Prégardien dans le lied allemand, dont le second est un spécialiste incontestable – capable de repousser les limites du cadre schubertien vers des frontières insoupçonnées – alors que le premier semble y faire une incursion transgressive et finalement excitante. Dans La Belle Meunière (1823), le ténor suisse regarde vers le Schubert juvénile dont Jonas Kaufmann a récemment livré une interprétation exceptionnelle (l’un de nos disques de l’année 2010), alors que le ténor allemand suit le chemin – plus sombre, plus sage, plus Wanderer en somme – tracé par Hans Hotter. Il faut rappeler que le recueil de poèmes de Wilhelm Müller ouvre de nombreuses options, les années récentes ayant toutefois livré trop d’incarnations décevantes (lire, par exemple, ici ou même ici).


Autant le dire d’emblée, ces deux nouvelles publications – intéressantes mais qui ne s’imposeront pas au sommet de la discographie – ont les défauts de leurs qualités. La version de Christoph Prégardien (né en 1956) intéresse par l’approfondissement du texte et la pudeur sophistiquée d’une voix belle et tenue mais qui ne cache plus ses cinquante ans (notamment les aigus, presque poussifs par instants). Si le ténor allemand sait – à la manière d’un Fischer-Dieskau – adapter son chant à ses moyens techniques, le manque de jeunesse vocale induit, inévitablement dans une telle œuvre, un défaut de crédibilité, l’interprète se faisant plus narrateur que protagoniste. Une certaine monotonie du ton empêche de s’attacher à cette approche honnête et parfaitement équilibrée (jusque dans l’accompagnement pianistique de Michael Gees), mais trop sage et au fond conventionnelle.


Plus intéressante car plus inattendue et à coup sûr plus risquée, La Belle Meunière d’Eric Tappy (né en 1931) déconcerte par sa fraîcheur candide et son ton léger, badin, quasi nonchalant. Avec sa voix solaire des années 1970 (il s’agit de la publication inédite d’un enregistrement réalisé par une radio hollandaise en marge d’une tournée européenne), le ténor suisse pense ces lieder en regardant toujours vers l’aigu, zoomant sur la beauté pure des cimes (Der Neugierige), laissant sa voix s’inonder de puissance et de rythme (Die böse Farbe). On regrette néanmoins un certain manque de tenue et une coloration latine aux limites de l’hédonisme, qui oblige à considérer ce disque comme un peu marginal au regard des interprétations de référence. Il faut dire que le piano sobre mais sans grande imagination de Ruben Lifschitz – que la prise de son n’avantage guère – n’aide pas à contredire ce constat.


Le site de Christoph Prégardien


Gilles d’Heyres

 

 

 

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