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06/03/2011
Robert Schumann : Fantaisie pour violon et orchestre Op. 131 – Concerto pour violon – Concerto pour violon d’après le Concerto pour violoncelle Op. 129 – Trois arrangements d’après les Pièces pour piano à quatre mains Op. 85 : Gartenmelodie, Am Springbrunnen (arrangements: Ernst Rudorff), Abendlied (arrangement: Joseph Joachim)
Lena Neudauer (violon), Deutsche Radio Philharmonie, Pablo González (direction)
Enregistré à Sarrebruck (2010) – 79’
CD Hänssler HAN993258 (distribué par Intégral)





Rassembler l’intégralité des œuvres pour violon et orchestre de Schumann sur un seul CD paraît logique. Pourtant un programme de cette ampleur n’avait jamais été tenté au disque, sans doute par manque de familiarité des violonistes avec ce répertoire sinon mystérieux du moins rarement abordé en concert.


Quand Anne-Sophie Mutter avait enregistré la Fantaisie Op. 131 en complément de son Concerto pour violon de Brahms avec Kurt Masur, sa démarche avait paru presque insolite. Et pourtant ce beau moment de romantisme violonistique, dédié à Joseph Joachim qui en assura la création en 1853, mériterait de figurer au répertoire courant. Il s’agit d’une pièce de virtuosité conforme aux goûts habituels de l'époque mais préservée de l'insignifiance par une inspiration mélodique riche et typiquement schumannienne… Composé dans la foulée pour le même dédicataire, le Concerto pour violon est aujourd’hui un peu mieux connu, bien qu’il s’agisse d'une œuvre d'un abord plus déroutant dont la thématique peut paraître occasionnellement tourner en rond. Clara Schumann, avec l’approbation de Joseph Joachim, préféra d’ailleurs la récuser à la mort de Schumann, l’interdisant d’exécution et de publication. Il faut probablement l’écouter à plusieurs reprises pour parvenir à en apprécier le charme particulier, teinté de bizarrerie mais réel. Pendant la période nazie où il était interdit d’interpréter Mendelssohn en Allemagne, c'est ce Concerto attachant mais insolite que l’on tenta d’imposer comme ersatz "germanique" au célèbre Concerto en mi mineur, mais sans parvenir à susciter d’engouement pour cette partition que personne ne connaissait (inédite, on ne la sortit d'un fond de bibliothèque qu’en 1937). Ce n’est qu’au cours des dernières décennies, après que beaucoup d’erreurs commises dans l’édition initiale du manuscrit ont été corrigées, que l’œuvre a pu davantage retenir l’attention.


La part la plus consistante du programme reste cependant le Concerto pour violoncelle, transcrit par Schumann lui même pour violon moyennant quelques aménagements (discrets) de la partie soliste. Même si le passage à un instrument plus aigu perturbe le subtil jeu d’éclairages crépusculaires qui fait le prix de cette partition fascinante, il est indiscutable que les violonistes gagnent ainsi un concerto de grande envergure, et tant pis si à l'écoute le timbre plus chaud du violoncelle revient constamment en mémoire.


Le menu est complété par quelques orchestrations avec violon principal de pièces brèves extraites des Pièces Op. 85 pour piano à quatre mains. Il s’agit de beaux moments de fluidité mélodique, qui donnent d’ailleurs l’envie immédiate d’aller réécouter les morceaux pianistiques originaux, très rarement joués eux aussi. Au cours de ces instants de grâce, comme d’ailleurs tout au long de ce programme, la jeune violoniste Lena Neudauer fait valoir un timbre d’une admirable sensibilité. On est certes loin des exhibitions musculaires de certains solistes de choc, mais cette pudeur d’archet et cette attention aux plus infinitésimales nuances sont remarquables, du moins en studio. La proximité des micros aide peut-être un peu à la projection, mais c’est un disque que l’on doit évaluer et cette parution suscite une vraie curiosité par rapport à une jeune artiste que l’on aimerait pouvoir entendre en concert. Accompagnement compétent, par un orchestre sérieux mais peu prestigieux (cela s’entend parfois : quelques montages “cosmétiques” supplémentaires auraient pu améliorer certaines intonations).


Un CD en tout cas intéressant et agréable, qui comble brillamment une lacune du catalogue. S’il s’agissait ici de décerner à l’occasion une hypothétique timbale ou breloque d’un quelconque métal, cette heure de musique très dense en aurait certainement glané une.


Laurent Barthel

 

 

 

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