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05/07/2011 César Franck : Le Chasseur maudit – Les Djinns – Les Eolides – Variations symphoniques Cédric Tiberghien (piano), Orchestre philharmonique royal de Liège, François-Xavier Roth (direction)
Enregistré à la Salle philharmonique, Liège (juillet 2009) – 53’16
Cyprès CYP7612 (distribué par Abeillemusique)
L’Orchestre philharmonique royal de Liège – prière dorénavant de ne pas oublier le qualificatif « royal » – défend depuis longtemps les compositeurs originaires de Belgique, notamment César Franck, né dans la Cité ardente en 1822 et pour lequel il a organisé, en dehors de toute célébration, un festival du 8 au 10 avril dernier. Le public a pu écouter sa musique de chambre (dont les rares Trios pour piano), de piano, d’orgue et, bien sûr, pour orchestre. A cette occasion, quelques injustices ont été réparées car, à l’exception de la Symphonie et, à la rigueur, du Chasseur maudit et des Variations symphoniques, les formations exécutent-elles si souvent que cela Les Djinns, Les Eolides, Psyché, Ce qu’on entend sur la montagne ou encore le Ballet de l’hiver et du printemps extrait de l’opéra Hulda ? Cyprès sort, comme par hasard au même moment, un album soutenu par le Palazzetto Bru Zane et qui comporte, outre une notice instructive et documentée de Sylvain Fort, quelques œuvres qui méritent assurément de figurer dans ce qu’il est convenu d’appeler le grand répertoire. Bien qu’il présente, malgré sa brièveté, un réel intérêt, le programme a déjà été enregistré avec le concours d’Aldo Ciccolini, un disque devenu rare mais réédité en 2010 dans un coffret de cinquante disques à l’occasion des cinquante ans de l’orchestre et à un prix défiant toute concurrence (50 euros).
Bien qu’il intervienne uniquement dans Les Djinns (1884) et les Variations symphoniques (1885), Cédric Tiberghien figure en gros plan sur la couverture. Pourtant, sa prestation, qui ne suscite aucun reproche, bien au contraire, trouve un équilibre parfait avec les musiciens de l’orchestre, ce que met en valeur une prise de son particulièrement spacieuse et agréable. Ce refus de ce poser en avant profite aux Variations dont les interprètes traduisent de façon impeccable la poésie et les instants contemplatifs et recueillis, comme suspendus, pour reprendre les termes employés à juste titre par Cortot. Le pianiste et l’orchestre engagent un dialogue parfaitement intégré malgré le contraste qui les opposent dès le début. Cette version possède en outre des qualités d’assurance et de fermeté qui se manifestent également dans Les Djinns.
Les poèmes symphoniques qui complètent cet album permettent d’apprécier tout le savoir-faire de l’orchestre placé sous la direction de François-Xavier Roth, qui a prématurément quitté l’année dernière son poste de directeur musical pour rejoindre l’Orchestre symphonique de la SWR de Baden-Baden et Fribourg – la décision, unilatérale, a suscité bien des remous et des déceptions mais n’en parlons plus. Grâce à la maîtrise des instrumentistes, Les Eolides (1875-1876) se déroulent avec une limpidité et une transparence idéales. Si cette lecture se distingue pas son caractère évocateur, celle du Chasseur maudit (1883) est conduite avec un éminent sens de la narration. Le chef, qui expose et enchaîne les thèmes avec clarté, conjugue puissance et densité tandis que l’orchestre offre un niveau de jeu d’une netteté exemplaire, en particulier les bois, onctueux, et les cuivres, éclatants.
Le site de l’Orchestre philharmonique royal de Liège
Sébastien Foucart
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