About us / Contact

The Classical Music Network

CD

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

04/17/2011
Piotr Ilyitch Tchaïkovski : Roméo et Juliette – La Tempête, opus 18 – Hamlet, opus 67

Sinfónica de la juventud venezolana Simón Bolívar, Gustavo Dudamel (direction)
Enregistré au Centro de Acción Social por la Música de Caracas (février 2010) – 65’35
Deutsche Grammophon 477 9355 (distribué par Universal) – Notice de présentation en français, anglais, allemand et espagnol







Piotr Ilyitch Tchaïkovski : Symphonie n° 6 «Pathétique», opus 74
Arnold Schönberg : Variations pour orchestre, opus 31

West-Eastern Divan Orchestra, Daniel Barenboim (direction)
Enregistré en public au Grosses Festspielhaus de Salzbourg (13 août 2007) – 69’02
Decca 477 9519 (distribué par Universal) – Notice de présentation en français, anglais et allemand





Deux chefs d’exception, deux orchestres de «jeunes» très en vue, deux labels du même groupe (Universal), deux visions enflammées (... et «antimravinskiennes») de l’œuvre de Tchaïkovski: tout invite à rapprocher ces deux albums aussi soignés dans leur présentation que dans leur rendu sonore. Avec ses compatriotes de l’Orchestre symphonique Simón Bolívar du Venezuela, Gustavo Dudamel (né en 1981) continue son parcours chez Deutsche Grammophon, déjà riche de plusieurs CD (lire ici et ici), DVD (lire ici, ici, ici et ici) et concerts en téléchargement (lire ici et ici). Après un disque regroupant la Cinquième symphonie et Francesca da Rimini (lire ici), Dudamel et l’Orchestre Simón Bolívar reviennent à Tchaïkovski en réunissant trois «fantaisies» placées sous le signe de Shakespeare. A la grandeur symphonique d’une Tempête (1873) presque tropicale – marquée par la luxuriance du cataclysme – répondent l’emphase et la générosité de Roméo et Juliette (1870), portés par l’urgence de la passion. De même, aucun doute existentialiste ne vient perturber un Hamlet (1888) qui n’hésite jamais dans la route qu’il doit emprunter: celle de l’accomplissement de son destin. L’évidence de la destinée marque ainsi ces interprétations chaleureuses et revigorantes, dont les failles résident dans les moments les plus introspectifs – qui flirtent avec le «premier degré» et menacent parfois de faire chuter la tension. Rien ne parvient pourtant à faner la fraîcheur de ce disque – en forme de bomba latina – qui épingle, une nouvelle fois, le tonitruant Gustavo Dudamel au tableau d’honneur de ces artistes qui rendent heureux d’écouter de la musique.


Sous label Decca, l’un des trois premiers disques témoignant du nouveau partenariat entre Daniel Barenboim (né en 1942) et Universal reprend un concert donné à Salzbourg en 2007 et propose une curieuse association (que James Jolly ne parvient pas vraiment à justifier dans la notice: «si le Schönberg parle de la tête, le Tchaïkovski parle du cœur, et, ensemble, les deux œuvres témoignent des qualités remarquables du jeune West-Eastern Divan Orchestra, saisi sur le vif lors de la saison de son huitième anniversaire»). Rendant compte d’une des étapes de cette tournée (lire ici), ConcertoNet saluait l’intensité et l’énergie d’une interprétation livrée «avec le cœur et les tripes» par un orchestre dans lequel «l’énergie ne fait pas défaut». L’exécution instrumentale de la Dernière symphonie (1893) de Tchaïkovski souffre néanmoins certaines imperfections (la cohésion de l’ensemble, la constance dans la tension) et offre une finition qui est loin d’égaler celle des tout meilleurs orchestres. Comme on pouvait s’y attendre, le tempérament du chef aux multiples nationalités (argentine, espagnole, israélienne, voire palestinienne) le conduit à jouer à fond la carte du pathos – moins dégoulinant qu’on aurait pu le craindre, toujours enflammé et investi... quitte à mettre en danger des pupitres un tantinet juvéniles dans le tonitruant Allegro molto vivace. Si l’Allegro con grazia déçoit franchement par son rythme haletant et heurté et son esprit presque coquet, les mouvements extrêmes incarnent le romantisme finissant avec une indéniable sincérité. Plus proches du souvenir de concert laissé à Bruxelles que de celui offert à Paris, les Variations pour orchestre (1928) de Schönberg qui complètent ce témoignage salzbourgeois illustrent les progrès accomplis par le West-Eastern Divan – bien que la cohésion des vents et le tranchant des cordes puissent être encore approfondis.


Au total, et bien que la balance penche légèrement en faveur de l’exubérance de Bolívar plutôt que vers l’épaisseur du Divan de Goethe, on n’a pas vraiment envie de faire un choix entre l’Amérique latine et le Proche-Orient – mais plutôt de saluer l’enthousiasme et la sincérité de ces deux formations composées de très jeunes artistes, qui constituent probablement les plus beaux paris musicaux gagnés au cours de la décennie 2000.


Le site de Gustavo Dudamel
Le site de Daniel Barenboim
Le site de l’Orchestre symphonique de la jeunesse vénézuélienne Simon Bolivar
Le site de l’Orchestre du divan occidental-oriental


Gilles d’Heyres

 

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com