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04/15/2011
Gaetano Donizetti : Don Pasquale
Ferruccio Furlanetto (Don Pasquale), Lucio Gallo (Malatesta), Gregory Kunde (Ernesto), Nuccia Focile (Norina), Claudio Giombi (Un notaire), Chœur et Orchestre de la Scala de Milan, Riccardo Muti (direction), Stefano Vizioli (mise en scène), Patrizia Carmine (réalisation)
Enregistré à Milan (1994) – 130’
Arthaus 107 207 (distribué par Intégral) – Format : 16/9. Region code : 0 (worldwide) – Notice trilingue.


Le DVD du festival de Ravenne 2006, paru naguère chez le même éditeur, nous l’a confirmé : il y a une histoire d’amour entre Don Pasquale et Riccardo Muti, qui, invité par Karajan, y fit sensation à Salzbourg en 1971 – il l’enregistra ensuite pour EMI en 1988. Dès l’Ouverture, la présente production scaligère le montre à son meilleur, face à un orchestre superbe d’assurance et de finesse : juvénile, nerveux mais pas fébrile, capable aussi d’effusions. Et le pourfendeur des baroqueux s’en tient scrupuleusement au texte… Eblouissant finale du deuxième acte, alors que le troisième commence dans un très poétique mystère nocturne. Le chef napolitain, surtout, n’exagère jamais le côté « buffo » de la partition, plus subtil que beaucoup d’autres, conscient de la mélancolie souvent dissimulée derrière le rire.


La mise en scène de Stefano Vizioli, de ce point de vue, s’accorde bien avec sa direction : Don Pasquale cesse d’être un barbon grotesque et devient plutôt l’incarnation de la permanence du désir à l’aube du grand âge. Collectionneur d’antiquités de surcroît, esthète donc. D’où sans doute ces jolis décors où évoluent les personnages, dirigés par un Stefano Vizioli consciencieux, pas forcément très affûté, mais en osmose, dans sa sobriété, avec la direction musicale – le maestro a toujours affiché, en matière de mise en scène, des goûts conservateurs. Tant pis si les chanteurs se retrouvent souvent en position frontale. Et la production restitue aussi les zones d’ombre que la baguette dévoile : la scène de la gifle vire presque au tragique.


Les chanteurs sont évidemment plus aguerris que les jeunes talents qui, à Ravenne, entourent le vétéran Desderi. A l’inverse de celui-ci, Ferruccio Furlanetto affiche alors une santé vocale à toute épreuve. Une authentique basse bouffe à la Rossini, c’est-à-dire aussi stylée qu’agile, aussi à l’aise pour débiter sa partie dans un tempo rapide, comme en adopte volontiers le chef, que pour phraser subtilement les courbes mélodiques. On ne prendra pas non plus en défaut le Malatesta de Lucio Gallo – le métronome s’emballe pour lui aussi, notamment dans la cabalette du duo avec Norina -, qui a de la tenue mais pâtit d’une certaine sécheresse de timbre et de ligne. Prosaïque, en revanche, la Norina de la jeune Nuccia Focile, dont la voix, de surcroît, bouge un tantinet, et qui pose, surtout, la question de la tessiture du rôle : encore un rien légère, à une époque où elle n’avait pas encore abordé les grands lyriques – rappelons que la première Norina fut Giulia Grisi, rien moins qu’un rossignol ou qu’une soubrette. Seul non italien de la distribution, Gregory Kunde, à défaut d’un timbre charmeur, brillait alors par l’aisance de l’aigu, la souplesse de l’émission, la maîtrise du souffle, qui le rendaient si précieux dans des opéras tels que Sémiramis de Rossini, et lui permettent ici, au début du deuxième acte, d’assumer la totalité de son air, le dolorisme élégiaque de « Cerchero lontana terra » comme le périlleux « E se fia che ad altro oggetto », perché dans le haut de la tessiture. Pas de quoi effrayer, à la création, au Théâtre italien en 1843, le fameux Mario. C’est que Donizetti bénéficiait d’un quatuor de rêve, avec Lablache en Don Pasquale et Tamburini en Malatesta.


Voilà sans doute, à défaut d’être parfait, le Don Pasquale le mieux dirigé et le plus homogène en DVD – même si Zurich, par exemple, nous offre l’Ernesto de Juan Diego Florez et si l’on peut trouver productions plus originales, telles que celle de Genève.


Didier van Moere

 

 

 

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