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04/09/2011
Gustav Mahler : Symphonie n° 9

WDR Sinfonieorchester Köln, Jukka-Pekka Saraste (direction)
Enregistré en public à la Philharmonie de Cologne (6-7 décembre 2009) – 79’49
Profil Hänssler PH10035 (distribué par Intégral) – Notice de présentation en allemand et en anglais







Symphonieorchester des Bayerischen Rundfunks, Rafael Kubelík (direction)
Enregistré en public au Bunka Kaikan Concert Hall de Tokyo (4 juin 1975) – 79’12
Audite 10.025 (distribué par Intégral) – Pas de notice de présentation (Catalogue 2011 des disques du label)






Conformément à la tradition, le catalogue 2011 du label Audite contient un des jalons de l’édition consacrée aux interprétations de Gustav Mahler par Rafael Kubelík (1914-1996) lors d’enregistrements publics avec son Orchestre symphonique de la Radio bavaroise. Après la Cinquième avec le catalogue 2009 et la Première avec l’édition 2010, c’est la Neuvième symphonie (1910) qui est proposée par l’éditeur: une version de 1975 qu’il continue de faire distribuer sous une autre référence (95.471). Ce disque (à prix très doux mais sans notice) ne peut toutefois être appréhendé que comme un témoignage «historique»: celui d’une époque où l’on défrichait encore l’univers mahlérien pour des publics pas toujours convaincus. Ainsi cette Neuvième de facture moyenne se révèle-t-elle décevante en regard d’une discographie riche et variée. L’Andante comodo et l’Adagio intéressent par leur clarté et leur mobilité et étonnent par la lisibilité des contrastes, et ce bien que le premier mouvement manque d’unité et de force et que la concurrence soit féroce dans le dernier mouvement (où l’on trouvera des interprétations plus abouties et magnétiques dans ce refus de la noirceur qu’extériorise Kubelík). Mais les réserves les plus fortes portent sur le Rondo-Burleske – qui manifeste de belles intentions dynamiques de la part du chef tchèque mais bute sur l’inaboutissement de l’exécution instrumentale et les trop nombreuses imperfections (justesse, cohésion) – et, dans une moindre mesure, sur le deuxième mouvement – trop rond pour être etwas täppisch und sehr derb et en même temps empesé par la sécheresse des traits et un tempo qui se traîne voire s’enlise.


En enregistrant l’œuvre avec des moyens de captation modernes et davantage de recul musicologique, le chef d’orchestre finlandais Jukka-Pekka Saraste (né en 1956) n’a donc pas de mal – même en concert – à offrir une version en tout point supérieure à celle de son auguste aîné, à commencer par l’admirable performance instrumentale des pupitres de l’Orchestre symphonique de la WDR de Cologne. On le ressent notamment dans le Rondo-Burleske qui – sans manquer d’ironie – paraît vrombir avant même la première attaque, comme porté par une force gigantesque qui enflamme plus encore tout l’Andante comodo initial, où de la lave empoisonnée paraît couler des cordes. Toute cette version est d’ailleurs placée sous le signe de la puissance et du feu: fureur contrôlée du discours; netteté, tranchant et mobilité du geste; autorité, maîtrise et domination du propos instrumental. Même l’Adagio est marqué par ces couleurs rougeoyantes, qui se consument peut-être trop rapidement pour empreindre autant que le font les versions de référence (Abbado, Barbirolli, Bernstein, Giulini, Haitink, Neumann...). Le deuxième mouvement est celui qui réussit le moins aux interprètes, les instrumentistes paraissant comme en retrait et le chef ne trouvant pas les bons tempos de l’Im Tempo eines gemächlichen Ländlers, où les menuets se font trop traînants et manquent de rudesse, alors que la valse peine à s’emballer. Mais l’ensemble reste plus qu’honorable et constitue indéniablement un live captivant de la Neuvième Symphonie de Mahler.


Gilles d’Heyres

 

 

 

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