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04/03/2011 Franz Liszt : Concerto pour piano et orchestre n° 2, S. 125
Robert Schumann : Concerto pour piano, opus 54 – Introduction et Allegro appassionato, opus 92
Etsuko Hirose (piano), Orchestre de Pau Pays de Béarn, Fayçal Karoui (direction)
Enregistré en concert à l’Auditorium Alfred de Vigny du Palais Beaumont de Pau (novembre 2010) – 68’
Mirare MIR 135 (distribué par Harmonia mundi) – Notice de présentation en français, anglais et japonais
Mirare avait déjà publié un décevant récital Chopin par Etsuko Hirose (née en 1979), dont il met aujourd’hui sur le marché des enregistrements d’œuvres pour piano et orchestre de Liszt et Schumann. Chopin, Schumann, Liszt... décidemment, les anniversaires–bicentenaires ont bon dos! Fort intelligemment, la pianiste japonaise choisit, pour célébrer celui de Franz Liszt (1811-1886), le Second concerto (1839-49), moins connu et surtout moins enregistré que celui en mi bémol majeur. Elle en livre une interprétation convaincante, épique dans les moments dantesques, éloquente dans les instants de poésie comme d’affrontement avec un Orchestre de Pau Pays de Béarn qui, sans être de tout premier ordre, livre une prestation réussie, bien que Liszt demande du Marziale un poco meno allegro – et non du pompier – dans le dernier mouvement. Voilà, en tout cas, une version intéressante d’une partition où le piano n’a peut-être pas la personnalité d’un Arrau, d’un Richter ou d’un Katchen, mais apporte un peu d’air frais.
Que viennent faire, en revanche, les pièces de Robert Schumann (1810-1856) – dont le bicentenaire n’est désormais plus d’actualité – dans ce disque qu’elles gâchent irrémédiablement, la faute à un univers quelque peu superficiel et un statisme proche du hors-sujet? Ainsi fait-on le même constat que dans le disque Chopin, celui d’une interprétation intéressante par «le ciselé du toucher et la sensibilité indéniable», mais plombée par trop de «coquetteries dans les accents et l’absence générale d’élan». Dans l’Introduction et Allegro appassionato (1849), l’exécution est timide et surtout très anonyme, certains phrasés étant frappés par une sorte d’indifférence expéditive. On évitera de même de comparer trop longuement le Concerto (1845) de Schumann par Mitsuko Hirose aux références signées Argerich, Lipatti, Novaes... Si la cadence du premier mouvement et quelques interventions dans l’Allegro vivace offrent de belles lignes épurées, le manque de caractère et d’identité est vite rédhibitoire. L’orchestre fait de son mieux, mais déçoit par la mollesse et l’imprécision des attaques, la banalité des timbres, bref la routine d’une exécution par trop ordinaire. Au total, si l’on ne doute pas de la sincérité de la démarche («nous avons voulu partager avec vous notre interprétation de ces œuvres de Schumann et de Liszt, nourrie du bonheur de faire de la Musique ensemble, et sans artifices», écrit la pianiste dans la notice), cela ne suffit pas à en faire un bon disque.
Gilles d’Heyres
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