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04/02/2011
Bruno Mantovani : Concerto pour deux altos et orchestre – Time Stretch – Finale
Tabea Zimmermann, Antoine Tamestit (alto), Orchestre philharmonique royal de Liège Wallonie Bruxelles, Pascal Rophé (direction)
Enregistré à la Salle philharmonique de Liège (juillet 2009) – 69’31
aeon AECD 1102 (distribué par Outhere)
Bruno Mantovani bénéficie actuellement d’une actualité chargée. Alors que l’Opéra national de Parie vient de créer Akhmatova, le 28 mars (voir ici), soit un an après le ballet Siddharta (disponible depuis peu chez Arthaus), aeon publie le troisième enregistrement consacré à ce trentenaire nommé, en août dernier, à la tête du Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris.
Créé il y a deux ans par l’Orchestre philharmonique de Radio France (voir ici), le Concerto pour deux altos a été enregistré en juillet 2009 par celui de Liège mais avec le même chef, Pascal Rophé, et les mêmes solistes, Tabea Zimmermann (le maître) et Antoine Tamestit (le disciple). Approchant les quarante minutes, l’œuvre, d’un seul tenant, aurait dû afficher une durée deux fois moindre puisque le compositeur semble se répéter dans la seconde moitié. Cependant, il s’agit de la seule réserve avec, dans une moindre mesure, une propension au paroxysme, trait relevé également dans le compte rendu de la création. La partition débute par une longue cadence qui précède un torrent d’énergie faisant se confronter solistes et orchestre. Cohérent et sans disparité, le langage s’avère assurément moderne – entendez, atonal – et inventif, sans rien présenter de neuf : nerveux et cursif, le plus souvent sauvage et ponctué d’interventions tranchantes, ce concerto à la combinaison peu commune témoigne d’une aisance supérieure dans le traitement des différents pupitres, au point que cet aspect tend à supplanter le reste.
L’organisation générale paraît peu évidente, au contraire de Time Stretch (2005) et de Finale (2007), plus ramassés (environ un quart d’heure) : le compositeur y fait également preuve de sa science des timbres, de la forme et de l’orchestration, qu’il veille à ne pas trop surcharger malgré sa sophistication. Les deux ouvrages, qui peuvent être perçus comme un diptyque, présentent une dynamique autrement plus variée et contrastée que celle du Concerto pour deux altos. Toutefois, une constante se dégage : cette musique à la fois physique et sensuelle ne manque pas d’impressionner.
Mené par son ancien directeur musical (de 2006 à 2009), l’Orchestre philharmonique royal de Liège Wallonie Bruxelles y évolue avec implication, exactitude et aisance tandis que les interventions solistes atteignent un haut niveau (clarinette et flûte solo dans, respectivement, Time Stretch et Finale). Une prise de son spacieuse et finement définie participe au sentiment de satisfaction éprouvé à l’écoute de ce composteur sans aucun doute destiné à un bel avenir. Le label, qui décline sa production en une collection blanche (musique contemporaine) et noire (répertoire « classique »), soigne tout particulièrement ses disques comme le prouve une fois de plus celui-ci, doté d’un livret en français et anglais qui comporte un entretien mené par Jérémie Szpirglas.
Le site de Bruno Mantovani
Sébastien Foucart
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