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03/29/2011
Karol Szymanowski : Etude opus 4 n° 3 – Variations opus 3 – Préludes opus 1 – Mazurka opus 50 n° 1 – Prélude et Fugue en ut dièse mineur – Fantaisie opus 14

Enregistré à Paris (2010) – 73’37
Intégral Classic INT 221.180 (distribué par Intégral) – Notice bilingue
Frédéric Vaysse-Knitter (piano)





A plus de quatre-vingts ans, Pierre Boulez enregistre Szymanowski. Frédéric Vaysse-Knitter aussi, de cinquante ans son cadet. Le compositeur polonais, peu à peu, fait son chemin en France, où il était bien connu de son vivant, entre les deux guerres. Le jeune pianiste a choisi, pour son récital, le premier Szymanowski, celui des années 1900 : rien d’impressionniste dans son programme, alors que seule la Première Mazurka représente la période « nationale ». Gageons que ce récital aura une suite, que lui-même annonce : ses origines polonaises ne le prédestinent-elles pas à Szymanowski, sur lequel il s’exprime, dans un entretien, en des termes très intéressants ?


La scriabinienne Etude op. 4 n°3, qui rendit Szymanowski célèbre malgré lui, témoigne d’emblée d’un heureux dosage du rubato, sans excès dans l’émotion, d’un sens de la poésie et du mystère, d’une structuration des plans sonores. Dans les Variations op. 3, le respect des nuances – Dieu sait s’il y en a, de tout ordre, chez Szymanowski – contribue à souligner la variété des couleurs, à éclairer la polyphonie, à concilier parfois l’humour et la nostalgie, avec un enchaînement bien pensé des différentes variations, sans renier le côté « fin de siècle » de la partition. Ce côté affleure encore dans les Préludes op. 1, où l’expression du sentiment est tempérée par le souci de la forme, signe du lien direct unissant Szymanowski à Chopin : on aime entendre ainsi les voix intermédiaires, notamment dans le Troisième, dont la polyphonie assume le lointain héritage de Bach. On pouvait s’interroger sur la place de la Première Mazurka : jouée comme si elle avait été composée à la même époque, elle perd son parfum montagnard et s’enveloppe de mystère. Pas de hiatus, du coup, avec le Prélude et Fugue, composés à quatre ans d’intervalle, qui se succèdent naturellement : le Prélude évite l’outrance dans l’effusion et n’offre pas une lecture trop verticale alors qu’il porte la marque du postromantisme Szymanowski ; la Fugue, jouée sur le ton de la confidence, évite la sécheresse du morceau de concours. La très lisztienne Fantaisie, enfin, si elle brille des feux d’un piano orchestral, garde une sorte de gravité mystérieuse, jusque dans son finale, et, surtout, préserve la clarté des lignes – quelle que soit l’œuvre ou la période, le secret de l’interprétation de Szymanowski, qui a fait ses classes auprès des grands maîtres allemands, réside aussi dans le rendu des voix intermédiaires.


On regrette d’autant plus que ce beau disque soit accompagné d’une notice émaillée d’erreurs. Szymanowski n’a pas été élève de l’Institut de musique de Varsovie et n’est jamais allé au Moyen Orient. Comment, d’autre part, la Fantaisie de 1905 pourrait-elle être marquée par un impressionnisme auquel Szymanowski s’est « frotté, lors de son séjour à Paris à l’aube de la grande guerre » ?


Didier van Moere

 

 

 

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