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03/13/2011 «Manto and Madrigals»
Rainer Killius : Ó min flaskan friða
Giacinto Scelsi : Manto
Heinz Holliger : Drei Skizzen
Béla Bartók : Duo pour deux violons, BB 26
Nikos Skalkottas : Duo pour violon et alto
Peter Maxwell Davies : Midhouse Air
Bohuslav Martinů : Trois madrigaux (Duo pour violon et alto n° 1), H. 313
Johannes Nied : Zugabe
Thomas Zehetmair (violon), Ruth Killius (alto)
Enregistré au Radiostudio DRS, Zurich (29 et 30 juin 2009) – 49’33
ECM 476 3827 (distribué par Universal)
C’est un récital contemporain très éclectique que proposent sur ce disque le violoniste Thomas Zehetmair et l’altiste Ruth Killius, couple à la ville et membres du Quatuor Zehetmair, même si la cohérence du projet provient naturellement du choix instrumental au répertoire relativement peu étendu. L’on passe, sans ordre apparent, d’un arrangement d’une mélodie islandaise évoquant clairement les madrigaux de la Renaissance (Rainer Killius, le plus jeune des compositeurs représentés puisque né en 1969) aux étirements extrêmes et extatiques de l’alto seul, accompagné un temps par le chant tendu et grave de l’interprète elle-même, sans l’artifice du re-recording (Giacinto Scelsi, 1905-1988), des pirouettes et danses folles conçues par Heinz Holliger (né en 1939) à un duo pour deux violons de Béla Bartók (1881-1945), écrit en 1902, somme toute classique et assez charmant, de pages méconnues et d’une beauté minérale d’un disciple grec d’Arnold Schönberg, Nikos Skalkottas (1904-1949), à un air de danse populaire revu par Peter Maxwell Davies (né en 1934) ou encore de trois madrigaux pour violon et alto écrits en 1947 par Bohuslav Martinů (1890-1959), sortes de bagatelles presque beethovéniennes (Poco allegro), pleines d’esprit et d’imagination, dotées d’un équilibre parfait, à une pièce quelque peu stravinskienne de Johannes Nied (né en 1959), la plus intéressante du récital, où les traits du violon et de l’alto conglutinés se télescopent comme dans une double toccata.
Le résultat est en tout point excellent. La cohésion des duos, pour ne pas parler de fusion des deux artistes, est remarquable, à la hauteur de leur musicalité et de leur maîtrise technique, assez confondante. Cela chante constamment. On est presque frustré de n’entendre que de courtes pièces, même si leur style contrasté a le mérite de dynamiser l’ensemble, et d’avoir affaire à un disque au minutage vraiment chiche.
Stéphane Guy
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