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02/23/2011
Frédéric Chopin : Vingt-quatre Etudes, opus 10 et opus 25

Wilhelm Backhaus (piano)
Enregistré à Londres (janvier 1928) – 53’16
Profil Hänssler PH10070 (distribué par Intégral) – Notice de présentation en anglais et allemand







Ludwig van Beethoven : Sonates pour piano n° 15 «Pastorale», opus 28, n° 18 «Die Jagd», opus 31 n° 3, n° 21 «Waldstein», opus 53, et n° 30, opus 109
Wilhelm Backhaus (piano)
Enregistré en public à la Philharmonie de Berlin (18 avril 1969) – 85’56
Un double album Audite 23.420 (distribué par Intégral) – Notice de présentation en anglais et allemand





Wilhelm Backhaus (1884-1969) reste une référence dans Beethoven et dans Brahms. Ce que l’on sait moins, c’est qu’il est également l’interprète de la toute première intégrale des Etudes de Chopin en 1928 à Londres. Rééditée – dans de remarquables conditions techniques – par le label Profil Hänssler, cet enregistrement présente un Chopin avare en rubato et débordant de rythme. Il faut dire que la technique du jeune Backhaus est superlative, reposant sur un doigté d’une folle vivacité (dans les Etudes en sol bémol et en fa de l’Opus 10 comme dans l’Etude en fa mineur de l’Opus 25) et sur un toucher d’une grande puissance (Etude «Révolutionnaire»). Le pianiste allemand surprend surtout par une rythmique qu’on jugera assez «libre» pour les standards actuels, d’une immédiateté étonnante (dans les Etudes en fa mineur et en mi bémol de l’Opus 10 et dans l’Etude en fa de l’Opus 25), presque iconoclaste par moments (... allant jusqu’à ajouter quelques notes à l’Etude en bémol). D’un intérêt interprétatif pourtant moins essentiel que la version visionnaire enregistrée cinq (Opus 10) et six (Opus 25) ans plus tard par Alfred Cortot, le disque s’adresse évidemment aux collectionneurs et aux passionnés de l’interprète, tant la discographie recèle de références modernes dans ces recueils (à commencer par celles signées Maurizio Pollini et Nikolai Lugansky). Signalons également l’intérêt du livret qui, bien que non traduit en français, s’avère riche en illustrations (photographies, dessins, affiches de concert...) et en informations sur la carrière de l’homme qui rencontra Johannes Brahms en 1895 et qui triompha de Béla Bartók en remportant la quatrième édition du concours Anton Rubinstein en 1905.


Grand bond dans le temps, avec un témoignage beethovénien édité par le label Audite (là encore avec une notice passionnante – malheureusement non francophone – qui ne cache rien du comportement du pianiste pendant le nazisme: «a combination of vanity, opportunism and naivety»). Le double album permet d’entendre Wilhelm Backhaus interpréter son répertoire de prédilection – deux mois et demi avant sa mort – dans la grande salle de la Philharmonie de Berlin. Le concert révèle un Beethoven «motorique» – possédant l’autorité de l’évidence – mais au geste épais et lourd, qui manque de subtilité comme de vivacité. Même si les moyens d’un interprète de quatre-vingt cinq ans forcent le respect, les fautes sont trop nombreuses (en particulier dans un Opus 109 à bout de forces, presque survolé) pour que les disques concurrencent les versions de référence de ces sonates (y compris celles gravées par Backhaus lui-même). On apprécie néanmoins la conjugaison de tempos très rapides et d’un geste en granit noir (à la Claudio Arrau) qui transforme cette Pastorale de 1969 en une course à l’abyme (... à moins qu’il ne faille y déceler, comme l’envisage Wolfgang Rathert dans la notice – évoquant «a strangely tense atmosphere» –, les effets d’un contexte «characterised by harsh political unrest and by a particularly strong examination of its National Socialist past»). Si Wilhelm Backhaus presse le rythme de la Waldstein (les accords tombant parfois cruellement à côté), il y fait montre de cette rage qui est au cœur du sujet, alors que La Chasse – par sa précipitation même – se transforme en un hymne grisant à la jeunesse et au bonheur de vivre. Par-delà les défauts, cela reste l’œuvre d’un grand beethovénien.


Gilles d’Heyres

 

 

 

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