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02/19/2011 Jean Cras : Quintette pour harpe, flûte et trio à cordes – Suite en duo pour flûte et harpe – Deux Impromptus pour harpe
Rachel Talitman (harpe), Marcos Fregnani-Martins (flûte), Erez Ofer (violon), Pierre Henri Xuereb (alto), Hee-Yong Lim (violoncelle)
Date et lieu d’enregistrement non précisés – 51’08
Harp & company CD-5050-24 (distribué par Intégral)
Année après année, Jean Cras (1879-1932), qu’on connaît désormais mieux au travers des lettres que lui a adressées son maître et ami Henri Duparc, bénéficie d’une discographie toujours plus riche: après la parution de son opéra Polyphème chez Timpani puis de ses mélodies chez le même éditeur ainsi que chez Maguelone, voici une publication consacrée à sa musique (de chambre) avec harpe.
Sans aller jusqu’à prétendre qu’il a trouvé sa place au répertoire, le Quintette pour harpe, flûte et trio à cordes (1928), qui met la flûte au moins autant en valeur que la harpe, ne constitue pas une révélation, mais on en tient ici une version éminemment recommandable, limpide et jubilatoire. Il fait partie de ces œuvres suscitées entre 1924 et 1938 par le Quintette instrumental de Paris, formé à l’initiative du harpiste Pierre Jamet (1893-1991): on pense d’ailleurs parfois ici à la Sérénade écrite trois ans plus tôt par Roussel, marin comme le contre-amiral Cras.
En quatre mouvements, la plus rare Suite en duo (1927) pour flûte et harpe (ou violon et piano) évoque de manière encore plus nette les voyages de l’officier de marine: l’Espagne, peut-être, dans le «Modéré», l’Afrique, certainement – comme Caplet au même moment dans son Epiphanie –, dans la mesure atypique de la «Danse à onze temps» finale. Si Fauré, Pierné et Roussel ont laissé chacun un Impromptu pour harpe, Cras a pour sa part écrit Deux Impromptus (1925) qui s’enchaînent et dont il existe par ailleurs une version pour piano: même si le compositeur brestois n’a évidemment ni l’ambition ni la modernité de Debussy ou Ravel, c’est un nouveau moment de bonheur que cette partition à découvrir, dont le charme paraît irrésistible.
Accompagné d’une courte notice (en anglais et en français), ce disque ne suscite qu’un seul regret, son minutage un peu chiche; s’agissant de la musique avec harpe, il fait certes le tour de la question, mais il aurait évidemment gagné à être complété, par exemple par le Trio à cordes, une autre importante œuvre de la maturité.
Simon Corley
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