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02/06/2011
Claude Le Jeune : Dix Pseaumes de David

Ludus Modalis: Nathalie Marec, Anne Dufresne (soprani), Jean-Christophe Clair (alto), Bruno Boterf (ténor, direction), Vincent Bouchot (ténor), Jean-Michel Durang, François Fauché (basses), Yannick Varlet (clavecin, orgue (bourdon 8’))
Enregistré en l’église de Chambray, Eure (août et octobre 2010) – 75’29
Ramée RAM 1005 (distribué par Harmonia mundi) – Notice en anglais, allemand et français d’Isabelle His et Jacques Feuillie, texte intégral des psaumes en français





Pour sa deuxième prestation bienvenue sous le label Ramée, l’ensemble vocal Ludus Modalis, formé en 2000 autour du ténor Bruno Boterf, choisit d’interpréter une œuvre relativement négligée : les Dix Pseaumes de David du compositeur franco-flamand Claude Le Jeune.


Publiés en 1564 à Paris, les Dix Pseaumes de David suivis d’un Dialogue à sept sur un texte de 1562 du théologien Théodore de Bèze – texte contemporain de sa traduction poétique des psaumes élus - étaient à la fois un manifeste de la religion réformée et la célébration de la fin des premières des guerres de religion. Le Dialogue, très engagé, fut sagement supprimé lors de la réédition de 1580, huit ans seulement après la Saint-Barthélémy. Les Pseaumes, alors seuls, répondaient à un besoin de psaumes chantés en français mais ne se destinaient pas au simple chant commun du culte, le style novateur, non strophique, et le raffinement élaboré du contrepoint étant d’une plus grande exigence musicale. Claude Le Jeune, huguenot, mit en musique plus de trois cents psaumes mais c’est à noter qu’il composa un dernier recueil de douze psaumes d’une même ambition musicale l’année de la publication de l’Edit de Nantes, en hommage à l’action pacificatrice du roi Henri IV.


Le choix de psaumes comme leur ordre suit les intentions du compositeur. Les cinq premiers (96, 102, 135, 88 et 57) enchaînent louanges à Dieu, suppliques, affliction et pénitence, les cinq derniers (98, 149, 93, 97 et 81) expriment l’espoir et la reconnaissance du fidèle, heureux dans sa foi. Le Jeune met en relief le sens intime des textes à l’aide de figuralisme, de rythmes qu’il marque plus ou moins et d’un renouvellement constant de timbres, de couleurs et de textures qu’il obtient par un traitement des quatre parties à trois jusqu’à sept voix, avec ou sans accompagnement d’orgue ou de clavecin. Une stricte organisation modale à cinq gammes sous leur formes authentes et plagales nuance les climats, le mode plus sombre de mi au centre de l’œuvre réservé à l’angoisse et à la pénitence, par exemple, le mode de fa ou de sol illuminant ensuite les grâces rendues à Dieu.


L’approche de Ludus Modalis est à la fois musicologique et esthétique. Respectueux des paramètres du chant polyphonique de cette époque jusqu’à la prononciation restituée, ils ne se permettent aucune attaque fantaisiste, aucun intervalle qui n’aurait la netteté requise. Le contrepoint en est limpide. Yannick Varlet emboîte le pas, son style plus moelleux néanmoins aussi rigoureux, ses deux instruments anciens réglés aux normes de ce XVIe siècle. Il en résulte une certaine austérité qui pourrait être raide ou glaciale mais qui est au contraire d’une pureté éthérée touchée par la sensibilité et la conviction des participants. Sans jamais recourir aux effets appuyés, par leur ferveur intériorisée ils animent les humeurs fugitives et changeantes recherchées par le compositeur, le choix précis parmi les interprètes de telle couleur vocale pour tel sous-ensemble toujours fait de manière à servir ses intentions. En tout cela, l’interprétation est parfaite. Une telle précision exige un enregistrement d’une bonne qualité sonore. C’est le cas, la résonance de l’église de Chambray, jamais réverbérée, prêtant au chant une ampleur heureuse.


L’édition est très soignée selon les bonnes habitudes du label Ramée. La notice hautement informative contient deux présentations indépendantes qui se complètent par leur éclairage différent. Il s’agit d’un des rares enregistrements monographiques de la musique de Claude Le Jeune et le seul disponible de cette œuvre. Sans aucun doute, les mélomanes l’estimeront à sa juste valeur.


Le site de Ludus Modalis


Christine Labroche

 

 

 

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