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01/28/2011
Johann Sebastian Bach : Les Six Sonates en trio, BWV 525 à 530 (transcrites pour deux pianos)
Claudine Orloff et Burkard Spinnler (pianos)
Enregistré au Conservatoire de Luxembourg (avril 2010) – 77’25
CD Fuga Libera FUG572 (distribué par Harmonia mundi)





Les transcriptions à deux pianos d’œuvres de Bach destinées à un tout autre effectif instrumental, de l’orgue au petit orchestre, aussi bizarres qu’elles puissent paraître aujourd’hui, ont été très nombreuses au XIXe siècle et on en retrouve aujourd’hui un certain nombre sur disque voire rééditées sur partitions papier. Un des meilleurs exemples du genre : la réduction pour deux pianistes des Concertos Brandebourgeois par Max Reger, arrangement touffu dont on peut cependant tirer des résultats d’un allant et d’une vivacité étonnants, comme l’a prouvé il y a quelques années le brillant enregistrement de Sontraud Speidel et Evelinde Trenkner publié par MDG.


Avec les Sonates en trio le défi de la restitution des couleurs est encore plus grand, puisqu’il s’agit de dégager la lisibilité d’une écriture essentiellement polyphonique, ce que permet facilement l’orgue mais qui n’est pas une affaire simple avec deux pianos. L’homogénéité des timbres paraît en définitive encore plus globale sur deux claviers que lorsqu’on a affaire à un seul pianiste, qui peut timbrer chaque voix de façon plus subtile. Ici on appréhende l’écriture davantage par blocs sonores ce qui nous amène vite très loin d’un Bach crédible. On apprécie la motorique des doigts, les oppositions de dynamique et les effets de dialogue, mais on navigue continuellement dans une certaine forme d’abstraction, non dénuée de charme d’ailleurs. Les arrangeurs en présence : Ferdinand Thieriot, Victor Babin, Isidor Philipp, Hermann Keller, noms un peu oubliés de fins pédagogues et techniciens du piano, sont de toute façon garants d’une belle solidité d’écriture à deux claviers. Mais reste ensuite aux interprètes la tâche difficile de nous convaincre du bien fondé de l’entreprise.


Claudine Orloff et Burkard Spinnler ont investi beaucoup de travail et d’énergie dans cette exécution impeccable aux rouages parfaitement huilés, mais ne peuvent quand même pas éviter qu’ici ou là on s’ennuie un peu (les huit minutes de l’Adagio médian de la Sonate BWV 525 !). Les mouvements qui passent le mieux restent les allegros les plus vifs, enlevés à folle allure comme d’improbable concertos italiens passés à la moulinette d’une abstraction digitale qui donne des sensations de vertige en définitive pas du tout désagréables.


On déconseille l’écoute d’un tel programme en continu. Mais à petites doses, sonate par sonate, pourquoi pas… Cela dit, rien de tel ensuite qu’une belle interprétation à l’orgue ou par un petit ensemble de chambre (Martin Gester ou Robert King) pour nous rappeler l’importance de la notion de couleur instrumentale dans ces Sonates, ici complètement marginalisée. Petit supplément à l’issue du programme : une réduction tintinnabulante et étale de l’aria “Schafe können sicher weiden” de la Cantate BWV 208, doucement relaxante comme une musique d’ameublement de Satie. Là encore une curiosité !


Laurent Barthel

 

 

 

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