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01/09/2011 Henri Vieuxtemps: Concertos pour violon n°1, opus 10, n°2, opus 19, n°3, opus 25, n°4, opus 31, n°5, opus 37, n°6, opus 47 et n°7, opus 49 Hrachya Avanesyan, Nikita Boriso-Glebsky, Jolente De Maeyer, Lorenzo Gatto, Yossif Ivanov, Harriet Langley, Vineta Sareika (violon), Orchestre philharmonique royal de Liège, Patrick Davin (direction)
Enregistré à la Salle philharmonique de Liège (juillet 2010) – 189’31
Coffret de 3 CD Fuga Libera FUG575 (distribué par Outhere)
La Chapelle musicale Reine Elisabeth bénéficie de sa propre série de disques chez Fuga Libera. La dernière publication en date réunit l’intégrale des Concertos pour violon de Vieuxtemps (1820-1881). Des sept – le Huitième, prévu pour Ysaÿe, est inachevé –, seuls les Quatrième et Cinquième jouissent d’une relative popularité. Agrémentée d’une copieuse et instructive notice de Michel Stockhem (en français, néerlandais et anglais), cette publication permet de découvrir les cinq autres, qui le méritent, même s’il appartient à chacun de manifester une préférence pour l’un ou l’autre. L’originalité réside dans le partage des Concertos entre sept violonistes, tous actuels ou anciens pensionnaires de la Chapelle et placés sous la supervision artistique d’Augustin Dumay, maître en résidence et représentant de l’école franco-belge du violon. Un argument commercial comme un autre, certes, surtout que ces jeunes gens ne jouissent pas tous de la même notoriété, mais avant tout une garantie de justesse et d’homogénéité stylistique. Autre gage de qualité, le concours de l’Orchestre philharmonique royal de Liège qui, sous la direction de Patrick Davin, participe pour beaucoup à l’attrait de cette prestigieuse carte de visite: accompagnement dégraissé, assuré, net, souple, vigoureux, les adjectifs ne viennent pas à manquer. La formation, société royale depuis l’année passée, s’épanouit dans cette musique qui gagne à être considérée avec un tel égard.
Les solistes partagent bien des points communs – phrasé, articulation, intonation au-dessus de tout soupçon – mais certains se distinguent tout particulièrement, à commencer par le Belge Lorenzo Gatto qui prouve dans le Quatrième Concerto (1849) à quel point il évolue avec aisance et naturel dans ce répertoire virtuose et brillant du XIXe siècle; il a d’ailleurs choisi le Premier Concerto de Paganini lors de sa prestation en finale du Concours Reine Elisabeth de 2009 dont il a remporté le deuxième prix. Autre titulaire du deuxième prix, mais en 2006 cette fois, Yossif Ivanov, de nationalité belge également, exécute avec autorité et une tenue d’archet impeccable le Cinquième Concerto (1860). Vainqueur au Concours Vieuxtemps (qui se tient tous les quatre ans à Verviers, ville natale du compositeur), Hrachya Avanesyan témoigne de sa verve coutumière dans le fort paganinien Deuxième Concerto (1836, en réalité le premier composé) dont il s’attache à souligner le lyrisme. Moins transcendants mais tout de même admirables, Nikita Boriso-Glebsky (premier prix au Concours Fritz Kreisler l’année dernière) se charge du Troisième (1844) et Vineta Sareika du Premier (1838-1839). Malgré les longueurs de la partition (le premier mouvement dure autant que le Cinquième Concerto), la jeune femme conserve sa prestance, son panache et la finesse de sa sonorité. Interprétés avec probité et une maîtrise instrumentale considérable par, respectivement, Jolente De Maeyer et Harriet Langley (la plus jeune des sept), les Sixième et Septième Concertos, composés coup sur coup en Algérie en 1880 et 1881, se caractérisent par des couleurs plus sombres et une virtuosité moins tape-à-l’œil.
Voici une nouveauté appelée à faire date, même s’il ne s’agit pas de la première intégrale discographique de ce corpus, et un des fleurons du catalogue de ce label belge qui ferait bien d’enregistrer d’autres œuvres de Vieuxtemps dont les Quatuors à cordes, par exemple.
Le site de la Chapelle musicale Reine Elisabeth
Sébastien Foucart
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